21ème Dimanche du Temps Ordinaire C 2022

21 août 2022

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION : Nous avons la joie d’accueillir ce matin deux Pères qui viennent de loin, qui viennent du diocèse de Porto Novo au Bénin, et qui viennent pour le service de notre diocèse pendant plusieurs années. Bienvenue, chers Pères, de votre générosité, pour partager la foi vivante de l’Afrique.
Bienvenue aussi aux Cheftaines qui viennent aussi généreusement donner une semaine de leurs vacances pour se former, pour mieux encadrer les jeunes.
Et bienvenue à chacun et chacune, bien sûr, le Seigneur en vous voyant sourit, est heureux.  « Ah ! Il y en a quelques uns quand même qui pensent à Moi aujourd’hui ». Donc, soyez les bienvenus de la part du Seigneur.
Aujourd’hui, comme chaque Eucharistie de toutes façons, est importante, c’est le sommet de ce que nous pouvons vivre, cette rencontre avec un Dieu qui se donne, avec un Dieu qui est Père, plus Père qu’on ne peut l’imaginer, un Père qui nous donne la lumière de sa Parole et notre force de sa vie offerte.
Entrons dans cette rencontre qui nous sauve en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMÉLIE : Évangile, c’est-à-dire Bonne Nouvelle. Il y a des bonnes nouvelles qui ne sont pas toujours faciles à accueillir, entendre, parce qu’elles sont exigeantes, mais l’amour, l’amour authentique est exigeant.
Il fut une époque, peut-être, où on parlait, un peu trop souvent, peut-être, des fins dernières, et pourtant c’est bien le but de la vie, de la vie terrestre, et ce qu’on appelle les fins dernières, qu’est-ce qui va bien arriver au terme de l’histoire. Aujourd’hui, on est tombé souvent dans l’excès inverse, et on parle rarement des fins dernières, mais Jésus Lui en parle régulièrement dans l’Évangile. Aussi, il est opportun, lorsque l’Évangile qui nous est donné en parle, eh bien, effectivement, de se faire l’écho de la parole nuancée mais forte de Jésus.
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » Jésus ne répond pas directement à la question posée, comme souvent d’ailleurs, soit parce que l’intention de celui qui pose la question n’est pas honnête, soit parce qu’il n’est pas utile de répondre directement à la question, et c’est bien ce qui se passe ici ; d’une part parce que pour Lui la seule question importante n’est pas combien seront sauvés, mais comment être sauvé ; et d’autre part, répondre directement à la question posée serait démobilisateur quelle que soit la réponse, dans tous les cas.
Alors, avec sagesse et habileté, Jésus répond : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas ». Autrement dit, Jésus ne cache pas la difficulté qu’il y a à être sauvé.
Dans un autre passage relatif à l’attachement aux biens de ce monde où Jésus a des paroles extrêmement fortes et exigeantes, les apôtres s’étaient exclamés : « Mais alors qui peut être sauvé, » si c’est aussi difficile que de faire passer un chameau par un trou d’aiguille? Et Jésus de répondre : « Pour les hommes, c’est impossible ! ». C’est quand même fort ce que dit Jésus : « pour les hommes, c’est impossible ! ». Alors, ne nous endormons pas sur ce que nous pensons être nos mérites, notre valeur, non, aux yeux de Dieu, l’homme n’est jamais à la hauteur du Salut. Tout est gratuit.
Pour les hommes c’est impossible, mais pas pour Dieu, car tout est possible pour Dieu, (Marc 10, 26-27). On peut éventuellement apprendre l’anglais sans peine, alors quand on voit aussi « le chinois sans peine », évidemment on se pose des questions déjà, mais alors le Paradis sans peine, ça c’est carrément impossible. C’est ce que Jésus nous dit : « Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas ».
Si le ton de Jésus est menaçant, c’est parce qu’Il se rend compte de ce que trop d’hommes, d’hommes et de femmes pour faire aujourd’hui, trop d’hommes qui connaissent pourtant la volonté de Dieu, – qui connaissent pourtant la volonté de Dieu – sont négligents. Ils s’imaginent pouvoir aller au Ciel sans un effort sincère de conversion. Illusion, grave illusion ! « Ne cherchez pas dans la bonté de Dieu un prétexte à la négligence », disait au IVème siècle Saint Basile.
Oui, on entend sassez souvent : « oh, le Bon Dieu est si bon », et on le disait déjà, parce que Saint Basile commence par ça au IVème siècle, « le Seigneur est si bon, Il pardonne tout ». Bien sûr qu’Il pardonne tout, mais est-ce que notre cœur est prêt à reconnaître qu’il a besoin du pardon immense de Dieu ? C’est ça la question. C’est, lorsqu’on s’est endurci toute sa vie à faire la sourde oreille aux appels de Dieu, c’est témérité de penser qu’on sera en mesure de reconnaitre sa grande misère, et d’avoir recours à la Miséricorde.
« Ne cherchez pas dans la bonté de Dieu un prétexte à la négligence ». Il y a négligence si l’on se contente d’une pratique religieuse extérieure, sans engagement personnel, du cœur profond, sans conséquence dans la vie de tous les jours, si l’on continue à s’accommoder avec le mal. L’hypocrisie ou du moins la négligence effectivement est de tous les temps.
