24e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (B)

12 septembre 2021

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Introduction : Frères et sœurs, rassemblés en ce 24ème Dimanche du Temps Ordinaire, pour célébrer le Seigneur, manifestons notre joie de nous rassembler et aussi, implorons sa miséricorde pour nous, pour notre pays et pour le monde entier.

Homélie : Frères et sœurs, est-ce que vous allez bien ce matin ? Avez-vous passé une bonne nuit ? Donc je suppose que vous serez éveillés pour l’homélie. On est d’accord ? On s’endort pas !
Si le Seigneur nous permet d’entendre sa Parole et de vivre ce moment privilégié avec Lui, c’est qu’Il a une réalité. Il a quelque chose à communiquer à notre cœur et à notre vie. Les lectures de ce jour nous orientent vers l’obéissance totale de Jésus-Christ à la volonté du Père. Cela faisant, Jésus nous entraîne nous aussi, en tant que ses disciples, à entrer dans cette obéissance.
Dans la première lecture que nous avons entendue, nous avons entendu que : « Tu ouvres mon oreille. » Or nous savons que cet organe de l’oreille, à la fois est l’organe par excellence de l’obéissance, de l’écoute et de l’obéissance, et cet organe est directement lié au cœur. Par rapport aux autres sens, c’est l’organe le plus proche du cœur.
L’oreille. C’est étonnant quand on entend. Lorsque nous parlons, nous nous rendons compte que ce qui est dit touche notre cœur. Et cela peut, à la fois, soit nous blesser, soit nous construire. Et c’est déterminant pour la croissance d’un être humain.
Jésus, dans le chant du Serviteur Souffrant que nous venons d’entendre, – bien sûr, vous avez deviné qu’il s’agit de Jésus-Christ, qui est le Serviteur Souffrant-, Jésus entre dans l’obéissance du Père. Voilà pourquoi Il peut dire que : « Tu ouvres mon oreille. »
Vous vous souvenez, le psaume 40 nous dit : « O Seigneur, Tu m’as façonné un corps et je suis venu pour faire Ta volonté. » Et ce psaume a été repris dans la lettre aux Hébreux pour dire que le Christ vient faire la volonté du Père. Alors c’est à la fois son identité et à la fois sa mission.
Et c’est ce que nous avons entendu dans l’Évangile. Jésus commence par interroger ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? Pour les autres, – ceux qui sont un peu loin de moi, – qui suis-je ? » Ils commencent par le décrire comme un prophète, comme quelqu’un d’extraordinaire et ça s’arrête là. Soit Jean le Baptiste, soit Élie, soit un prophète des anciens temps qui accomplissait les œuvres de la part du Père, de Dieu.
Et Jésus leur pose la question : « Mais pour vous, – vous qui marchez avec moi – qui suis-je ? » Jésus fait entrer ses disciples dans un processus où ils connaitront leur identité profonde de disciple. Et Pierre, toujours assez fougueux, répond : « Tu es le Christ, Tu es le Messie », c’est-à-dire, le « Oint », l’envoyé du Père. Et Jésus dit à ses disciples : « Je vous interdis formellement d’en parler. »
Et à la fois, il lie une autre parole qui est assez étonnante, il pouvait s’arrêter là, et puis dire à ses disciples : « bon, nous continuons le chemin. » Non, il dit : « Je vais monter à Jérusalem, je vais beaucoup souffrir. » C’est-à-dire, il leur révèle sa mission. Il révèle l’Œuvre pour laquelle le Père l’a envoyé.
Et cette Œuvre, premièrement, c’est de participer intégralement et totalement à la condition humaine, voir la condition la plus difficile qu’est la souffrance. C’est une question qui nous est posée, qui nous ramène à nous-mêmes : Que faisons-nous des épreuves par lesquelles nous traversons ? Les épreuves au niveau de notre travail, de notre famille, de notre santé, et bien tant d’autres épreuves et souffrances que nous traversons. Qu’est-ce que nous en faisons ? Est-ce que nous les portons nous-mêmes et essayons de nous sauver nous-mêmes ? Ou est-ce que nous entrons dans cette obéissance du Fils au Père ? Et le Fils et le Père nous donnent l’attitude fondamentale, qui est d’être affermis au fond de nous-mêmes, pour que ces épreuves ne puissent pas ébranler notre foi et notre relation au Père, qui va nous déterminer vers notre destinée finale. C’est une question que je me suis posée et que je me pose avec vous aussi : que faisons-nous de nos difficultés, de nos souffrances, des réalités de la vie qui nous pèsent par moments ?
Et on se rend compte que dans cet Évangile, Pierre n’est pas tout à fait d’accord avec Jésus. Il se dit : « Ben non, nous, on te prend comme le Seigneur, comme le Maître, comme le Dieu, et tu nous dis que toi, tu vas souffrir ! C’est un déshonneur ! C’est une humiliation. » Et on nous dit ceci : « Jésus se retourne, » il regarde ses disciples : « voyant ses disciples, il adresse cette parole à Pierre : ‘arrière Satan !’ » Il ne dit pas que Pierre est possédé. Mais souvenons-nous, lors de la tentation de Jésus, le diable voulait détourner Jésus de sa mission, de l’Œuvre du Père, en lui proposant plein de mirages. Et Jésus est resté ferme dans la volonté du Père.
