La Cotellerie Le Sanctuaire Notre-Dame de la Délivrance( Issia): de la Mayenne en Côte d’Ivoire, vice versa

Mère Marie de La Croix – 1939

Je ne peux pas parler du Sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrance, à Issia, en Côte d’Ivoire, qui est devenu un sanctuaire international, sans parler de Mère Marie de la Croix, une religieuse stigmatisée qui est fondatrice des Petites Sœurs de Marie, Mère du Rédempteur.

C’était au mois de juillet, en 1974. Je venais faire une visite au Prieuré de La Cotellerie et j’ai demandé au jeune aspirant Hubert, qui me renseignait sur La Cotellerie, quelle était le fondateur de cette communauté. Il m’a répondu : « Une religieuse stigmatisée, Mère Marie de la Croix ». Je lui demandais : « Où habite-t-elle ? » Il me dit : « À Saint-Aignan-sur-Roë ». J’ai eu alors un vif désir de la voir et je suis parti la rencontrer à Saint-Aignan.

La rencontre avec elle m’a beaucoup touché. En 1978, je lui ai fait une nouvelle visite. C’est à ce moment-là qu’elle m’a dit : « Le Seigneur a un projet sur vous », mais elle ne m’a donné aucune explication. En 1984, je participais à Lourdes à une retraite pour prêtres, et là j’ai éprouvé un fort désir de placer une statue de la Vierge sur la colline dominant Issia, ville dont j’étais curé. À mon retour en Côte d’Ivoire, j’en ai fait part à mon évêque, Mgr Pierre-Marie Coty, évêque de Daloa, qui me dit : « Voici deux ans et demi que je cherche une colline pour en faire un sanctuaire marial diocésain. J’irai voir ». Peu de temps après, il arrive à Issia et m’invite à monter avec lui sur la colline. Et là-haut, il me dit : « Ici sera le sanctuaire marial diocésain ». Quinze jours plus tard, il revient à Issia, m’invite de nouveau à monter avec lui sur la colline et, là-haut, il me demande : « Quel nom as-tu choisi pour cette Vierge ? » J’avais pensé à Notre-Dame de Lourdes, mais, subitement, je ne savais plus. Sitôt son départ, je prie et demande à la Vierge quel nom elle veut pour son sanctuaire. À la fin de la prière, je me sens poussé à ouvrir ma Bible et je tombe sur Zacharie, Chapitre XII, versets 8 et suivants. Je m’arrête au verset 10 : « Je répandrai sur la Maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bonté et de supplication. Alors, ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé ». Cela me fait trouver le nom de Notre-Dame de la Délivrance.

Statue Notre Dame de la Délivrance

Encore quinze jours plus tard, notre évêque revient à Issia et m’invite à monter avec lui sur la colline. Et là, de nouveau, il me demande : « Quel nom as-tu choisi pour cette Vierge ? » Je lui réponds : « Notre-Dame de la Délivrance ». Il me dit : « C’est bien Notre-Dame de la Délivrance ? – Oui, Monseigneur ! » Alors, il reprend, avec son autorité d’évêque : « Ce sera Notre-Dame de la Délivrance ».

         Lors de mes congés, je rencontrais chaque fois Mère Marie de la Croix qui me donnait des prophéties sur ce sanctuaire. Elle m’a dit : « Les pèlerinages commenceront petitement, mais iront toujours en grandissant ». Une autre fois : « Quand la statue sera en place, les merveilles commenceront ». Une autre fois encore : « Je vous offre mon vendredi », qui était le jour de sa passion, où elle souffrait les souffrances de Jésus. Une autre fois, elle m’a écrit : « Grande union de prière et de sacrifice ». En 1996, lors de ma dernière visite, les yeux tournés vers le plafond de sa chambre, elle voyait les grâces qui allaient découler de ce sanctuaire ; elle s’est écriée : « Que c’est beau, que c’est beau ! Que de grâces, que de grâces ! Les pauvres pauvres recevront beaucoup de grâces. C’est une chance pour l’avenir ».

