5e Dimanche du Temps Ordinaire (B) 2024

4 février 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : PERE PHILIPPE-MARIE

Bienvenue aux Louveteaux de Laval. Bienvenue aux jeunes membres de l’aumônerie de la paroisse Saint Jean-Paul II de Betton en Ille et Vilaine, et puis bienvenue aux membres de notre famille spirituelle, nos Petites Sœurs et les Messagers et Messagères de Marie Mère du Rédempteur.

« La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres, le Seigneur sauve son peuple ».

C’est une proclamation de foi que nous venons d’exprimer à travers notre chant, mais ça doit être aussi une prière, une supplication en pensant aujourd’hui aux agriculteurs, à ces traités de libre échange qui menacent souvent l’agriculture non seulement en France, mais dans toute l’Europe. Mais je crois qu’il nous faut supplier le Seigneur pour qu’Il nous sauve de situations d’injustice, de péril ? qui nous touchent, qui touchent nos proches.

Frères et sœurs préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMELIE : PERE PHILIPPE-MARIE

St Marc, dont nous lisons de manière continue l’Evangile en cette année « B », nous présente la première journée messianique de Jésus. Cette journée a commencé un Sabah, autrement dit la première action messianique de Jésus a été de vivre le jour du Seigneur, de rendre à Dieu l’honneur qui lui est dû, et c’est de là, de ce culte du Seigneur que tout a découlé pour Lui. A la synagogue, Il a été invité à lire et à commenter un passage de la Torah ou des prophètes, c’était l’Evangile de dimanche dernier :

  • « Tous ont été stupéfaits, car Jésus était un homme qui parlait avec autorité, et non comme les scribes »

Jésus se révèle là comme l’homme de la Parole. Il est le Verbe, la Parole faite chair, et la finale de notre Evangile nous le confirme, Jésus leur dit :

  • « Allons ailleurs dans les villages voisins afin que là aussi, Je proclame l’Evangile, car c’est pour cela que Je suis sorti. Je suis sorti pour proclamer l’Evangile ».

Jésus est sorti bien sûr en ce petit matin du premier jour de la semaine, mais plus profondément c’est pour cela qu’Il est sorti de Dieu, en prenant notre chair humaine, pour nous dire la Parole de Dieu, pour nous communiquer la Parole de vie, la Parole qui libère, et c’est cela l’Evangile, cette Parole qui libère et donne la vie, la vie de Dieu, Jésus homme de la Parole.

Notre page d’Evangile nous révèle encore Jésus comme l’homme du combat. Il s’agit évidemment d’un combat spirituel bien plus sanglant que les batailles humaines. Son adversaire s’appelle Satan dont le visage et les intentions se révèlent à travers les possédés, les fiévreux, tous les gens atteints de toutes sortes de maladies. Dans l’antiquité au temps de Jésus, la maladie, la fièvre, étaient attribuées à une origine non naturelle. Job dans notre première lecture nous apparait comme l’homme qui a été soumis au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qu’il a livré à ce pouvoir comme le dira St Paul. Job se compare à un esclave qui n’a en partage que le néant. Il ne compte plus ses nuits de souffrance, sa vie n’est qu’un souffle bien ténu, bien fragile.

Tel est le sort de l’humanité depuis qu’elle a été soumise au pouvoir du péché et de l’auteur du péché. Jésus vient précisément pour libérer l’homme de la servitude, de l’esclavage du prince de ce monde, et Il le fera par un duel prodigieux avec l’auteur du mal. Ce combat commence dès ce premier jour par la victoire sur les maladies et l’expulsion des démons. C’est ainsi que la belle-mère de Simon, libérée de sa fièvre pourra se lever, et littéralement pourra ressusciter, c’est le mot qu’emploie St Marc dans le grec :

  • « Ils se mettent à les servir »

Passage de la servitude au service, Jésus nous arrache à la servitude du mal pour nous mettre au service de l’Eglise :

  • « La fièvre la quitta et elle les servait »

Et nous pouvons nous poser la question : En ce qui me concerne, comme est-ce que je me situe ? Qu’est-ce qui me rend malade ? Qu’est-ce qui m’asservit ? En quoi ai-je besoin d’être libéré, guéri, pour mieux servir le Christ et son Eglise ? Jésus, homme de la Parole, Jésus, homme du combat, et enfin Jésus, homme de la prière. Dès la première nuit qu’il passa près de Jésus, Simon-Pierre découvrit cet essentiel. Voilà ce qui compte vraiment pour Jésus, ce qui doit être mis en premier dans ses journées, la rencontre avec le Père. Quelle lumière sur la vie profonde sur la vie de Jésus en ce trait que nous révèle St Marc !

  • « Jésus se leva bien avant l’aube, Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là, Il priait, prière prolongée, privée, nocturne ».

C’est la prière qui féconde les paroles et les actes de Jésus. C’est la prière qui donne autorité à sa parole et qui Le rend fort dans le combat.

  • « Un homme qui ne prie pas n’a plus de dedans », a écrit Père Diaef.

Jésus est l’homme des profondeurs, Il parle et Il agit à partir du dedans.

Nous qui avons été plongés dans le Christ par le Baptême, nous qui sommes greffés sur le Christ, où en sommes-nous par rapport à cet essentiel de la prière ? Sur le chemin de Damas Paul a été percuté par la puissance de la Parole de Jésus. Il a été vaincu dans son combat contre Jésus et a été libéré. Il a fait l’expérience de l’intériorité de Jésus qui est venu le rejoindre au plus profond de son cœur pour l’illuminer et lui donner la vie, et désormais, c’est un feu qui brûle en lui et qui le pousse à annoncer Jésus, à annoncer l’Evangile, l’Evangile pour lui c’est Jésus qui nous libère et qui nous donne vie :

  • « Annoncer l’Evangile c’est une nécessité qui s’impose à moi », dit-il.

Il va suivre le même chemin que Jésus, un chemin d’abaissement. Il va se faire faible avec les faibles pour gagner les faibles. Il va se faire tout à tous pour en sauver à tous prix quelques-uns. Il va devenir Christ dans le Christ, totalement habité par le Christ. St Paul est le type même du baptisé qui a vécu à fond son Baptême, autrement dit qui a laissé le Christ prendre toute la place en lui, d’où la fécondité de sa mission.

Hé bien, qu’à travers de la liturgie de ce jour nous laissions le Christ être en nous l’homme de la Parole, en le laissant toucher notre cœur, que nous le laissions être l’homme du combat en rejetant avec Lui toute compromission avec le péché et avec le mal, que nous Le laissions être en nous l’homme de la prière, en l’accueillant à l’intime de notre cœur, et que nous puissions Le laisser alors déployer toute sa fécondité dans notre vie.

AMEN