À ceux-là, le Seigneur répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes, éloignez-vous de Moi, vous tous qui faites le mal ». Et si Jésus s’adressait, bien sûr, à ses contemporains et à ses compatriotes qui, effectivement, étaient ce peuple privilégié parmi tous les autres, qui avaient eu cette Grâce immense d’être choisis et de recevoir les lumières de Dieu, eh bien maintenant, aujourd’hui, c’est nous ce peuple super privilégié, qui avons tout ce qu’il faut, qui avons l’autoroute, pour reprendre les mots de (Carlo Acutis), l’autoroute du Ciel. Nous nous avons l’autoroute pour aller au Ciel, et tous ceux qui ne connaissent pas le Seigneur, qui ne connaissent pas Jésus, eh bien, par la Miséricorde de Dieu y accèderont autrement, mais nous nous avons l’autoroute, et nous avons l’obligation de prendre l’autoroute, pour une fois. Oui, à ceux-là qui négligent, qui méprisent en quelque sorte les avertissements du Seigneur, eh bien, le Seigneur dira « éloignez-vous de moi, vous qui faites le mal ».
Et Jésus de poursuivre avec sévérité : « Il y aura des pleurs et des grincements de dents quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors ». Grave avertissement !
L’Évangile de ce jour se termine cependant, ça ne doit pas nous faire oublier ce qui précède, se termine cependant par une perspective très positive : « Alors on viendra de l’Orient et de l’Occident, du nord et du midi prendre place au festin dans le Royaume de Dieu ».
Dans un autre passage, Jésus parle des serviteurs envoyés sur toutes les places et les chemins du monde pour que la salle des noces soit remplie. C’est ce même désir de Dieu qu’Isaïe voyait déjà : « Je viens rassembler les hommes de toutes nations et de toutes langues. Ils viendront et ils verront ma gloire ».
Bien sûr, parce que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, ces milliards et milliards et milliards d’êtres humains qui ont peuplé la terre. Ils ne sont pas venus par hasard. Aucun n’est venu par hasard, comme nous le rappelait le père François cette semaine, chacun d’entre nous, chaque être humain a été voulu personnellement par Dieu pour la vie éternelle avec Lui.
Je n’ai pas présenté le Père François Scheffer, tout à l’heure, parce qu’il vient souvent nous rendre visite et certains d’entre vous le connaissent déjà, mais il est vrai que les cheftaines ne le connaissent pas, et certaines viennent peut-être de Paris où le Père François exerce son ministère à la Chapelle Notre Dame du Lys dans le XVème arrondissement. Donc, pour les parisiennes, avis aux amatrices.
Oui, bien sûr, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, mais il ne forcera pas parce qu’Il nous aime, parce qu’Il respecte notre liberté. Cette promesse de Salut universel s’accomplit peu à peu dans l’Eglise, oui, bien sûr, et quand on a la déprime, regardons la croissance de l’Eglise depuis 2000 ans. C’est quand même encourageant. Oui, dans l’Eglise, dans laquelle une multitude de peuples se rassemblent sur toute la terre, ils confessent la même foi et sont animés par le même Esprit Saint.
En écho à l’Évangile, la lettre aux Hébreux encourage à supporter les épreuves. En effet, la porte étroite de l’Évangile ce sont entre autres les épreuves, les souffrances et donc aussi les tentations de renoncer, de se décourager. «  La vie est un combat, accepte-le », disait sainte Mère Térésa. Oui, quelle combattante ! Extraordinaires les saints, ils nous boostent, et si on les regarde de près, eh bien, voilà, on sent bien qu’on ne leur arrive pas à la cheville, car il ne s’agit pas de copier, comme nous l’a rappelé le pape, mais il s’agit de s’inspirer de leur fidélité, de leur foi, de leur générosité, pour vivre notre vocation, unique, chacun. Oui, la vie est un combat, accepte-le.
L’auteur de la lettre aux Hébreux voit même dans les épreuves une occasion de progrès, de maturation. Quand le Seigneur aime quelqu’un, nous disait l’auteur, Il lui donne de bonnes leçons, il corrige tous ceux qu’Il reconnait comme ses fils. Non pas que le Seigneur se plaise à nous envoyer des épreuves, Il a autre chose à faire. Le Bon Dieu, ce n’est pas Lui qui envoie les épreuves, non, les épreuves viennent justement de notre monde blessé par le péché, mais Il permet les épreuves.
Mais pourquoi les permet-Il ? Lorsque l’épreuve est comprise ainsi comme permise par le Seigneur, par son amour paternel, en vue de notre purification et d’une union plus profonde avec Lui, alors elle est un soutien, un regard positif pour la porter et la traverser en nous rappelant notamment ce que Jésus disait à Saint Paul dans une situation semblable où il se plaignait, il grognait : « Seigneur, j’en ai marre d’avoir à vivre ça ! » Eh bien, Jésus de lui répondre : « Ma grâce te suffit, » -ma grâce te suffit, aie confiance en Moi, en ce que je fais, ma grâce te suffit,- « ma puissance se déploie dans la faiblesse ».
Comme les parents permettent aussi parfois à l’enfant de faire des expériences douloureuses pour lui permettre de prendre conscience qu’il se trompait, et c’est eux qui avaient raison. Le Seigneur nous accompagne en toute épreuve, ça c’est une certitude, pour nous permettre justement de la traverser, d’en tirer des fruits positifs.
Elles sont nombreuses, vous les avez entendues comme moi, les personnes qui peuvent témoigner combien l’épreuve leur a ouvert les yeux et ouvert à une vie nouvelle, qu’elles ne voudraient plus perdre pour tout l’or du monde.
La porte étroite c’est Jésus Lui-même : « Je suis la porte, -dit Jésus dans l’Évangile de Saint Jean-, si quelqu’un entre par Moi, il sera sauvé ».
Entrer par la porte qu’est Jésus, c’est Le suivre, bien sûr, dans sa vie, dans l’exemple de vie qu’Il nous donne, et aussi dans sa mort, dans son offrande ultime, dans son abaissement, dans son offrande totale pour partager un jour sa gloire, il n’y a pas d’autre chemin. Amen.