1er DIMANCHE DE L’AVENT (B) 2023

3 décembre 2023

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : Père PHILIPPE-MARIE

Nous voilà au seuil d’une nouvelle année liturgique. Tout au long de l’année, le Seigneur nous donne plusieurs occasions de repartir, de nous relancer dans la foi, ce temps de l’Avent, le temps du Carême, le temps de la Résurrection, puis d’ordinaire aussi. Voilà autant de moments de grâce qui nous sont offerts, à nous de savoir en profiter, à nous de savoir saisir cette grâce pour accueillir toujours davantage le Seigneur dans notre vie, nous laisser transformer par Lui pour devenir de plus en plus « Lui ». C’est ça le but de notre vie, que ce ne soit plus nous mais le Christ qui vive en nous, qui prenne toute la place, c’est ça la sainteté, et c’est sur ce chemin que nous avançons.

Au seuil de cette célébration, au seuil de cette année liturgique, préparons-nous à célébrer ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché, en demandant cette grâce d’un nouveau départ.

HOMELIE : Père PHILIPPE-MARIE

Le premier dimanche de l’Avent nous met dans l’attente de la venue de Jésus comme sauveur à Noël, mais la fête du Christ-Roi que nous venons de quitter, nous rappelle la promesse de la venue de Jésus dans sa gloire pour établir un règne définitif de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix. Et nous nous trouvons placés entre ces deux venues du Christ, sa venue dans l’humilité à Noël, il y a 2000 ans, et sa venue dans la gloire que nous attendons encore. Si Jésus est bien venu il y a 2000 ans, il n’en demeure pas moins que nous sommes encore dans l’attente.

Ce temps d’attente est un temps à risque comme nous le montre le prophète Isaïe dans la première lecture. L’attente du Messie par Israël s’exprime d’un côté par une intense prière :

  • « Ah, si Tu déchirais les Cieux, si Tu descendais… »

Ce temps est aussi le temps où s’affermissent la foi et l’espérance. Dieu est vraiment le seul qui agisse pour celui qui l’attend. C’est ce que vient de nous dire Isaïe :

  • « Nul œil n’a jamais vu un autre Dieu que Toi agir ainsi pour celui qui l’attend »

Dieu agit pour celui qui l’attend. Et d’autre part ce temps d’attente peut se transformer en lassitude et en dessèchement.

  • « Tous nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton Nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur Toi »

Prendre appui sur le Seigneur, c’est précisément ce en quoi consiste la foi. Isaïe reconnait que la foi d’Israël a été défaillante « nul ne se réveille pour prendre appui sur Toi ».

Le temps de l’Avent, tout comme le temps de l’Église, est ce temps où nous sommes invités à nous réveiller pour prendre appui sur le Seigneur. Nous arrive-t-il de nous réveiller pour le Seigneur ? De veiller dans la nuit pour le Seigneur ? D’interrompre notre sommeil pour le Seigneur ? Et c’est bien le mot d’ordre que Jésus nous donne 4 fois en l’espace de 5 versets dans notre Évangile :

  • « Veillez, restez éveillés… »

Il nous laisse clairement entendre qu’Il viendra de nuit, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Cette annonce d’une venue dans la nuit est étonnante, car à cause des dangers de la route, on ne voyageait pratiquement jamais de nuit au temps de Jésus. En fait, ce détail a une signification symbolique profonde. Dans la Bible, la nuit, c’est le temps de l’épreuve, des ténèbres, le temps de la puissance des ténèbres. St Jean nous dit que, quand Judas quitta le repas de la dernière cène, il faisait nuit.

La nuit c’est donc le temps du combat, le temps de la tentation, le moment où nous pouvons flancher. C’est la nuit surtout qu’il faut être vigilant. Et la mention du chant du coq n’est pas anodine, Marc nous rapporte ce signal d’alarme de Jésus, – Marc c’est le disciple de St Pierre – et le chant du coq a gardé dans la bouche de St Pierre un goût de cendre. Pierre lui-même a flanché. Alors, attention, nous dit Jésus.

St Marc veut nous dire que le contexte de la venue de Jésus en gloire sera le même que celui de la Passion, à savoir un combat spirituel sans précédents, puisque ces paroles de Jésus se situent immédiatement avant son entrée dans sa Passion. Là où est passé la tête, là aussi doit passer le corps et l’Église, et Jésus nous redit là, ce qu’Il dit à ses apôtres quand Il est entré dans sa Passion :

  • « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation. L’esprit est ardent mais la chair est faible »

A travers la petite parabole de l’homme parti en voyage, Jésus rejoint bien notre ressenti :

  • « Que Tu es loin Seigneur ! Nous ne Te voyons pas, nous ne Te sentons pas … »

Alors, c’est bien difficile de croire, mais notons que pour Jésus, ce temps de l’absence n’est pas d’abord un temps de malheur, ou d’angoisse, ou d’épreuve, mais c’est un temps de responsabilité et de confiance. Chacun a reçu une charge, chacun a reçu un travail, le Seigneur nous fait confiance. A ses serviteurs Il a donné tous pouvoirs, et demandé au portier de veiller. En distinguant le portier des autres serviteurs, Jésus suggère que les pasteurs de l’Église sont très spécialement invités à la vigilance, Pierre, le Pape, les évêques sont les premiers responsables de la vigilance de tout le peuple de Dieu, le mot évêque veut d’ailleurs dire « veiller sur », comme le portier qui veille sur toute la maison.

Nous avons un devoir de prières pour ceux qui ont reçu cette difficile mission. Oui, veillons et prions pour que le maître au jour de sa venue ne nous trouve pas endormis. En cela St Paul est un vrai modèle de vigilance, il porte le Christ dans son cœur, et sur ses lèvres. Dans notre deuxième lecture, le nom de Jésus revient 9 fois sous une forme ou une autre en l’espace des 9 premiers versets de cette première lettre aux Corinthiens. Paul garde le souvenir du Seigneur, mais pour lui ce souvenir concerne moins le passé que l’avenir. L’espérance est pour lui comme la mémoire de l’avenir, car il sait avec certitude qui est et quel est Celui qui doit venir, quel est cet avenir. C’est le Christ glorieux et cet avenir c’est aussi notre communion avec Lui dans la gloire. Et St Paul nous dit ceci :

  • « Puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus, une seule chose compte, oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle Là-Haut dans le Christ Jésus »

Frères et sœurs, que ce temps de l’Avent nous relance dans notre course. Que par notre vigilance, notre prière, notre sens de la responsabilité, nous gardions la mémoire de l’avenir comme St Paul, tout tendu vers le Seigneur qui vient.

AMEN