33e Dimanche du Temps Ordinaire B 17 novembre 2024
17 novembre 2024
- Frère Omer COULIBALY
Accueil :
Bienvenue à vous pour cette célébration dominicale, tout particulièrement à la Compagnie des Guides d’Europe, de Laval. Nous sommes heureux de célébrer cette Eucharistie avec vous.
Le 33ème dimanche du Temps Ordinaire nous ouvre à deux moments importants de notre vie liturgique. Le premier moment, c’est le dimanche prochain où nous allons fêter le Christ-Roi de l’Univers, l’unique, celui dans lequel le Père a remis toute la Création, afin que tout soit récapitulé en lui. Et le deuxième moment, c’est le dimanche d’après, celui qui nous ouvre au temps de l’Avent, c’est-à-dire le premier jour de l’année liturgique.
Entre ces deux fêtes, il est bien que nous puissions faire un bilan, un bilan de cette année écoulée, où à la fois nous pouvons rendre grâce à Dieu, pour tout ce que nous avons pu vivre de beau, de bon et de vrai, durant l’année écoulée. C’est aussi l’occasion de présenter à Dieu toutes ces imperfections, tous ces manquements qui ont blessé son amour et blessé notre amour.
Homélie :
Est-ce que vous allez bien ce matin ? Vous qui avez dormi sous la tente, ça a été ? Sûr ? Vous n’avez pas eu trop froid ? Moyen. C’est normal, quand on veut être scouts, on se prépare à vivre des moments un peu plus difficiles.
Si vous êtes heureux ce matin, je me réjouis pour vous, parce que les lectures de ce jour, ouah ! On commence par dire : il y a des effets spéciaux. Ça sera terrible, il y aura du feu. Il y aura le soleil qui va s’obscurcir. La lune ne va plus donner de son éclat. Les étoiles vont tomber sur la terre – au secours notre tête – et les puissances célestes, elles-mêmes, en seront ébranlées.
Et nous, ce matin, on dit : « tout va bien ». Ce n’est pas mal ! Si nous nous arrêtons à ces effets terrifiants qui annoncent, ce qu’on appelle de manière technique, l’eschatologie, c’est-à-dire la fin du monde, avec le jugement dernier, on peut prendre peur, même avoir peur de notre propre ombre.
Les jeunes d’aujourd’hui, c’est un peu d’actualité, on trouve ça sur internet, dans la télévision, des ouvrages qui sortent, on parle beaucoup d’apocalypse. C’est ça, vous avez entendu parler de ce gros mot là ou pas ? Oui, hein. Et l’apocalypse, quand je demande à un jeune : « C’est quoi l’Apocalypse ? » « Oh, la, la, c’est là le jugement dernier. C’est là où on sera tous trucidés. C’est là où on va tous mourir. C’est, oh, la, la, la terre, même l’espace vont faire boum. »
Ça, c’est une définition moderne. Mais la définition d’origine du mot « apocalypse » veut dire révélation, dévoilement, manifestation de la présence de Dieu. Et lorsque nous regardons d’un peu plus près la première lecture, comme l’Évangile de ce jour, on nous montre cette dimension de l’Apocalypse qui est comme dévoilement, révélation.
On nous dit, les intelligences vont atteindre leur perfection. Ceux qui agissent avec justice vont atteindre la perfection. Et le Christ, lui-même, dit… Plutôt, dans la deuxième lecture, il nous est dit : « Tous seront menés à la perfection, ceux qui sont sanctifiés. » Et le Christ dit : « Vous, observez, observez comme le figuier, quand ses branches commencent à être tendre, on sait que ses feuilles vont sortir, c’est l’été, ce sont les beaux jours qui arrivent. »
Nous nous rendons compte que « fin du monde » ne rime pas forcément avec « catastrophe », mais, bien au contraire, rime avec rencontre, la rencontre avec le Créateur qui nous a créés par amour, dans l’Amour.
