33e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (B)

14 novembre 2021

  • Mgr Bernard Charrier, évêque émérite de Tulle Mgr Bernard Charrier, évêque émérite de Tulle

Mot d’accueil : Elle est belle notre communauté ce matin, c’est le Seigneur qui nous rassemble, avec vous, frères de cette communauté, avec vous les plus jeunes, scouts et guides d’Europe, avec vous les grands jeunes de l’aumônerie, et puis avec vous, le groupe des diacres de la région Pays de la Loire qui termine, ce dimanche, et je termine avec eux, ce dimanche, un temps de retraite. Bienvenue aussi aux chrétiens de cette région.
Ensemble, nous sommes heureux de célébrer le Christ, le Seigneur, qui se rend présent parmi nous. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Le Seigneur dont nous attendons aussi la venue, en gloire, à la fin des temps.
Alors préparons nos cœurs pour entendre mais aussi accueillir au plus profond de nos cœurs sa Parole et partager aussi le pain de vie, son Eucharistie. Invoquons sa miséricorde, confessons que nous sommes, nous aussi, pauvres pécheurs.

Homélie : Jésus vient de nous parler de sa venue, à la fin des temps. Toutes les lectures que nous venons d’entendre nous donnent à réfléchir sur le temps, le temps que nous vivons, le temps dans lequel nous sommes. C’est un temps de détresse. C’est un temps aussi pour accueillir la parole de pardon et de paix et c’est un temps pour espérer.
Un temps de détresse, oui. Un temps de détresse où les forces du Mal sont à l’œuvre à travers les violences, sous toutes leurs formes, à travers ces drames dont nous sommes les témoins chaque jour ; Drame par exemple des migrations.
Temps de détresse aussi. Le psaume 15 fait écho aux idoles. Ces idoles qui sont toujours renaissantes, qui nous entourent. Les idoles : l’idole de l’argent, l’idole des drogues, des addictions, addiction à l’alcool, addiction à l’écran. Oui, temps de détresse.
Mais ce temps de détresse, c’est un temps pour faire œuvre d’intelligence. Nous avons entendu dans le livre de Daniel : « Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament ». Intelligence, oui, mais pour discerner. Discerner ce qui est humain, ce qui est le plus humain, ce qui est bon, ce qui est beau, ce qui est vrai.
Donc, temps de détresse, oui, mais qui nous invite à faire œuvre d’intelligence, de discernement, et aussi faire œuvre de justice. « Ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais. » C’est encore donc un petit extrait de la lecture du livre de Daniel. Temps pour faire œuvre de justice et donc pour nous déterminer : qui voulons-nous servir au bout du compte ? Est-ce bien le Seigneur que nous voulons servir ?
Temps de détresse mais aussi un temps pour accueillir la grâce du pardon et de la paix. Et c’est le petit passage que nous avons entendu de la lettre aux Hébreux : « Jésus-Christ, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu… Il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. » Oui, un temps où déjà, par son sacrifice unique, Jésus-Christ mène à la perfection ceux qu’il sanctifie.
Donc dès ce temps-ci, au milieu des détresses de notre monde, Dieu a répandu l’Esprit-Saint dans les cœurs pour nous apprendre le chemin de la vie, pour que le Seigneur demeure le lot de nos cœurs. Ce beau psaume 15 nous fait dire, chacun, à la suite du psalmiste : « Oui, je garde le Seigneur devant moi sans relâche, lui il est à ma droite et moi je suis inébranlable », au cœur même des épreuves de ce temps. Et puis, Seigneur, toi, tu m’apprends le chemin de vie.
Alors un temps, oui, pour accueillir la grâce du pardon, la grâce de la paix, pour accueillir le Seigneur qui se fait proche de nous, le Seigneur qui se donne à nous. Donc temps de détresse, temps pour accueillir la grâce du pardon, de la paix de Dieu mais un temps aussi pour espérer. C’est un temps où nous nous sommes dit pendant ce temps de retraite avec les diacres et leurs épouses, depuis vendredi soir, nous nous sommes dit que la création gémit, mais elle gémit dans les douleurs d’un enfantement. Nous-mêmes nous gémissons car nous avons reçu simplement un gage, l’Esprit Saint, mais nous attendons la pleine révélation de notre identité d’enfant de Dieu. Nous sommes dans l’attente de notre rédemption. Oui, le Salut est objet d’espérance. Alors, quelle est notre espérance à nous, les chrétiens ?
Eh bien, nous espérons être avec le Christ pour toujours. Nous espérons lui ressembler, être semblables à lui. Et puis, l’évangile vient de nous le dire, nous espérons le rassemblement de tous les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la Terre jusqu’à l’extrémité du ciel. Bref, ce que nous espérons c’est le grand moment de communion des saints.
Alors oui, c’est lui qui nous a tout donné. Le Christ nous a tout donné. Il nous a donné sa Parole, son Évangile. Il nous a donné sa Vie, cette Vie que nous allons recevoir dans l’Eucharistie. Il nous a donné l’Esprit-Saint qui repose dans nos cœurs. Alors celui qui nous a tout donné, eh bien, nous pouvons être en confiance, il nous donnera tout, il nous donnera la vie en plénitude.
Mais cela, la venue du Christ dans sa gloire pour rassembler tous les élus, pour que nous puissions être avec lui, être semblable à lui, cette venue reste le secret du Père. Vous avez entendu la dernière parole de l’évangile : « Quant au jour, à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. » Saint Augustin parle d’une « docte » ignorance, d’une savante ignorance. Oui, Jésus nous a tout dit, nous a tout donné. Et en même temps, ce qui reste dans le secret du Père, c’est le jour, l’heure, de sa venue dans la gloire. C’est justement la fin des temps. (Amen).