DIMANCHE DE LA RÉSURRECTION (PÂQUES) 2024
31 mars 2024
- Frère Yves FRÉMONT
Introduction : Nous sommes dans la joie, ce matin de célébrer la solennité des solennités, la Résurrection de Notre Seigneur, Jésus le Christ. Et nous porterons dans notre prière tous ceux et celles qui auraient aimé célébrer, eux aussi, cette solennité et qui en sont empêchés, soit par la maladie, la guerre, l’isolement. Toutes ces personnes, qui souffrent de ne pas être là pour célébrer, portons les dans notre prière.
Homélie : Aujourd’hui, nous célébrons le grand mystère de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous célébrons l’action, l’action centrale, la plus élevée que Dieu ait pu réaliser en faveur de notre existence personnelle et communautaire. En ce jour, l’action humaine se retire engloutie par la mort et laisse place à l’action divine, à l’action de Dieu Lui-même. Jésus sort vivant du tombeau, glorifié par la puissance divine, signe du renouvellement de toute la création.
La première à être témoin du tombeau vide, c’est Marie-Madeleine ! Une femme. « Elle court trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait. A leur tour, ils courent tous les deux, ensemble, vers le tombeau vide.
Aujourd’hui, ce n’est plus Pierre et Jean qui courent vers le tombeau, mais c’est nous qui, dans cette Sainte Liturgie, courons vers le Ressuscité. Par notre présence active à cette célébration, nous témoignons de la réalité de cet événement révolutionnaire pour l’humanité toute entière. L’adoration inconditionnelle de Jésus pour son Père révèle, dans cette résurrection, la victoire totale de l’Amour, sur toutes les forces destructrices de la VIE.
Ô merveille, par notre baptême, par notre confirmation, par cette célébration eucharistique, nous ne faisons qu’un avec Jésus. Avec lui, nous nous laissons saisir par la puissance réparatrice de l’Amour de Dieu. Nous pourrions dire que le passage de notre volonté propre à celle de Dieu peut être, certes, une crucifixion du vieil homme en nous, mais c’est le prix à payer pour qu’advienne l’homme nouveau, l’homme ressuscité. Là où se fait la volonté de Dieu, la terre devient déjà ciel. En la résurrection de Jésus, nous sommes vraiment associés à ce mouvement d’élévation vers les réalités d’en haut.
C’est pour cela que le Concile Vatican II, dans sa Constitution sur la sainte liturgie, nous dit : « Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Église, est l’action sacrée par excellence dont nulle autre action de l’Église ne peut atteindre l’efficacité au même titre et au même degré ». Vat II – SC n°7. Ce qui veut dire que ce que nous sommes en train de vivre, en ce moment, c’est l’action la plus élevée que l’Église peut vivre. Il faudrait que les Chrétiens réalisent que l’action la plus élevée de l’Église, celle qui est la plus efficace, dans tous les domaines, c’est la Sainte Messe. C’est la Sainte Messe.
Saint Paul nous exhorte à croire que l’action divine est à l’œuvre en nous maintenant. « Si vous êtes ressuscités avec le Christ, dit-il, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu… »
Il ne s’agit pas de mépriser les réalités terrestres. Dieu nous les a confiées. Mais, par « réalités d’en haut », entendons : la bienveillance, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon mutuel. Par « les réalités de la terre », entendons : la débauche, la cupidité, la convoitise, la violence, la haine, le mensonge, le désordre.
Et, il continue, Saint Paul, « Si pour l’instant votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu, quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. » Si nous pouvions voir, maintenant, la gloire qui est déjà la nôtre… Mais, elle est cachée. Elle est cachée à nos propres yeux et elle est cachée aux yeux du monde. C’est ce que Saint Paul nous dit. Mais, quand nous rentrerons dans le Royaume, sera dévoilée la gloire qui nous habite déjà maintenant. La résurrection, nous la vivons déjà maintenant. Nous sommes déjà des personnes ressuscitées en Dieu.