Prenons une petite comparaison, pas comme Jésus, mais quoique… Si on pose aux parents la question : « Est-ce que vous aimez vos enfants ? » La réponse serait : « Evidemment que oui, même s’ils ont fait de grosses bêtises, ils demeurent toujours nos enfants, et on les aime. »
A plus forte raison, Dieu qui nous a créés et qui nous aime infiniment plus grand, plus profond que nos parents. Pensez-vous que ce Dieu voudrait qu’on ait peur, qu’on souffre, qu’on soit maltraités avec toutes ces catastrophes qui ont été annoncées tant dans la première lecture, comme dans l’Évangile ? La question qui nous est posée aujourd’hui, n’est pas : quand ce jour arrivera ? Parce que ce jour, chacun dans notre relation avec Dieu, nous vivons ce jour, au jour le jour.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? Si aujourd’hui, c’est le jour de ma mort, c’est le jour de ma rencontre avec le Seigneur. Mes yeux vont se fermer sur cette terre, mais s’ils s’ouvrent dans la béatitude de Dieu, alors pourquoi avoir peur ? Pourquoi s’effrayer ? C’est juste le passage difficile de la mort ?
Alors, la vraie question n’est pas quand le jour arrivera, mais comment est-ce que je m’y prépare à ce jour. Si je m’y prépare dans la peur, si je m’y prépare avec beaucoup d’anxiété, effectivement ce jour sera terrible, avec du feu, avec le ciel qui tombe, avec le soleil qui s’obscurcit, avec les étoiles qui tombent, avec les puissances célestes qui s’ébranlent.
Mais si je me prépare, dans ma manière de vivre, comme nous l’avons entendu dans le verset qui précédait l’Évangile : « Restez en éveil, priez sans cesse, afin de tenir debout devant le Fils de l’homme ». C’est-à-dire en ayant des attitudes de ressuscité, puisque, par le Baptême, nous avons en nous plus que les germes de la résurrection, mais l’accomplissement de la résurrection qui s’opère dans notre vie en tant que chrétien.
Alors, quels sont les moyens qui nous sont donnés ? La deuxième lecture nous présente Jésus comme Grand Prêtre. Et on nous dit, il fait deux choses, il a deux opérations. La première, c’est le sacrifice. La deuxième opération, c’est l’offrande qui nous sanctifie.
Alors le sang du sacrifice, comment est-ce que nous pouvons comprendre ? Le sacrifice, bon, on peut se priver de chocolat. C’est un sacrifice, mais c’est un peu limite. On peut se priver de jeu, de télévision, d’internet, de je ne sais pas quoi, ça va. Mais est-ce que c’est ça réellement le sacrifice ? On peut offrir toutes les douleurs que nous avons dans notre corps, c’est parfait. Mais est-ce que c’est ça le sacrifice ?
Puisqu’on nous dit : le Christ, il a fait l’unique sacrifice pour nous, y a-t-il besoin que nous, nous nous flagellions, nous nous fassions du mal en disant « je souffre, c’est le sacrifice que j’offre à Dieu » ? Je ne crois pas que notre Dieu soit aussi sadique que cela. Ce sang du sacrifice, c’est d’accueillir la réalité de notre quotidien.
S’il est difficile, quel est mon regard ? Est-ce que Dieu est présent et au cœur de ce que je vis, dans mon quotidien. Tant dans mon travail, tant dans mes relations au niveau familial, avec mes amis, tant dans ma santé, est-ce que Dieu est présent ? Est-ce que je vis avec un cœur qui s’ouvre à la miséricorde, à la bienveillance, à l’amour, à la paix, à la sérénité, à la maitrise de soi, en gros les fruits de l’Esprit ? C’est peut-être cela le sang du sacrifice ?
Puisque le Christ a déjà tout assumé, il nous a donné tout ce qu’il nous faut pour pouvoir vivre ce sacrifice, c’est-à-dire les dons de l’Esprit et les fruits de l’Esprit. Qu’est-ce que nous en faisons ?
Le sens de l’offrande qui nous est donné, comment est-ce que, là où je suis, avec ce que je vis, je vis une sorte de détachement, une sorte de désappropriation de la Création, en remettant cette Création sous le regard de Dieu. Ou bien, au contraire, on aime bien affirmer ce que nous faisons, ce que nous créons, ce que nous réalisons. C’est « ma » propriété, c’est « moi » qui l’ai fait, encore moi, et moi, et moi…
En fait on devient des petits Narcisse : à force de se regarder dans le reflet de l’eau, il finit par tomber et se noyer. Mais lorsque nous regardons vers Dieu, il accroit, il décuple en nous les dons qu’il nous a donnés.
Frères et sœurs, nous remarquons que les lectures qui sont proposées à notre méditation, ne sont pas là pour nous faire peur, pour nous mettre dans une attitude négative, pessimiste, mais bien au contraire à nous ouvrir vers l’espérance qui est animée profondément par l’amour.
Est-ce que ça va ?
AMEN