4ème Dimanche de Pâques (A)

3 mai 2020

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction : Quatrième Dimanche de Pâques, Dimanche du Bon Pasteur, Dimanche de la journée mondiale de prière pour les vocations, l’occasion de nous rappeler que chacun de nous est appelé par le Seigneur : « Sa voix t’appelle jour après jour et te conduit ». Prier pour les vocations, c’est prier pour que chacun de nous, chaque baptisé réponde pleinement à l’appel que le Seigneur ne cesse de lui adresser. Ceux qui cherchent justement déjà leur engagement particulier de vie, mais aussi ceux qui sont déjà engagés dans un chemin de vie, pour qu’ils soient fidèles à cet appel reçu. Cet appel à correspondre toujours mieux à la vocation, à l’appel que le Seigneur adresse à chacun.

Prions avec toute l’Église, dans cette intention, pour qu’en particulier des jeunes, jeunes ou moins jeunes, que le Seigneur appelle aujourd’hui d’une manière plus explicite à sa suite, à le servir dans l’Église par le ministère presbytéral, diaconal ou la vie consacrée, qu’ils aient la confiance, l’audace, la foi surtout en Jésus pour le suivre, pour écouter cet appel.

Entrons dans cette eucharistie qui nous sauve, qui nous libère, qui nous ouvre au souffle nouveau en nous reconnaissant pécheurs, en nous laissant purifier par cette eau…

 

Homélie : Cette parabole dite du Bon Pasteur, Jésus l’adresse concrètement aux pharisiens, mais ceux-ci « ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire » ajoute Saint Jean. Voilà pourquoi Jésus va expliquer partiellement la parabole en s’identifiant tour à tour à la porte puis au pasteur. Dans l’évangile de cette année liturgique A, nous avons la 1ère partie où Jésus déclare : « Je suis la porte des brebis ». Que s’est-il passé juste avant ce discours ? Les pharisiens auxquels Jésus s’adresse sont ceux-là même qui ont jeté dehors, nous dit Saint Jean donc mis à la porte l’aveugle-né guéri par Jésus. Jésus lui au contraire a ouvert la porte de son cœur miséricordieux à cet homme infirme de naissance et lui a ouvert avec le don de sa guérison, non seulement une vie humaine toute nouvelle mais encore une vie de foi en Jésus, en lui.

Cette scène évangélique entendue déjà cette année, le 4 ème Dimanche de Carême est la confirmation de ce que Jésus déclare dans l’évangile de Saint Matthieu cette fois : « Malheureux êtes-vous scribes et pharisiens, hypocrites, vous qui fermez aux hommes le Royaume des cieux, vous n’entrez certes pas vous-mêmes et vous ne laisser même pas entrer ceux qui le voudraient » Mat 23,13. « Je suis la porte des brebis », autrement dit des hommes, dit Jésus.

La porte , une réalité qui nous parle sans doute plus fortement depuis quelques semaines, tant nous faisons la différence entre des portes fermées et des portes ouvertes que ce soit dans les églises, les hôpitaux ou maisons de retraite, mais aussi tous nos lieux de vie et de travail. Cependant « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » nous dit la sagesse populaire. Autrement dit une porte a toujours un double rôle, si on la ferme c’est parce qu’elle a un rôle de barrière, de protection : garder la chaleur ou la fraîcheur selon la saison, protection sanitaire, on en sait quelque chose, protection aussi contre les indiscrétions, les intrusions ou les vols.

Si on ouvre la porte c’est parce qu’elle a aussi un rôle de passage pour faciliter les entrées et les sorties, sinon il faudrait être comme la chèvre de Monsieur Seguin !.

En déclarant qu’il est la « porte des brebis », jésus nous révèle qu’il a ce double rôle envers nous. Il est en effet la porte de la bergerie-église, porte qui depuis plus de 2000 ans protège le peuple de Dieu de tous les assauts meurtriers de ceux qui voudraient la faire taire ou même la détruire. De  ceux aussi hélas qui parfois la défigure ou l’attaque de l’intérieur. Mais Jésus nous a promis que malgré la violence de tous ces assauts, les puissances de mort ne l’emporteront pas sur son église comme il l’a promis à Pierre et à travers lui et bien à ses successeurs et à toute son église. Oui, et il tient de fait ses promesses nous en sommes témoins.

