16e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023

23 juillet 2023

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION : PERE JEAN-FRANCOIS

Nous rendons gloire à Dieu pour cette merveille qu’il nous a faite cette semaine dans sa bénédiction tout au long de cette session des familles « Marie Espérance », dont le thème est et demeure « Appel à la sainteté, avec le Père Michel GUÉRIN », qui nous a conduits sur les chemins de l’amour de Dieu avec la Vierge Marie.

Aujourd’hui nous pensons tout particulièrement et nous portons dans notre prière, cette journée qui est consacrée aussi aux grands parents, et nous fêtons aussi le 12ème anniversaire de mariage de Quentin et Hélène SOLEILLE.

Alors vous savez, quand il y a des évènements importants, le Pape François demande d’applaudir. Alors pourquoi est-ce qu’on ne le ferait pas ? Alors, on peut les applaudir.

Merci aux grands parents, et puis à Quentin et Hélène de nous donner ces témoignages de l’amour et de la fidélité, beaux témoignages de cette bénédiction de Dieu dans vos vies.

Entrons dans cette célébration, frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMELIE : PERE JEAN-FRANCOIS

Chers frères et sœurs, au moins dans l’Évangile, on comprend qu’on a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. C’est une bonne nouvelle. En ce dimanche, l’Évangile nous fait méditer sur trois paraboles : celle du grain et de l’ivraie, celle de la graine de moutarde, et enfin celle du levain dans la pâte. Ces trois paraboles racontent avec quel amour Dieu prend soin de toutes les choses, la surprenante initiative divine qui, avec justice et douceur, tient la vie de l’homme dans la paume de sa main.

Pour décrire le Royaume des Cieux, Jésus nous présente trois réalités, à la portée de notre regard, et qui ont en commun le verbe « pousser ». Le bon grain et l’ivraie poussent ensemble pour être ensuite séparés. La graine de moutarde pousse pour devenir un bel arbre. La mesure de levain dans la farine fait lever et elle pousse toute la pâte. Une des caractéristiques du Royaume des Cieux est donc de ne pas être statique, mais dynamique, destinée à pousser chaque jour et en toutes circonstances.

Au fond, aujourd’hui, par comparaison, Jésus nous parle de nous-mêmes avec la nature, la terre, le bon grain, l’ivraie, les arbres, la moutarde et les oiseaux. La terre est la même pour tous. A bien considérer toutes choses, la nature est fixée dans son état de nature, et ne peut pas changer de nature. Le bon grain restera du bon grain, l’ivraie restera de l’ivraie. La tentation c’est de penser comme dans les scénarios de films, que pour nous il en est ainsi. Il y a les bons d’un côté, les méchants de l’autre. Difficile d’imaginer un changement, une conversion. Est-ce bien la pensée du Seigneur sur notre monde, sur nous-mêmes ?

Nous savons que nos pensées ne sont pas celles de Dieu. La pensée du cœur de Dieu, c’est sa grande patience qui se traduit par sa Miséricorde. Or, notre monde d’aujourd’hui, étranger à la patience et à la Miséricorde de Dieu n’est plus dans l’écoute, la patience, il est dans l’exaspération, la révolte, les troubles, les mouvements sociaux. La patience est, je crois, une disposition importante de l’amour de Dieu, oui, je le crois. Le passage du Livre de la Sagesse rappelle justement cette patience de Dieu. Celle-ci exerce son pouvoir avec une douce patience, une clémente indulgence, délicate et lente à la colère, tout à fait à l’encontre de nos réactions bien naturelles. Grâce à cette lenteur de Dieu, Dieu se différencie de toutes les idoles, des puissants de ce monde, qui imposent leur séduction et leur pouvoir.

Selon l’auteur du Livre de la Sagesse, le peuple de Dieu devrait se comporter comme son Dieu en se montrant ami des hommes. Il devrait toujours se souvenir que, même pécheur, il peut compter chaque jour sur la Miséricorde de Dieu, sur lui-même et sur les autres.

Dans la 2ème lecture, St Paul s’adresse aux Romains. Il nous est rappelé que seuls et sans la prière, c’est-à-dire sans l’assistance de l’Esprit Saint qui travaille dans le profond de notre cœur, dans la discrétion, la patience et l’amour, nous sommes incapables de rejoindre le salut offert par la Miséricorde.

La parabole du bon grain et de l’ivraie parle de la patience de Dieu, on l’a compris. On y trouve substantiellement le même déroulement que dans la parabole du semeur qui précède celle de l’ivraie. On y décrit la semence qui est la Parole de Jésus, et Jésus qui se révèle Parole de son Père, Parole qui s’adresse au cœur de l’homme. Le cœur de l’homme quel mystère ! Pour illustrer la Parole, permettez-moi de faire comme les enfants cette semaine, ce n’est pas réservé aux enfants, de bricoler, et par le bricolage d’essayer de comprendre quelque chose.