Le Père Tardif, lui, en 1977, a fait une prophétie lorsqu’il est venu à issia : « Je veux creuser ici une source vive où mon peuple se désaltérera ». En 1978, on a trouvé la source et, le 2 février, les puisatiers sont tombés sur cette source qui m’ont dit : « L’eau coule comme l’eau qui sort d’un robinet ». Heureuse coïncidence, car le 2 février, c’est la fête patronale de la Communauté de Mère Marie de la Croix.     

     Les pèlerinages ont commencé en 1990, au jour de la fête du Sacré-Cœur. Ce jour-là, le pèlerinage était présidé par notre évêque, Mgr Pierre-Marie Coty. L’année suivante, le pèlerinage était reporté au dimanche de la Miséricorde ; le prédicateur était le Père Halter, mariste. C’est là que les miracles ont commencé, et c’est à partir de ce jour-là qu’on a découvert que l’eau du puits du sanctuaire était miraculeuse, les catéchistes ayant porté de cette eau à un enfant mourant, celui-ci a guéri en peu de temps. Depuis ce jour, les gens emportent cette eau en abondance et des miracles se réalisent par cette eau bue avec foi. Par exemple, un petit enfant guéri du cancer.

En 1992, c’est la Communauté des Béatitudes qui devient responsable du sanctuaire. Au dimanche de la Miséricorde, elle ajoute comme pèlerinage celui de la Pentecôte et celui du 15 août. Plus tard, le diocèse y ajoutera le deuxième dimanche de Carême. À chaque pèlerinage, à la fin de la messe, le soleil se met à danser et colore les gens en orange. Une année, le 15 août, ce fut en bleu. Les guérisons et les conversions y sont tellement nombreuses que, maintenant, les gens viennent de tous les pays francophones de l’Afrique. Le 15 août 2019, les pèlerins étaient plus de cinquante mille.

         Le 28 février 2010, 1087 enfants du diocèse de Daloa qui avaient passé toute la nuit en chants, prières, adoration, sketches, sitôt la messe, ont vu comme tout le monde le soleil danser, mais beaucoup ont vu plus : le soleil s’est coupé en deux et la Vierge est sortie du soleil, portant l’Enfant-Jésus sur son bras. Elle est descendue sur la colline, les a salués de sa main et leur a souri, mais elle ne leur a rien dit. Ce sont surtout les enfants de dix ans et au-dessous qui l’ont vue, mais pas tous. Beaucoup moins entre dix et quatorze ans. Mais tous ceux qui ont demandé une grâce l’ont obtenue.

En 2016, après la messe, les gens ont vu une main mystérieuse qui, au-dessus de la Vierge, tenait un chapelet. En 2017, la veille du 15 août, à la nuit tombée, pendant dix minutes, une banderole dorée, avec douze étoiles encore plus brillantes, a passé et repassé devant la statue de la Vierge. Pour moi, c’est le symbole de la Vierge de l’Apocalypse. Et en 2018, le deuxième dimanche du Carême, après la messe du pèlerinage célébrée de bonne heure le matin, ceux qui étaient restés sur le sanctuaire ont vu dans le ciel la Vierge drapée du soleil. Cela a duré peu de temps et un nuage est venu la recouvrir.

         Les grâces sont nombreuses et de tout genre. Les femmes, qui ne peuvent pas enfanter, reviennent, l’année suivante, avec un enfant dans les bras, pour dire merci à la Vierge. Les guérisons du cœur, du sida, des problèmes de reins non opérables, du cancer, etc., sont nombreuses. Et beaucoup de gens se confessent et retrouvent la foi, pour ceux qui l’ont perdue. Désormais, ce sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrance est devenu un lieu d’action de grâce.

Père Paul Pageaud, S.M.A.

Recherche photos, Amélie de Grandmaison