Là aussi, c’est comme si Pierre voulait détourner Jésus de sa mission. Par sa parole, il tente d’embrouiller, il tente de mettre des obstacles vers cette volonté du Père qui est en train de s’accomplir. Et Jésus le reprend en disant : « Arrière Satan ! » En fait, il vient d’avoir une pensée comme celle que le Satan a eu envers Jésus pendant la tentation. Mais cela ne veut pas dire que Pierre est possédé ou que c’est un envoyé de Satan.
Par moments, il nous arrive, nous aussi, d’être des obstacles à la volonté du Père, dans la vie, dans notre propre vie et dans la vie des autres. Par moments, quand nous avons des enfants, ils font des choix et ces choix ne nous plaisent pas du tout. Parce qu’on aurait voulu qu’ils soient médecin ou prêtre ou je ne sais pas quoi, et l’enfant prend un autre chemin. Et nous, on veut forcément que l’enfant obéisse à notre volonté.
Est-ce que cette volonté c’est la volonté du Père des Cieux ou c’est simplement mon égoïsme, mon orgueil et mon égoïsme qui me pousse à prendre cette décision à la place de l’autre ? Autant de questions que nous pouvons nous poser.
Dans la lettre de Saint Jacques que nous venons d’entendre, il n’est pas question d’autre chose que de cette volonté du Père dans l’œuvre qui est accomplie. Saint Jacques nous dit : « Si tu as la foi et cette foi n’a pas d’œuvre, c’est une foi qui est morte. » Attention ! Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela ne veut pas dire que nous allons rajouter quelque chose à cette mission de Jésus-Christ qui est venu sauver les hommes. On ne peut rien ajouter à la Passion, à la mort et à la Résurrection de Jésus. On ne peut rien ajouter au désir de Dieu de sauver l’homme. Parce que, par moments, on se dit : « oui, ben voilà, je vais accepter ou je vais souffrir pour le Christ, pour que les hommes soient sauvés. » L’homme ne peut rien ajouter. Donc, il faut bien comprendre cette parole de Saint Jacques.
Il y a, je dirais, cinq éléments fondamentaux qui permettent à ce que Dieu nous sauve, qui nous justifient. Le premier élément, c’est la Grâce. Sans la Grâce du Père, sans la Grâce de Dieu, on ne peut absolument rien faire.
Le deuxième élément qui nous est donné, c’est la Foi. C’est comme la réponse de Dieu à la Grâce qui nous est donnée. La Grâce de Dieu nous est donnée dans notre quotidien, à travers les joies et les peines, parce que Dieu est avec nous. Quelle est ma réponse ? Quelle est ma Foi ? Si c’est ma Foi qui est empreinte de désespoir, d’empathie, d’une personne qui se plaint tout le temps, est-ce que réellement cette Foi portera du fruit ? Une question que je me pose avec vous, bien sûr.
Le troisième élément qui est donné, c’est le Sang du Christ, la Passion du Christ, le Sacrifice du Christ qui nous sauve, qui nous justifie et qui nous rend parfaits devant le Père.
Le quatrième élément qui est donné, c’est à la fois, – il est double – c’est à la fois, la Puissance de Dieu qui s’accomplit dans notre quotidien et à la fois l’œuvre, qui est, non pas quelque chose qui va ajouter à la Passion, à la mort de Jésus-Christ, mais qui vient comme le fruit de la Grâce, de la Foi, du Sacrifice du Christ et de la Puissance du Père qui va s’accomplir.
Est-ce que ça va ? Je vous ai pas perdus ? Non, vous êtes encore là !
Si nous pensons que nous rajoutons quelque chose à la Passion et à la mort du Christ, à travers ce que nous faisons, c’est une hérésie, c’est une erreur qu’on appelle la synergie, qui a existé dans l’Église et qui continue toujours d’exister dans l’Église et qui a donné la voie à un certain courant qu’on appelle, pas très loin de notre époque, le jansénisme : il faut souffrir pour que l’homme soit sauvé, il faut souffrir pour qu’on soit sauvé. Non ! Le Christ a assumé toute la souffrance, il ne demande pas ça de nous.
La seule chose qu’il nous demande : l’épreuve qui nous arrive, il faut consentir à cette épreuve, mais sous le regard, la Grâce, la Puissance de Dieu et l’Amour de Dieu.
Demandons au Seigneur la Grâce pour nous-mêmes, pour nos frères et sœurs, pour toute personne qui passe par des épreuves, de savoir rester serein, d’avoir le cœur, comme on l’a entendu dans la première lecture : « le visage affermi », c’est-à-dire avoir cette stabilité dans la Foi à la volonté du Père pour que son œuvre s’accomplisse tous les jours de notre vie. Amen.