LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS (B) 2024

7 juin 2024

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

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« Mon âme a soif, a soif de toi. » Le cœur humain a soif de Dieu, bien souvent sans le savoir. Il a soif d’amour, il a soif de lumière, de vérité, de paix. Il a soif de Dieu, car Dieu est tout cela. Mais Dieu a plus encore soif de nous. C’est quelque part ce que nous regardons, ce que nous célébrons, dans cette fête du Cœur de Jésus, un cœur humain, comme le nôtre, mais qui s’est laissé remplir, qui a été rempli totalement de l’amour de Dieu. Nos cœurs sont faits pour cela aussi, pour qu’il n’y ait aucun obstacle à être remplis de l’amour qui vient de Dieu.

Jésus, quand nous le contemplons, nous voyons ce que Dieu, quelque part, toutes proportions gardées, puisque bien sûr Jésus reste un mystère de communion, – d’union dans une seule personne de la divinité, de l’humanité, mais il nous dit dans son humanité qui est pleine de Dieu, et remplie de l’amour de Dieu, – il nous dit ce pour quoi nous sommes faits : nous laisser remplir de l’amour de Dieu, pour aimer parfaitement, avec cet amour. Nous sommes en chemin de cette conversion, de cette sainteté, car c’est ça la sainteté : c’est n’être plus qu’amour.

Préparons-nous à célébrer ce mystère qui nous sauve, demandons que chaque Eucharistie fasse grandir en nous cette présence, cet amour qui vient de Dieu. Préparons-nous à célébrer ce mystère en reconnaissant toutes nos ingratitudes, nos péchés, nos manques d’amour.

 

Homélie :

J’ai oublié de rappeler que cette journée, cette solennité du Sacré Cœur a été choisie comme jour de prière pour la sanctification des prêtres, par le pape Benoit XVI je crois, si ma mémoire est bonne. Vous pouvez mettre le paquet. Merci.

En méditant, ce matin, les textes de la Parole de Dieu, j’ai été touché spécialement par la lecture du livre d’Osée. Vous le savez bien, ce prophète, plein de sensibilité, de tendresse, et justement c’est la tendresse de Dieu, que tout ce livre veut mettre en lumière. Par son prophète, le Seigneur rappelle à son peuple Israël, de quel amour paternel, plein de tendresse il l’a aimé, et a pris soin de lui spécialement lors de l’exode.

Ce que dit le Seigneur, à travers Osée, fait allusion justement à toute cette pérégrination de l’exode : « Je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue, je me penchais vers lui pour le faire manger. » C’est la manne bien sûr.

Et le Seigneur dit aussi à son peuple sa déception et sa souffrance devant l’ingratitude et l’infidélité de son peuple : « Il n’a pas compris que je venais à son secours. » Nous nous souvenons du péché, de l’idolâtrie du veau d’or en particulier, mais de tant et tant de révoltes, dans le désert. Et puis, une fois établis dans la Terre Sainte : « Ils ont refusé de revenir à moi. »

Et la prédication d’Osée, comme celle d’Amos, son contemporain, et d’autres, est là sans cesse pour redire à Israël : mais tu es le peuple aimé d’une manière particulière, pourquoi t’éloignes-tu de ton Dieu ? Pourquoi es-tu infidèle à l’alliance ? Tu fais ton malheur !

« Ils ont refusé de revenir à moi. » Cependant l’amour miséricordieux se montre plus fort que sa colère : « Mon cœur se retourne contre moi. Je n’agirai pas selon l’ardeur de ma colère, car je suis Dieu, le Dieu saint. Je ne viens pas pour exterminer. » Ce que Dieu cherche en nous, ce n’est pas la crainte, mais l’amour, et il sait que sa miséricorde touche les cœurs plus que sa colère.

« Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes. » Et c’est très souvent la découverte, la rencontre avec ce Dieu pauvre, ce Dieu anéanti, ce Dieu, ce Dieu dépouillé de tout sur la croix, qui bouleverse le cœur.

« L’amour n’est pas aimé », s’écriait sans cesse Saint François. Tous les grands amis de Dieu, les saints et les saintes, ont été bouleversés par cet amour infini de Dieu qui est si peu aimé en retour. Pensons à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et à Sainte Teresa de Calcutta, touchées profondément par la supplication de Jésus en croix : « J’ai soif. » Elles ont voulu répondre à cette soif et réparer par un plus grand amour les ingratitudes et les offenses faites à l’amour de Dieu.

« Voyant que Jésus était déjà mort, nous dit Saint Jean, un des soldats, avec sa lance, lui perça le côté. » Pourquoi lui percer le côté puisque Jésus était déjà mort ? Sans doute c’était l’usage, pour être sûr qu’il ne revienne pas à la vie. Mais Saint Jean y a vu l’accomplissement des Écritures. Et toutes les générations chrétiennes y ont vu le signe d’un amour qui déborde et veut se répandre dans le cœur des hommes. Et c’est bien ce que Jésus a voulu rappeler au monde par les apparitions de Paray-le-Monial.

Alors demandons la grâce aujourd’hui de connaitre de plus en plus l’amour du Christ, « la profondeur, la hauteur, la largeur, la longueur », comme dit Saint Paul, l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance. « La connaissance de l’amour du Christ surpasse toute connaissance », nous dit Saint Paul. Bon, ça remet les priorités à leurs places. Connaitre l’amour du Christ, ça n’a pas de prix, ça surpasse toutes les connaissances humaines.

Demandons la grâce de connaitre de plus en plus l’amour du Christ, d’être, nous aussi, davantage touchés par cet amour assoiffé de Dieu, d’avoir à cœur de mieux lui répondre, et de mieux réparer aussi, par cet amour, les péchés de notre monde. Et Dieu sait si notre monde nous est blessé, les pécheurs abimés par ces déferlantes de péchés, de graves péchés institutionnalisés. Donc, nous qui avons la grâce, le bonheur et la grâce, de connaitre déjà un peu l’amour de Dieu, demandons-lui la grâce de répondre nous aussi, d’être assoiffés, de répondre à sa soif.

AMEN