20e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023
20 août 2023
- Frère Marie-Jean BONNET
INTRODUCTION : FRERE MARIE-JEAN
Bienvenue au Père Joël-Marie Ferrand, du diocèse de Perpignan, ça nous parle un peu plus aujourd’hui. Il pourra donner des nouvelles de la santé spirituelle de la Mayenne à notre cher Père Scherrer.
Bienvenue aussi au Père François Scheffer du diocèse de Paris, voilà, qui, avec son équipe pastorale, va préparer ces jours-ci la rentrée. Il est recteur de la chapelle Notre Dame du Lys à Paris XVème.
Dieu nous a tous appelés, tous embauchés pour son Royaume, pour la même espérance, la même sainteté. Les lectures de ce jour nous appellent à élargir notre cœur aux dimensions du cœur de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés.
Entrons dans cette Eucharistie en reconnaissant toutes nos étroitesses, toutes nos fermetures. Demandons cette miséricorde qui nous nous sauve.
HOMELIE : FRERE MARIE-JEAN
Les hirondelles se joignent à notre louange. Elles ont été créées pour ça d’ailleurs.
Les Mayennais qui sont ici, et sans doute les plus nombreux, ont certainement entendu parler de ce drame, de ce jeune de 14 ans, Gabin, qui a été percuté par une voiture et qui est mort des suites de cet accident. Drame pour une famille parente de Ragaleux, parente de la famille Roueil, que nous connaissons bien, des voisins. C’est l’occasion effectivement de prier et pour Gabin et pour sa famille.Quand arrive ainsi un drame dans une famille, c’est non seulement les proches qui sont touchés, mais c’est toute la famille, les oncles, les tantes, les cousins, et même chacun d’entre nous. Ça ne peut pas nous laisser indifférents de connaitre, d’entendre parler de la souffrance d’une famille éprouvée de cette manière. Nous portons donc Gabin et toute sa famille dans notre prière.
Et si je rappelle cela, c’est parce que, le cœur de Dieu lui aussi est touché lorsque l’un de ses enfants s’égare, se fait du mal. Dieu n’a pas fait la mort, nous dit la Parole de Dieu. Il ne se réjouit pas de voir mourir des êtres vivants. Il a créé toute chose pour qu’elles subsistent. Voilà ce que nous affirme la Parole de Dieu au Livre de la Sagesse.
Alors, justement, le cœur de Dieu nous dit aujourd’hui, à travers les lectures de sa Parole, qui se déclinent sous quatre aspects, et les quatre aspects aujourd’hui se rejoignent, ce qui n’est pas toujours très fréquent. Ces quatre lectures d’aujourd’hui nous disent que Dieu, notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés. Qu’est-ce qu’être sauvés, sinon vivre de la vie éternelle ? Être vivants de cette vie éternelle, qui est la vie même de Dieu pour laquelle nous avons été créés ? Dieu veut que tous les hommes, tous les hommes soient sauvés, et parviennent à connaitre la vérité. Cette affirmation de saint Paul à son disciple Timothée est aussi le message, oui, que nous adresse le Seigneur dans les lectures de ce jour. Je me répète, pardon.
L’auteur du 3ème livre d’Isaïe que nous avons entendu en première lecture, contemporain du retour de l’exil à Babylone, annonce de la part du Seigneur que sa Maison s’appellera « Maison de prières pour tous les peuples ». Cette maison qui rassemble tous les peuples, dans une prière unanime, nous la reconnaissons dans l’Église catholique, – c’est ce qui veut dire universelle – que Jésus continue de bâtir, sur l’apôtre Pierre et ses successeurs.
Le psalmiste à son tour appelle la bénédiction de Dieu sur son peuple, peuple de la première Alliance, et sur tous les peuples. Que Dieu nous bénisse, nous bénisse. C’est un psalmiste qui s’adresse, c’étaient même les prêtres qui disaient cette prière : « Que Dieu nous bénisse, et que la terre toute entière l’adore. »
Je me souviens avoir été frappé par les paroles de ce psaume, notamment celles-ci : « Dieu, que les peuples T’acclament, qu’ils T’acclament tous ensemble ! » Ah oui, quel bonheur, quel souhait, quel désir. Mais c’est déjà commencé ! Oui, j’ai été frappé en lisant, en priant ces paroles le 1er mai 2011, en revenant de la béatification du Pape Jean-Paul II, à Rome, que j’ai eu la joie de vivre. Je me disais que cette parole, effectivement, ce vœu du psalmiste avait commencé à se réaliser.
