BAPTÊME du SEIGNEUR, 12 janvier 2025

12 janvier 2025

  • Père Fabien Damay, diocèse de Bayonne Père Fabien Damay, diocèse de Bayonne

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Bienvenue à vous tous, en cette communauté qui s’élargit aujourd’hui avec les jeunes du cycle saint Jean-Paul II, cycle de discernement. Je les confie à notre prière, à tous et à chacun. Priez pour toutes les vocations ! L’Église a besoin de toutes les vocations : de prêtres, de consacrés, de religieux, de religieuses et, bien sûr, de pères de famille. Nous nous confions au Seigneur en ce jour, en lui demandant la grâce de raviver en nous notre Baptême, la grâce de notre Baptême.

Homélie

Chers pères, chers frères et sœurs, chers jeunes, nous célébrons en ce jour la fête du Baptême de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et cette fête vient achever le temps de Noël. Nous sommes encore aujourd’hui dans le temps de Noël. Et tout au long de la semaine, nous avons écouté les merveilleux enseignements de l’apôtre saint Jean, dans sa première lettre, et nous avons entendu cette Bonne Nouvelle qui est le cœur du message de Noël : Dieu est Amour ! Et Il a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils, son Fils unique. Il est né de la Vierge Marie, il s’est fait homme. Il a été adoré par les bergers et par les mages. Il a été baptisé au Jourdain. Il est mort sur la Croix pour nous sauver.

Dieu est Amour et l’Amour est un mystère de communion. Il veut entrer en relation avec nous ses créatures. Il veut entrer en dialogue. Il veut entrer en communion. Alors il nous parle et il vous parle encore aujourd’hui, à vous en particulier, chers jeunes du cycle saint Jean-Paul II qui venez pour discerner votre vocation.

Hier, vous avez entendu un merveilleux enseignement sur les trois grandes vocations qui existent dans l’Église : la vocation au mariage chrétien, la vocation au sacerdoce et la vocation à la vie consacrée. Et aujourd’hui encore, le Seigneur vient parler de ces trois vocations. Et nous le trouvons dans la deuxième lecture. Alors, faites bien attention pour voir quelles sont les paroles qui peut-être déjà ont touché votre cœur ou qui vont toucher votre cœur, à présent que je vais reprendre cet enseignement.

« Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété. » Vivre dans ce monde comme Fils de Dieu. Telle est la vocation et la mission des chrétiens qui sont mariés et qui, en tant que laïcs, vont devoir sanctifier les réalités temporelles, en vivant dans la piété et en renonçant aux convoitises, en sanctifiant leur environnement. Le mariage qui, d’après l’enseignement de l’Église, est l’union matrimoniale d’un homme et d’une femme pour toute la vie, destinée au bien réciproque des époux et à l’engendrement des enfants et à l’éducation des enfants.

Et vous avez entendu hier un témoignage très riche donné par un père de famille et vous avez compris, chers jeunes, que la vocation au mariage n’était pas le choix de la facilité. Vous avez entendu parler de nombreux renoncements. Et telle est, en effet, la vie du disciple du Christ, la vie du chrétien y compris dans le mariage. Et comme vous le savez, Jésus dit : « Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix, qu’il renonce à lui-même et qu’il me suive ! »

Et puis le texte poursuit : « Nous devons vivre en hommes remplis de piété en attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. » Oui, nous attendons la manifestation du Christ qui nous amènera au Ciel, où auront lieu les épousailles éternelles. Et vous avez entendu dans l’enseignement hier que les épousailles terrestres étaient un signe avant-coureur de ce qui nous attend au Ciel, mais ce n’est pas un état définitif. « Au Ciel, nous serons comme les anges qui ne se marient pas » dit Notre Seigneur. Et nous vivons ici, mais dans la perspective du Ciel et le mariage aussi nous prépare au Ciel.

Et l’auteur poursuit : « Notre Sauveur s’est donné pour nous afin de nous racheter de nos fautes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître. » Le baptême, chers jeunes, vous l’avez entendu, le baptême, c’est le sacrement du Salut, le Salut, c’est la Rédemption, la Rédemption, c’est le sacerdoce. Etes-vous touchés par cette Parole ? Nous sommes sauvés en particulier par le bain du baptême. Les Christ sont les ministres de la Rédemption.

« L’Esprit Saint a été répandu en abondance afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. » Héritiers de la vie éternelle, c’est ce que nos frères les religieux, les consacrés vivent déjà ici sur cette terre de manière anticipée. Vivre quelque chose du Ciel déjà sur cette terre, en épousant le Seigneur lui-même et en montrant le Ciel aux chrétiens mariés et aux prêtres. Nous sommes ici pour vivre déjà quelque chose de la vie du Ciel.

Voilà la première chose que le Seigneur nous disait aujourd’hui. Une deuxième chose que j’ai pu relever, nous le trouvons dans la première lecture. Ecoutez bien, parce que je pense que le Seigneur s’adresse à vous en particulier, chers jeunes, qui venez pour discerner votre vocation.

