19ème Dimanche du Temps Ordinaire C 2022

7 août 2022

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : « Notre Dieu fait toujours ce qui est bon pour l’homme ». Nous aimons le chanter, mais en sommes-nous vraiment convaincus ? Est-ce que nous avons une telle confiance en Dieu que nous puissions dire en toute vérité, notre Dieu fait toujours ce qui est bon pour l’homme ? Voilà, le doute, souvent, s’insinue dans notre cœur à travers les évènements de nos vies, et les lectures de ce jour nous invitent justement à mettre toute notre confiance dans le Seigneur, même si cela nous parait folie.
Alors au seuil de la célébration du Mystère de l’Eucharistie, eh bien, préparons-nous en reconnaissant que nous avons péché, voilà, confessons tous nos doutes, tous nos manques de confiance dans cet Amour inconditionnel de notre Père des Cieux.

 

HOMÉLIE : Dimanche dernier, le Seigneur nous appelait au discernement. Il nous appelait à discerner ce qui donne de la consistance, du poids à notre vie, afin que notre vie ne soit pas vécue en vain.
Aujourd’hui, le Seigneur nous appelle à faire un pas de plus. Il nous appelle à la vigilance : un enjeu capital se présente à nous, et il s’agit de l’apprécier à sa juste mesure. Cet enjeu, et donc la vigilance qu’il requiert, est lié à une promesse, une promesse de Dieu. Qui dit promesse, dit accueil de cette promesse dans la confiance, (et c’est la foi), ou au contraire, c’est juger cette promesse comme un doux rêve, irréalisable. C’est précisément cet enjeu que nous présentent les lectures d’aujourd’hui.
Le Livre de la Sagesse, qui est le dernier Livre de l’Ancien Testament, écrit seulement cinquante ans avant la naissance de Jésus, le Livre de la Sagesse fait la relecture de ce qui s’est passé lors de la nuit de la Délivrance Pascale, lorsque les Hébreux ont été délivrés de l’esclavage de Pharaon.
Cette délivrance leur avait été annoncée à l’avance par leurs Pères. À cette promesse, ils ont cru, en écoutant et en suivant Moïse. Pharaon, lui, a refusé de croire, ne prenant pas au sérieux les signes que Dieu lui envoyait par l’intermédiaire de son prophète.
La réalisation de la promesse fut une joie pour ceux qui avaient cru, et un drame pour ceux qui avaient refusé de croire. Dans la nuit de Pâque, on entendit un cri de douleur dans le camp des Egyptiens, à la mort de tous les premiers nés ; alors qu’on n’entendit pas le jappement d’un chien dans les maisons des Hébreux.
L’intervention de Dieu fut salutaire pour les justes, pour ceux qui avaient cru, et fut une ruine pour ceux qui avaient refusé de croire.
Mais qu’est-ce qui fait que certains acceptent de croire et que d’autres refusent de croire ? Eh bien, c’est que, ce que nous promet Dieu, nous apparait comme une folie. Dimanche dernier, Dieu disait à l’homme qui construisait de nouveaux greniers pour y amasser sa récolte : « Tu es fou ! » Saint Paul dira que « la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu plus forte que les hommes ». (1 Co 1,25)
Qu’est-ce qui est le plus sage, qu’est-ce qui est le plus salutaire, se fier à la sagesse des hommes ou se fier à la folie de Dieu ?
La lettre aux Hébreux, écrite pour encourager les premiers chrétiens issus du judaïsme, et qui commençaient à douter, cette lettre nous présente Abraham et Sara comme ceux qui ont fait confiance en la folie de Dieu.
Car, humainement parlant, c’était pour Abraham une pure folie que de quitter son pays, de quitter sa parenté pour partir sans savoir où il allait. Dieu lui demande de partir, sans lui indiquer pour quelle destination. Et Abraham l’a fait. Il a fait confiance, il a cru.
Arrivé en terre promise, il a continué à vivre sous la tente, alors qu’il était arrivé. Il continue à vivre comme en terre étrangère, « car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu Lui-même est le bâtisseur et l’architecte ». Là encore c’est une folie, car cette ville, eh bien, nous l’attendons toujours, 3800 ans après Abraham ! Cette ville, c’est la Jérusalem céleste que Saint Jean a vu descendre d’auprès de Dieu, dans le Livre de l’Apocalypse.
Par la foi, , fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance alors qu’elle avait 90 ans. C’était fou de croire cela ! Pourtant, elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses.
Puis, la foi d’Abraham fut mise à l’épreuve : il accepte d’offrir Isaac en sacrifice. Là encore, c’est une folie, un fils unique. Mais dans sa foi, c’est-à-dire dans sa confiance, il pensait que Dieu est capable même de ressusciter les morts. Et l’épitre aux Hébreux de dire : « il y a là une préfiguration ». Cette épreuve d’Abraham annonçait la mort et la résurrection du Christ.
Eh bien, c’est à cette même foi que nous sommes convoqués quand Jésus nous dit : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Lorsque Jésus dit cela, Il est en train de monter à Jérusalem. L’opposition devient de plus en plus palpable ; les siens se mettent même à le lâcher. Et Jésus dit à ce moment-là : « Sois sans crainte, petit troupeau » à ceux qui restent, qui sont dans l’incertitude, qui sont dans la crainte, qui sont dans le doute. Humainement, ce que dit Jésus, c’est une pure folie ! Sois sans crainte parce que « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ». Toujours la confiance en Dieu.
Et Jésus d’inviter ses disciples à vendre ce qu’ils possèdent, c’est-à-dire à faire exactement le contraire de ce qu’a fait l’homme riche dans la parabole de dimanche dernier. C’est une folie ce que nous demande Jésus ! Encore une fois, Jésus nous demande de mettre toute notre confiance en Dieu et non pas dans nos solutions humaines.
Jésus annonce son retour, comme la délivrance des Hébreux avait été annoncée depuis fort longtemps. Et Jésus nous dit : « Soyez prêts. « Restez en tenue de service ». « Veillez ! »
La venue du Seigneur sera comme la nuit de la délivrance des Hébreux : source de joie pour ceux qui l’attendent, et terrible pour ceux qui n’ont pas pris son annonce au sérieux.
Une responsabilité particulière incombe aux intendants, c’est-à-dire aux responsables des communautés : responsabilité de distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture à ceux dont ils ont reçu la charge. Discerner les temps et donner la nourriture, telle est la mission des responsables de communautés. C’est précisément la mission qui avait été confiée à Joseph en Egypte par Pharaon : Joseph a su discerner les temps, temps d’abondance et temps de disette. Il a su faire des réserves pour pouvoir donner la nourriture au temps de la famine. Prévoir et pourvoir, telles sont les missions qui incombent aux responsables de communautés, pour que tous soient prêts quand le Seigneur viendra.
La question qui se pose à nous aujourd’hui, en ces temps où beaucoup sont troublés, désorientés, nous-mêmes, chrétiens d’Occident, nous nous percevons comme un « petit troupeau ». La question qui se pose à nous est celle-ci : En qui est-ce que je décide de mettre ma confiance ?
Suis-je prêt à suivre la folie d’Abraham, de Joseph, de Moïse, de Jésus, cela en mettant ma confiance dans la folie du message évangélique ? Ou est-ce que je préfère me raccrocher à mes certitudes humaines, mes appuis humains qui me rassurent ?
A chacun de nous la question est posée. A nous d’y donner réponse dans notre cœur et par notre vie. AMEN.