27e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (B)

3 octobre 2021

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Introduction de Frère Omer : Frères et sœurs, nous sommes réunis en ce 27e Dimanche du Temps Ordinaire pour célébrer le Seigneur. Les lectures de ce jour nous invitent à considérer deux réalités : le fondement de la relation qui détermine toutes nos relations et le sens de la bénédiction.
Au début de cette célébration, présentons-nous devant le Seigneur avec tout ce que nous avons au fond de notre cœur dans le sens de la relation et de la bénédiction. Et implorons sa miséricorde où nous avons manqué de bénédiction et de relation saine.

Homélie de Frère Philippe-Marie :
« Est-il permis ? » « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Miracles et faillites de l’amour ! Le livre de la Genèse s’ouvre par l’extase d’Adam devant la première femme. L’histoire, hélas, est pleine de divorces, de répudiations, d’adultères. Non seulement chez les païens, mais jusque dans le peuple de Dieu.
Que s’est-il passé ? Immédiatement après ce magnifique récit de la Création, le livre de la Genèse nous raconte le drame de la rupture de la relation de l’homme avec Dieu ; l’homme croyant pouvoir devenir comme Dieu, sans Dieu. Mais cette rupture de relation de l’homme avec Dieu va avoir pour conséquence, comme en un jeu de dominos, la rupture à l’intérieur même de l’humanité, et en particulier entre l’homme et la femme.
Et la question posée à Jésus pour le mettre à l’épreuve est significative de la dégradation qui s’est produite dans le cœur humain.
« Est-il permis? » On est dans le permis-défendu. Or, Jésus ne répond pas sur ce registre-là. Jésus répond en se référent « au commencement de la Création ». Autrement dit, au récit que nous avons entendu dans la première lecture.
Or, il n’y est nullement question de « permis » et de « défendu ». Il est question de bonté : « Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul » ».
Dieu a voulu ce qui est bon pour l’homme. Et ce qui est bon pour l’homme, c’est qu’il vive dans une relation d’amour privilégiée, unique, à l’image des relations d’amour qu’Il vit Lui-même à l’intérieur de la sainte Trinité.
Ce qui est bon pour l’être humain, c’est qu’il vive dans une relation d’amour, et non pas seul. C’est dans cette relation d’amour que l’être humain progresse vers son achèvement. C’est dans cette relation d’amour que l’homme et la femme sont davantage eux-mêmes, ou plutôt que chacun aide l’autre à être vraiment, pleinement lui-même, elle-même. C’est en ce sens que le Seigneur dit : « Je vais lui faire une aide qui lui correspondra ».
Ainsi l’homme pourra être davantage lui-même grâce à la femme, et la femme pourra être davantage elle-même – femme –  grâce à l’aide de l’homme. Et chacun pourra par conséquent mieux correspondre l’un à l’autre, mieux être en harmonie chacun avec son conjoint.
Mais le péché a entraîné comme conséquence, une dureté des cœurs, comme nous le dit Jésus ; littéralement une «sclérocardie», une sclérose du cœur, un durcissement du cœur. Le cœur en se durcissant ne se situe plus au niveau de ce qui est bon, mais au niveau légal, au niveau de la raison froide, au niveau du permis et du défendu. Et peu à peu, on va s’ingénier à faire en sorte que tout soit permis et que presque plus rien ne soit défendu. C’est la situation dans laquelle se trouvent nos sociétés occidentales aujourd’hui.
On nous dira : « Oui, mais il faut être de son temps, les choses évoluent ! » Les paroles du Christ nous ramènent à l’essentiel : une loi humaine n’est valide que lorsqu’elle ne contredit pas une loi divine. Une loi humaine n’est valide que lorsqu’elle ne contredit pas une loi divine. « Donc, ce que Dieu a uni que l’homme ne le sépare pas ! » Il ne faut quand même pas oublier que le mariage est un projet divin avant d’être une décision humaine !
Et en même temps, seul Dieu, vivant en nous, peut rendre possible ce qui  nous semble impossible. Le sacrement de mariage n’est rien d’autre que la « grâce », c’est-à-dire le don gratuit de Dieu, qui guérit l’impuissance du cœur humain à aimer comme sait aimer le Dieu de l’Alliance.
C’est par son mystère d’abaissement que Jésus est venu sauver, guérir, restaurer le cœur humain et l’amour humain. Dieu a mené son Fils à sa perfection humaine par des souffrances, pour qu’Il soit à l’origine de notre Salut. C’est ce que nous disait l’auteur de la lettre au Hébreux dans la deuxième lecture. Jésus a pâti tout le non-amour, toute la haine dont nous sommes capables, en restant dans l’amour. Sur la Croix, Il a fait triompher l’Amour sur toutes les formes possibles du mal et de la destruction.
C’est donc en levant les yeux vers le Crucifié, que nos cœurs pourront être guéris, pardonnés, sauvés, restaurés. C’est en regardant le Crucifié que notre amour humain pourra être sauvé, restauré… et même divinisé.
Jésus n’a pas honte de nous appeler ses frères. N’ayons pas honte, nous, de l’appeler notre Sauveur, le Sauveur de notre amour, le Sauveur de notre cœur, le Sauveur de notre couple, le Sauveur de notre famille. Prenons Jésus dans nos vies pour qu’Il conduise notre amour et qu’Il le fasse entrer dans la Vie et l’Amour éternels auxquels Il nous convie. Amen.