Que vous dit le Seigneur aujourd’hui ? Aujourd’hui, comme il y a 2000 ans, la voix du Père s’est fait entendre. Elle se fait entendre aujourd’hui pour vous. Il vous dit ceci : « Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. » « La haute montagne, c’est le Christ » enseignent les Pères de l’Église et Sion représente l’Église. « Monte sur la haute montagne et porte la bonne nouvelle à Sion. Elève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Elève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : ‘Voici votre Dieu !’ »

Tel est le chrétien qui reçoit un ministère pour proclamer la bonne nouvelle à ses frères. C’est le prêtre. Et il le proclame non seulement par sa bouche, mais aussi par la célébration des Saints Mystères, des sacrements à travers lesquels il dit : Dieu est vivant, il existe, il agit, il nous sauve par des actes de puissance aujourd’hui ! Le Seigneur vous dit : « Monte sur une haute montagne et élève la voix avec force. »

Et enfin, frères et sœurs et chers jeunes, je voudrais terminer.

Le père Marie-Jean vous disait hier dans son témoignage que le Seigneur nous parle aussi, des fois, par des petits signes. Et pour lui vous vous rappelez, il est passé par un petit tract dans une église du 9ème arrondissement de Paris. Et juste avant de venir, il y a une de mes paroissiennes qui m’a remis non pas un petit tract, mais un petit billet, sur lequel elle a écrit quelques phrases.

Sa sœur, en effet, habite à Paris. Et elle vient de perdre son curé, le père Ketterer, à l’âge de 53 ans. Il est décédé le 25 décembre, dernier. Il laisse 40 000 brebis orphelines qui n’ont plus de pasteur pour proclamer la bonne nouvelle à Sion. Et le père Ketterer dans sa dernière homélie, celle de Noël, cette paroissienne a relevé une phrase que je vous partage, parce que ce n’est pas un hasard si je me suis retrouvé avec ce billet dans ma poche, pour venir jusqu’à vous aujourd’hui. Le père Ketterer a dit dans cette messe : « Jésus peut naitre mille fois, s’il ne naît pas dans ton cœur, c’est en vain qu’il est né. » Le Christ Jésus peut naître mille fois, s’il ne naît pas dans ton cœur, c’est en vain qu’il est né.

Frères et sœurs, le père Ketterer résume un enseignement magistral et essentiel de l’Église catholique. C’est une bombe théologique. L’Église, en effet, lors de sa session plénière, sur le thème de la justification, dans le Concile de Trente, dans les années 1560, enseigne la chose suivante : « Le Christ a sauvé tous les hommes. Il est né, il a été adoré, il a été baptisé. Il a pris notre place sur la Croix. Il a payé la dette pour nous. II a versé son sang. » « Et une seule goutte de sang aurait suffi pour sauver toute l’humanité. » enseigne Saint Thomas d’Aquin, dans son hymne eucharistique.

« Et cependant, poursuit la Constitution dogmatique, tous ne sont pas sauvés, parce que tous ne bénéficient pas des fruits du Salut. Ils ne font pas ce qu’il faut pour être sauvés. » N’est-ce pas dans l’Évangile ? « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé. Celui qui ne croit pas est déjà condamné. » « Le Christ peut naître mille fois, s’il ne naît pas dans votre cœur, c’est en vain qu’il est né ».

Mes frères et sœurs, comment va-t-il naître dans le cœur de nos compatriotes qui ne le connaissent pas ? Par la foi. Saint Paul enseigne : « Le Christ a été formé dans votre cœur par la foi. » Et comment naît la foi dans un cœur ? Par l’écoute. Et comment entendrai-je, si personne ne proclame ? Et comment vais-je proclamer, si je ne suis pas envoyé ? Et comment vais-je être envoyé, si je ne suis pas appelé, par le Christ, à devenir prêtre pour proclamer la Bonne Nouvelle, à nos compatriotes, au monde entier ?

« Proclame ! Monte sur une haute montagne ! » Il faut que tout le monde l’entende. Autrement, c’est en vain que le Christ est né, c’est en vain qu’il a été baptisé aujourd’hui, c’est en vain qu’il est mort sur la Croix. Il faut des ministres qui portent la Bonne Nouvelle, qui célèbrent les Saints Mystères, qui donnent le sacrement du pardon, le sacrement du mariage, pour sanctifier le mariage et les réalités temporelles, et tous les autres sacrements afin que le Salut devienne, non plus seulement objectif, mais subjectif, véritablement transmis, porté par la médiation de l’Église, jusqu’aux hommes de notre temps.

Frères et sœurs, voilà donc ce que le Seigneur nous dit aujourd’hui. Chers jeunes, puissiez-vous ouvrir votre cœur et n’ayez pas peur, n’ayez pas honte, n’ayez pas de fausse humilité si le Seigneur vous appelle au ministère du sacerdoce. Car, comme l’enseignait saint Augustin, pour terminer, puisque nous sommes accueillis par une Communauté qui vit selon la règle de Saint Augustin : « Lorsque le Seigneur donne à l’un, à quelqu’un, c’est en pensant à tous. » Lorsque le Seigneur donne à l’un, c’est en pensant à tous. S’il vous appelle à être prêtres, ce n’est pas pour votre gloriole personnelle, c’est pour tous, pour que le Salut soit proclamé et étendu le plus possible sur cette terre

Amen