Porte qui protège. Jésus est bien plus encore la porte Pascale, la porte de passage par laquelle Dieu vient à nous et par laquelle nous allons à lui. L’humanité de Jésus en effet est bien la porte par laquelle notre Père du ciel est venu et vient toujours à nous et nous offre tout son amour. En lui, Jésus son Fils bien aimé : « En lui j’ai mis tout mon amour » Mat 3,17.  « En nous donnant son Fils il nous a tout donné » je crois que c’est une parole de Paul je n’arrive pas à retrouver mais je crois que c’est lui.

L’humanité de Jésus est aussi la porte par laquelle nous revenons dans la maison du Père c’est-à-dire dans son cœur. « Brebis errantes que nous étions » comme le dit Saint Pierre : « Nul ne vient au Père sans passer par moi » Jn 14,6 déclare explicitement Jésus.

Dans cette humanité  sainte de Jésus, c’est surtout son cœur ouvert sur la croix qui est devenu par excellence la porte du salut, la porte du ciel. Comme l’avait annoncé le prophète Zacharie : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé, ils le pleureront comme on pleure un premier-né, ce jour là une source jaillira pour la maison de David, en remède au péché et à la souillure » Zac 12, 10,13,1. « C’est par ses blessures nous dit à son tour Saint Pierre aujourd’hui, c’est par ses blessures que nous avons été guéris ».

Oui en contemplant  cette porte du cœur ouvert du Christ sur la croix nous sommes touchés comme les auditeurs de Saint Pierre au jour de la Pentecôte. Oui Jésus est notre Pâque, notre porte de passage, la seule qui peut nous faire passer de l’enfermement du péché à la liberté d’une vie dans la grâce de Dieu c’est-à- dire d’une vie avec Dieu et en Dieu.

Jésus est La Porte, l’Unique qui ouvre à la vie en abondance, à la vie éternelle.

Mais il a besoin, il veut avoir besoin « d’enseignes lumineuses » car il me semble que notre monde d’aujourd’hui ressemble à un labyrinthe où beaucoup de personnes cherchent  comment sortir de ce confinement spirituel dans lequel la société veut nous enfermer, enfermer notre horizon, limiter notre horizon à ce consumérisme. Et bien Jésus est la porte, la sortie mais encore faut-il des enseignes lumineuses » comme dans beaucoup de salles publiques qui indiquent où est la sortie. Et c’est bien là la vocation du baptisé, être ces « enseignes lumineuses » dans ce monde d’aujourd’hui pour  indiquer la sortie, l’unique sortie spirituelle qui peut nous apporter la vie en abondance.

Bien prions effectivement pour que chacun de nous se sente cette vocation, se redécouvre cette vocation «  d’enseigne lumineuse, » oh ! petite !, il y en a qui sont plus ou moins lumineuses dans notre église aussi, mais voilà, à sa mesure chacun de se rappeler qu’à la mesure où nous laissons Jésus effectivement briller dans notre cœur et bien nous devenons à notre tour  des petites enseignes qui indiquent cette porte qui libère, cette porte qui ouvre à la vie, à la vraie, à la vie en abondance.

Prions bien sûr aujourd’hui pour les vocations spécifiques de prêtres, de religieux, de religieuses, de missionnaires, de diacres, voilà, parce que et bien effectivement dans le mystère de l’église ils ont une vocation toute particulière à être ces « enseignes lumineuses », en principe, ces panneaux indicateurs qui indiquent la sortie vers le salut, vers le ciel. Oui prions.

Le service national des vocations nous invite fortement aujourd’hui à consacrer une demi-heure de prière, en particulier en famille et puisque nous sommes au mois de Marie et bien prions notre chapelet en famille ou personnellement, à deux ou trois pour qu’entendent ceux que le Seigneur appellent à son service pastoral, particulier, dans une vie qui lui soit totalement consacré, qu’ils sachent entendre cet appel du pasteur et y répondre avec confiance.

Oui que le Seigneur nous donne d’être encore un fois ces enseignes qui aident les autres à trouver la porte de Jésus, la porte de la vie en abondance. Amen