Et comment ne pas la voir réalisée, également, cette même parole dans ces Journées Mondiales de la Jeunesse que viennent de vivre beaucoup un million, plus d’un million sans doute, de jeunes autour du Pape François. Journées Mondiales que justement saint Jean-Paul II a eu la sagesse et l’audace de mettre en œuvre. Tous ceux qui ont la joie d’y participer, le bonheur, sont touchés de sentir l’Église universelle qui bat, le cœur de l’Église universelle qui bat d’une manière plus tangible dans ces moments-là. Oui, Dieu est en train de réaliser ce qu’Il a annoncé dans sa Parole.
Dans l’Évangile, c’est une païenne qui reçoit de Jésus, non seulement l’exaucement de sa prière, mais son émerveillement et sa louange, pour la grandeur de sa foi. Et du reste, avec le centurion romain, un païen lui aussi, ce sont les deux personnes qui reçoivent les plus grandes louanges de Jésus pour leur foi. Ce n’est peut-être pas par hasard.
Dans le passage de la lettre aux Romains, qui pourrait être mal interprété, parce que saint Paul, comme il arrive de temps en temps dans ses lettres, a un style un petit peu curieux, compliqué pour notre mentalité à nous. Mais saint Paul fait une lecture du dessein de Dieu sur tous les hommes, juifs et païens, lecture tirée de son expérience de son annonce de l’Évangile aux Juifs et aux païens. Et je lis ce commentaire que je trouve pertinent : « Si saint Paul a évangélisé les païens, c’est en fait parce que les Juifs, dans leur majorité, ont refusé l’Évangile qu’il annonçait, qu’il leur annonçait. »
Les Actes des apôtres rapportent les paroles adressées, par Paul et Barnabé, aux Juifs d’Antioche, de Pisidie. Citation : « C’est à vous d’abord, Juifs, mes frères de race, que devait être adressée la Parole de Dieu. Puisque vous la repoussez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les païens. »
Et le même scénario se reproduira à Corinthe et à Éphèse. Voilà pourquoi saint Paul déclare, dans cette lettre aux Romains, que nous avons entendue : maintenant, à cause du refus du peuple juif, les fils d’Israël, vous avez obtenu miséricorde.
De fait Israël, peuple choisi pour être témoin du Dieu unique et missionnaire auprès de toutes les autres nations, n’a pas reconnu, hélas, son Messie sauveur jusqu’à ce jour. Alors la bonne nouvelle du Salut, par les messagers de l’Évangile, a été offerte et continue d’être offerte directement aux nations. Cependant, Israël n’est pas rejeté pour autant, parce que la miséricorde de Dieu s’étend à tous les hommes, encore une fois. Israël n’est pas rejeté pour autant, et obtiendra lui aussi miséricorde en son temps. C’est ce que dit, ce qu’annonce saint Paul, ici, dans cette lettre aux Romains, et ce que chantait déjà Marie dans son Magnificat : « Le Seigneur relève Israël son serviteur. »
Ainsi, quels que soient les obstacles qu’y mettent les hommes, et Dieu sait s’il y en a aujourd’hui, quels que soient les obstacles qu’y mettent les hommes, le dessein de Salut de Dieu ne sera jamais mis en échec ! Ah, il faut le graver dans son cœur. Oui, le monde va mal. Oui, il y a plein d’obstacles. Les hommes refusent le plan de Dieu, mais le Bon Dieu est le plus fort, son dessein de Salut ne sera jamais mis en échec.
C’est ce que nous dit d’ailleurs encore un autre psaume, le psaume 116 : « Son amour envers nous se montre le plus fort. » « Dieu est le plus fort », nous a seriné aussi le Pape François plusieurs fois. Mais oui, Dieu est le plus fort, n’ayons pas peur. Bien sûr qu’il ne s’agit pas d’être naïfs, de fermer les yeux. Il s’agit aussi de dénoncer le mal et surtout les grands maux, là où ils sont, certes. Mais il faut que l’espérance soit encore plus forte, dans notre cœur, que tout ce mal, sinon nous ne sommes pas vraiment chrétiens.
