11e DIMANCHE Du Temps Ordinaire 2023 (A)
18 juin 2023
- Frère Philippe-Marie VAGANAY
INTRODUCTION à la célébration : Si le Père nous appelle à la tâche des apôtres, si l’Eglise nous appelle à répandre l’Evangile, eh bien, nous célébrons cette messe en communion avec celle qui va être célébrée à Perpignan cet après-midi, voilà, où nous allons confier notre ancien évêque à ce nouveau diocèse dont il devient le pasteur.
Et puis, nous prions pour notre nonce apostolique, pour notre Saint Père, pour le discernement qu’ils ont à faire pour notre diocèse de Laval, afin qu’un bon pasteur soit envoyé pour notre diocèse.
Mais, de par notre Baptême, chacun d’entre nous est envoyé pour témoigner de l’Evangile. Voilà, peut-être que nous n’en prenons pas suffisamment conscience, notre Baptême fait de nous des témoins, fait de nous des missionnaires. Est-ce que nous le vivons vraiment ?
Alors, au moment de célébrer le mystère de l’Eucharistie, hé bien reconnaissons que nous avons péché.
HOMÉLIE : « Voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles ». Voyant les foules, les yeux de Jésus, le regard de Jésus…
Il y a bien des manières de regarder. Jésus sait regarder. Nous, bien souvent, nous avons des yeux mais nous ne voyons pas, nous avons des oreilles mais nous n’entendons pas, et nous ne nous rappelons pas comme le reproche Jésus à ses apôtres (cf Marc 8, 18).
Jésus, Lui, sait voir, et ce qu’Il voit le saisit de compassion, ces foules désemparées et abattues, des gens à plat, n’en pouvant plus, une immense lassitude, un dégoût profond devant l’absurdité d’une vie qui n’a pas de sens.
Mais pourquoi la vie n’a-t-elle pas de sens ? « Parce qu’elles étaient comme des brebis sans berger ». C’est le berger qui donne sens, c’est lui qui sait où conduire les brebis, mais quand elles n’ont plus de berger, où peuvent-elles donc bien aller ?
Notre génération n’est-elle pas comme des brebis sans berger elle aussi ? Regardez comment beaucoup ont vécu la crise du Covid, et comment beaucoup se sont retrouvés à la sortie de cette crise, désemparés, abattus, sans dynamisme, dans la peur.
Qui sont les bergers d’aujourd’hui, ceux que suivent les foules ? Les faiseurs d’opinion du journal de 20 heures ! Ceux pour qui ce qui était faux hier devient vrai aujourd’hui, ceux pour qui ce qui était mauvais hier devient bon et même normatif aujourd’hui. Oui les foules et parmi elles bien des baptisés ont abandonné le Bon Berger pour se mettre à la remorque de mercenaires. Notre Berger est le chemin, la vérité et la vie. Qui le suit trouve la vie véritable et n’a rien à craindre des loups voraces.
Jésus sait regarder, mais comme nous ne savons pas regarder, le Seigneur attire notre attention : « Vous avez vu, vous avez vu ce que j’ai fait à l’Egypte, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi ».
Le Seigneur invite le peuple, son peuple, à faire la relecture de ce qu’il vient de vivre. Le peuple vient d’arriver au Sinaï, la montagne de Dieu, après avoir traversé la Mer Rouge à pieds secs. Le peuple a vu l’armée de pharaon engloutie dans la mer. Cette libération et tous les évènements, tous les signes qui l’ont permise étaient humainement impossibles. Seule la puissance de l’amour de Dieu qui sauve a permis cela. Dieu a agi avec puissance comme l’aigle qui a la puissance d’élever dans le ciel les proies les plus lourdes. Dieu a libéré son peuple de toutes les oppressions pour l’amener jusqu’à Lui. Voilà le but de notre vie, c’est Dieu Lui-même, Dieu avec nous. C’est Lui qui donne sens à notre vie, et qui met tout en œuvre pour nous sauver, pour nous libérer.
Remarquez que cet aigle du Livre de l’Exode réapparaitra dans le dernier Livre de la Bible, l’Apocalypse, au chapitre douzième à propos de la femme. Le dragon se lançant à sa poursuite, la femme reçoit les deux ailes du grand aigle pour voler au désert, jusqu’au refuge, loin du serpent. Ce refuge dans le désert, c’est le Sinaï, c’est la montagne de Dieu. Ce refuge, c’est Dieu lui-même qui arrache la femme, c’est-à-dire la Vierge Marie, l’Eglise, à la rage destructrice de l’Ennemi.
Et ce qui est évoqué de manière symbolique et imagée dans les Livres de l’Exode et de l’Apocalypse, nous est rappelé d’une manière réaliste par St Paul. Et, là encore il nous invite à bien regarder. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ est mort pour les impies que nous étions. La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous alors que nous étions encore pécheurs, ses ennemis. Nous étions les ennemis de Dieu et Il nous a sauvés, et Il nous a pardonné.
Le véritable salut c’est Jésus qui nous l’obtient par sa passion, et cette passion nous est rendue présente en mystère dans la célébration de l’Eucharistie, de chaque Eucharistie.
Et si le Seigneur nous appelle à bien regarder, ce n’est pas pour que nous restions passifs comme lorsque nous consultons notre Smartphone ou notre tablette, au contraire, c’est pour que nous passions à l’action, et c’est pour maintenant.
« Maintenant donc, si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples ».
Il nous est demandé de bien regarder ce que le Seigneur a fait pour nous pour écouter désormais, écouter sa voix. Le drame de l’humanité ça a été d’écouter la voix du serpent qui a mis l’humanité à mort et l’a rendue esclave.
Si nous écoutons désormais la voix de Dieu manifestée en Jésus Christ, nous serons libérés et nous trouverons la vie, la vraie vie.
Ecoutez sa voix, gardez son alliance, c’est-à-dire demeurez en relation avec Lui dans la solidité du lien de l’amour. Garder son alliance, c’est cultiver un cœur à cœur avec Lui, et Jésus nous invite à prier dans notre Evangile.
Voilà ce que le Seigneur attend de nous maintenant, pas pour demain, maintenant.
Alors Il nous fait une promesse merveilleuse : Vous serez mon domaine particulier, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte.
Je ne vais pas prolonger, je demande à l’Esprit-Saint, eh bien, de vous montrer ce que veut dire être « son peuple particulier », être « un royaume de prêtres », être « une nation sainte ».
Que le Seigneur nous donne la grâce de savoir regarder, de savoir écouter sa voix, et de garder son alliance. AMEN.