Donc, par l’action liturgique, nous sommes non seulement divinisés, mais nous participons de façon efficace à la lutte contre le Mal. Dieu lui-même se situe comme lieu de réconciliation, comme lieu de paix. Nous allons fêter Dieu miséricordieux dimanche prochain. Et qu’est-ce qu’il a dit à Sœur Sainte Faustine ? « Vous n’aurez la paix qu’en moi. Vous n’aurez la paix qu’en moi. » Ici, Dieu, lui-même, se situe come ce lieu de paix.
En Jésus, Dieu introduit dans le monde sa pureté infinie comme don. C’est comme si une source d’eau vive arrivait dans une mare boueuse. Si ce jet d’eau qui arrive dans cette mare boueuse, est puissant, il va finir par laver cette mare, la rendre limpide. C’est ça la grâce, c’est ça le don de Dieu en Jésus-Christ. C’est une source infinie de pureté qui vient dans notre monde.
Dieu lui-même, en la personne de Jésus, « boit le calice » de tout ce qui est terrible en notre monde. Il est Dieu, Jésus. Il « boit le calice » de toute la misère humaine. A lui tout seul, il assume toute la misère du monde entier, parce qu’il est Dieu.
Jésus par la grandeur de son amour et à travers sa souffrance, car il assume, pour nous la souffrance due aux péchés, et il a aussi cette puissance de transformer les ténèbres (Benoît XVI). C’est cela que nous célébrons aujourd’hui, la victoire de l’Amour de Dieu, incarné. C’est incarné. Ce n’est pas une idée abstraite. C’est quelqu’un et quelqu’un de chez nous, un Homme. C’est lui qui incarne tout l’amour du Père et qui triomphe des puissances des ténèbres.
Comprenons donc l’importance du Jour du Seigneur, du dimanche. Ayons un très grand respect de la Sainte Messe. Elle est cette action divine qui nous régénère. Quand on vient à la messe, on se laisse régénérer par cette source infinie de pureté qu’est Jésus. Mais c’est lui qui nous purifie. Ce ne sont pas nos petits efforts à nous. Nous, il faut venir à la messe, il faut venir se laisser transformer par lui. Et être acteur, c’est-à-dire, être présent, être là, au moment où s’opère pour nous quelque chose d’extraordinaire, tous les dimanches, et même en semaine. C’est formidable.
Oui, la messe doit devenir de plus en plus un point d’ancrage incontournable. Acceptons Dieu dans son Altérité : c’est-à-dire, ses pensées ne sont pas nos pensées. Acceptons de ne pas tout comprendre quand nous participons au saint sacrifice de la messe. Vous savez, la Sainte Vierge, l’Immaculée Conception n’a pas tout compris, durant sa vie, de son fils, Jésus. Alors, ne soyons pas étonnés que, nous aussi, nous ayons parfois des difficultés à entrer dans cette action divine de Dieu dans nos vies. C’est à cette condition que Dieu pourra nous transformer.
Donc, vivons la liturgie comme un véritable apostolat. Venir à la messe, c’est être un apôtre. Nous sommes en train, par notre assemblée, de témoigner que le Christ est vivant. Nous sommes signe, pour le monde, de par nos rassemblements à travers le monde. Un signe modeste, mais quand Jésus était sur la terre, il a tout fait avec modestie. Nous aussi, mais on est signe, signe vraiment et c’est un signe qui parle.
C’est une œuvre d’évangélisation que de participer activement à la messe. Lorsque nous recevons les sacrements, nous reconnaissons que c’est Dieu l’acteur principal de nos vies, alors offrons-lui notre coopération, par notre participation active à sa volonté, à lui. « Venez, prenez, mangez. » Faisons-le. Venons nous nourrir du Christ, lui-même. Et par cette participation active, adviendra, pour notre monde, cette joie de l’Évangile, qui doit se répandre dans tous les cœurs. En tous les cas, c’est le vœu de notre Saint-Père. C’était le programme de son pontificat : la joie de l’Évangile.
Christ est ressuscité : alléluia ! Et nous, avec lui, alléluia.
Amen