Oui, cette lecture de l’histoire du Salut, que fait St Paul, dans la lumière de la foi, nous appelle, nous aussi, aujourd’hui, à espérer contre toute espérance, contre tout ce qui parait contraire à l’espérance, pour reprendre les mots de la lettre aux Hébreux, à propos de la foi d’Abraham, immense elle aussi.
Cultiver un regard d’espérance, oui, sur le peuple juif. Même s’il est douloureux aujourd’hui, comme hier ça l’était encore particulièrement pour Paul qui était de leur race. Bien sûr, c’était une écharde dans sa chair que de voir son peuple avoir refusé son Messie. Mais il nous faut cultiver, choisir, demander un regard d’espérance sur le peuple juif, sur les croyants de l’Islam aussi, et sur notre monde tout entier.
« Ton chemin, Seigneur », nous dit encore ce psaume 66, que nous avons chanté, « sera connu sur la terre. Ton chemin Seigneur sera connu sur la terre, ton Salut parmi toutes les nations. » Est-ce que ces paroles sont pour nous utopie, un beau poème qu’on écoute ? Ou est-ce que nous y croyons vraiment ? Il faut que la Parole de Dieu suscite notre adhésion. Même si ce n’est pas facile de croire, c’est vrai on a l’impression qu’il y a tant de choses qui vont de travers et qui sont tragiques, oui. Et pourtant la Parole de Dieu nous est donnée, notre manne quotidienne, ou au moins dominicale, pour nourrir, réveiller notre foi, notre espérance.
Oui, est-ce que c’est pour nous utopie ces paroles : « Ton chemin sera connu sur la terre, ton Salut parmi toutes les nations » ? Est-ce que nous y croyons vraiment ?
Y croire vraiment, cela change tout, cela nous guérit des lamentations sans fin. Oh oui, il y a mille raisons de se lamenter, mais il y en a bien plus d’espérer et de cultiver l’espérance, pour pouvoir l’offrir aux autres. Car si nous, Chrétiens, nous ne sommes pas habités à plein bord par l’espérance, qui l’aura ? A nous de la cultiver !
Pardonnez-moi Père François de vous citer, mais comme vous nous le disiez hier : « Dieu est toujours à l’œuvre, pour nous offrir son Royaume. Dieu est toujours à l’œuvre pour bénir et sauver tous les hommes de bonne volonté. Mais, il dépend de nous, de chacun, d’accueillir sans cesse cette bénédiction de Dieu, cette présence agissante de Dieu, d’en vivre et d’en témoigner. Et on ne peut témoigner que si l’on en vit, si on y croit, si on l’accueille dans les petites choses, comme dans les grandes, dans le quotidien. »
Cette réception de la bénédiction de Dieu est exprimée, et signifiée par les « Amen » qui ponctuent la prière liturgique : « Que Dieu tout puissant vous bénisse, le Père, le Fils, le Saint Esprit. Amen » C’est important de dire et d’habiter nos « Amen ». Ça ponctue toute la liturgie. Amen ça veut dire « j’y crois, c’est du solide, c’est d’accord ». C’est important et c’est particulièrement important parce qu’on communie.
Je me répète, je sais, mais ce n’est pas grave parce qu’il y a besoin. Le Corps du Christ, acte de foi du prêtre « Ceci est le Corps du Christ ». Aux fidèles à chacun de vous, de nous, de dire « Amen », avec conviction, avec foi ! Ça fait du bien au prêtre quand il entend, d’abord, qu’on fait un beau geste quel qu’il soit, qui exprime notre adoration, notre admiration, mais aussi « amen », c’est un acte de foi. Que ça fait du bien, quand on voit une personne qui s’approche, qui a l’air heureuse de recevoir son Dieu, qui a l’air heureuse.
C’est la bénédiction des bénédictions la Communion ! On reçoit Dieu, quel bonheur, quelle miséricorde ! Ça devrait nous transfigurer tout entier, y compris notre visage. Et puis ce « Amen » dit avec confiance. J’ai un plaisir fou, quand j’entends un « Amen », j’allais dire retentissant, en tous cas convaincu. Oui, amen ! Merci Seigneur !
Voilà, qu’il en soit ainsi !
AMEN