MERCREDI DES CENDRES 5 mars 2025

5 mars 2025

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

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Frères et sœurs, chaque année, nous attendons cette période privilégiée qu’est le temps de Carême. Dieu seul sait combien de fois dans nos cœurs, dans nos vies, nous disons : « Ça y est, le Carême arrive. Il faut que je pense à des efforts que je pourrais faire pendant le temps de Carême. » Et finalement, on ne tient pas les efforts.

Peut-être que pour cette année, c’est se dire, tout simplement : « Seigneur, je suis là devant toi. Tu vois mes pauvretés. Tu vois mes lumières et mes zones d’ombre. Que veux-tu que je vive dans ma relation avec toi cette année. » Tout simplement.

Parce que faire un effort de Carême et puis, après le Carême, continuer sa vie comme si c’était une petite parenthèse, ce n’est pas forcément la dimension spirituelle que l’Église nous demande. C’est la conversion, la conversion, c’est-à-dire aller plus vers la lumière, avec le Christ.

Prions les uns pour les autres, en demandant au Seigneur de nous donner la grâce d’être là avec lui, d’être à son écoute et de nous laisser transformer par lui.

 

Homélie

Frères et sœurs, les lectures nous donnent, je dirais, quelques grandes lignes pour entrer dans ce temps de Carême. 40 jours, peut-être pour regarder d’un peu plus près ce qui se passe en nous. 40 jours, peut-être pour lever les yeux et regarder autour de nous ce qui se passe dans nos relations avec les autres. 40 jours, peut-être pour soigner notre relation avec Dieu.

La première lecture nous dit : « Retournez vers le Seigneur. » C’est-à-dire prendre une marche contraire à celle que nous prenons d’habitude. La marche contraire, non pas pour nous amener vers le ravin, mais pour nous tenir vers la rampe qui monte vers Dieu. « Revenez vers le Seigneur. » C’est comme il nous est demandé de tourner notre regard vers ce qui ne nous est pas habituel, pourtant nécessaire à notre vie.

La deuxième lecture nous dit : dans ce retour vers le Seigneur, que devons-nous rechercher ? Dieu veut nous réconcilier avec lui. Si Dieu veut nous réconcilier avec lui, il nous donne les moyens pour pouvoir y arriver. Le moyen privilégié qu’il nous a communiqué, c’est le don de lui-même en la personne de son Fils Jésus Christ, mort sur la croix, pour que nous nous ayons la vie, cette vie d’enfants de Dieu, cette vie qui plait au Père, cette vie qui nous met en relation vraie avec les autres.

Quant à l’Évangile que nous venons d’entendre, il nous propose trois attitudes fondamentales qui pourrons nous aider en ce temps de Carême, de vivre simplement, sans tension en nous, mais tournés, orientés, dirigés vers le Père.

Les trois orientations qui nous sont données, nous l’avons entendu dans la première partie de cet Évangile : « Quand tu fais l’aumône, que ta main droite ignore ce que ta main gauche fait. » Bien sûr, spontanément, ce qui vient à notre esprit, c’est peut-être prendre du superflu de ce que nous avons et donner aux autres. Mais, si c’était simplement donner de l’amour qui passe par donner du temps aux autres, à commencer par ceux de notre maison.

Faire l’aumône, ce n’est pas simplement faire de la charité. Mais, c’est manifester l’amour, l’amour qui vient de Dieu et qui ne demande qu’à être communiqué, communiqué pour la vie, vie de Dieu, vie entre nous, vie humaine dans nos relations humaines, mais vie divine qui nous permet d’élever notre cœur et d’élever notre vie vers le Seigneur.

Frères et sœurs, ne cherchons pas de gros sacrifices à accomplir, de grosses pénitences à faire, aimons, aimons tout simplement, qui passe par un regard, par un sourire, par une parole bienfaisante, par une parole qui valorise, par un acte qui dit que l’autre est important à mes yeux et aux yeux de Dieu.

La deuxième orientation qui nous est donnée, c’est la prière. Mais, prière, ce n’est pas : « Bon, je m’efforce de faire la prière, pour faire plaisir au Bon Dieu. Je prie parce, que c’est le temps de Carême, il faut que je fasse des efforts. » Si c’est cette orientation que nous prenons, frères et sœurs, nous serons déçus.

La prière, avant tout, c’est entrer en relation, entrer en relation avec l’être que nous aimons, entrer en relation avec celui qui nous aime de toute éternité. Une relation confiante, une relation qui nous dit que, quel que soit ce que nous vivons, de difficile, de compliqué, Dieu est toujours là, avec nous. La prière, bien sûr, ça passera par des paroles. Mais, avant d’être une parole, c’est une attitude, c’est un comportement, c’est un style de vie. Style de vie avec Dieu, style de vie qui tient compte aussi de ceux que nous aimons, c’est-à-dire prier pour nos frères et sœurs en humanité.

La troisième orientation qui nous est donnée, c’est le jeûne. Lorsque nous pensons jeûne, bien sûr, nous pensons à des privations de nourriture : le carré de chocolat, dont nous allons nous priver, le carré de chocolat que nous avons sur notre table de nuit et qui nous dit : « J’ai besoin de mon carré de chocolat pour ne pas stresser ou pour déstresser… » et j’en passe !

Frères et sœurs, il ne s’agit pas de cela, il s’agit peut-être de jeûner de la parole négative, de la parole qui nous empoisonne, de la parole qui nous fait tomber dans une espèce de dépression, de désespoir. N’oublions pas que cette année qui nous est donnée, est une année jubilaire qui a pour thème : pèlerin d’espérance. Dans la bulle d’indiction du Pape François, il nous dit : « Cette espérance est fondée sur l’amour qui tient sa source dans le cœur transpercé de Notre Seigneur Jésus Christ. De l’abomination de la Croix jaillit l’espérance de vie. »

Si nous jeûnons par la parole, nous pouvons aussi jeûner par des actes, des actes qui nous mettent en difficulté ou mettent d’autres en difficulté. Si nous jeûnons, c’est jeûner peut-être pour des réalités qui nous font prendre des risques, qui vont à la perte de notre vie, à travers peut-être des écrans, à travers peut-être, je dirais, des passions, à travers peut-être des addictions que nous avons.

Frères et sœurs, ce chemin de Carême qui nous est donné en cette nouvelle année, essayons de le vivre autrement que d’habitude, c’est-à-dire rester dans la simplicité de Dieu et vivre tout simplement en bon chrétien, c’est-à-dire ouvert aux autres, enraciné en Dieu et prendre soin de nous. C’est ce que saint Jean de la Croix appelait quelque part la vie mystique, c’est-à-dire la vie d’union à Dieu, chercher à vivre en Dieu, pour Dieu, avec Dieu et les autres.

AMEN