Puisqu’il est question du cœur humain, je crois que ça ça peut représenter un cœur. Un grand cœur, qui peut être le nôtre bien sûr. Et si vous regardez bien, ce cœur il est un peu comme un accordéon, il a beaucoup de plis. Et quand il y a beaucoup de plis, on dit que c’est « compliqué », « cum » avec beaucoup de plis.

Et lorsqu’il y a beaucoup de plis, ce n’est pas simple. Et lorsque le cœur se replie, qu’est-ce qu’il se passe ? Les arêtes sont plus vives et les creux plus profonds. « Qui s’y frotte, s’y pique ». Il y a d’une part ce qui est à la lumière, les arêtes, et ce qui est dans l’ombre, les creux. Ça fait un double pli, ça a donné le mot « duplicité ». Or, lorsqu’il y a de l’ombre et de la lumière dans le cœur, qui n’est pas clair, qui a cette duplicité, ça a donné le mot, le cœur est divisé « diabolos », est un diable. Lorsqu’il est divisé à l’intérieur de lui-même il ne peut que diviser à l’extérieur.

Alors qu’est-ce qu’il faut faire ? Hé bien il faut s’ex-pliquer, « ex » ça veut dire « étirer », étirer les plis pour qu’il n’y ait plus de plis, c’est-à-dire que ça devient sans plis, ça a donné le mot « simplicité ».

Oh vous savez, on dit que les stars sont des gens très simples. Simplement pour exister ils ont besoin de supporters, d’admirateurs, etc. Et lorsque vous vous apercevez que vous êtes un peu la dupe de cette affaire là, mais on finit par voir rouge. Alors, qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut être transparent à cette lumière intérieure qui nous habite, qui est le soleil de Dieu, comme la Vierge Marie, transparente à la lumière de Dieu, à la Parole de Dieu, à sa Grâce. Alors, vous savez, la moralité de l’histoire, ne soyons pas des « com-pliqués » et soyons tous « sim-plicité ».

Au fond, ce que Jésus veut nous faire comprendre à travers cette Parole, c’est que dans le cœur de chacun, il y a ce que Dieu y a disposé, sa Parole, sa Grâce, sa Lumière. Et en plus il y a ce à quoi nous consentons, nos désirs bons et moins bons et tout cela peut se développer ensemble dans le cœur. En cela nous comprenons qu’en ce monde nous sommes tous pécheurs. Jésus ne sépare pas les pécheurs des justes. Il vient chez eux, chez nous, il ne nous abandonne pas, il ne les abandonne pas. Seulement, par la grâce de sa Miséricorde, toute conversion est possible sur cette terre.

Alors trois mots à retenir « patience, confiance, fidélité », c’était la traduction du mot latin « fides » qui se traduit confiance, foi d’abord, confiance et fidélité. Et ces trois mots disent une réponse de foi, la confiance est la clé qui ouvre le cœur, et lorsqu’il y a la confiance, la fidélité demeure. Dans la défiance, la fidélité se dissout, alors le centre de la Parole se situe donc ici dans cette patiente Miséricorde de Dieu.

Toutefois, ce passage de l’Evangile n’est pas uniquement une invitation à la patience, mais une invitation à la fidélité, à la foi. Le Seigneur Lui-même nous avertit : « pendant que tous les hommes dormaient » dit-il.

S’endormir, ceci est un avertissement pour tous, non seulement pour ceux qui doivent veiller à la préparation et à l’entretien de la bonne terre, à l’intégrité du cœur si l’on veut, car on ne reconnait l’ivraie que lorsque qu’elle grandit. Et d’autre part la parole de l’ivraie est un message de confiance pour les disciples d’hier et d’aujourd’hui, même si dans le monde la présence du mal existe, elle est identifiable aussi. Dieu est déjà en train de réaliser son œuvre de salut, or il ne faut pas oublier que Dieu veut le salut de tous.

Dieu, pour terminer, agit dans nos vies. Pour vaincre la nuit, il fait apparaitre le matin ; pour faire fleurir le champ, il jette une infinité de semence de vie ; pour faire lever la farine inerte, il y met une pincée de levain, sa grâce. Il est le semeur de l’amour. Il porte sur Lui le péché pour transfigurer le pécheur. Il ne détruit pas l’homme ancien pour construire l’homme nouveau, Il le rachète et Il le sauve.

Prenons Marie comme modèle. Elle a fleuri et s’est épanouie dans le champ de Dieu. C’est elle qui a porté, dans cette bonne terre qu’elle est, le Verbe fait chair et auquel nous communions dans l’Eucharistie. Puisse ce Verbe nous transformer de l’intérieur pour être pour chacun, les uns et pour les autres et pour notre monde, le Christ. AMEN.