7e DIMANCHE DE PÂQUES (C) 2022

29 mai 2022

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION à la Célébration : Nous sommes heureux d’accueillir aujourd’hui, et depuis vendredi, un rassemblement régional de la « Communauté du Verbe de Vie », et bienvenue en particulier à Philippe qui célèbre comme diacre du diocèse de Rennes aujourd’hui.
Septième dimanche de Pâques déjà, ça sent un peu la fin du Temps Pascal. Les fins c’est toujours une petite note de tristesse, mais nous serions un petit peu dans cette mélancolie si nous n’avions pas cette grande Promesse du Christ, cette double Promesse, la Promesse de son Esprit Saint. Nous sommes tendus vers la fête de Pentecôte, dimanche prochain, et la Promesse de son retour : « Je ne vous laisserai pas orphelins, Je reviens vers vous ».
C’est pourquoi, l’Église en ce temps lance un double appel : « Viens, Esprit Saint » « Et viens, Seigneur Jésus »
Eh bien, demandons cette Grâce d’entrer dans cette soif, dans cet appel, dans ce désir.
Préparons-nous d’abord à célébrer ce mystère de l’Eucharistie qui est justement le gage de la victoire totale du Christ, de la plénitude de son Esprit qui remplira l’univers, en reconnaissant combien nous avons encore du chemin à faire pour nous laisser conduire par ce Saint Esprit, et pour effectivement être prêts à la rencontre du Seigneur.
Reconnaissons que nous avons péché.

HOMÉLIE : En l’octave préparatoire à Noël, la liturgie nous fait demander sans cesse : « Viens, Seigneur Jésus », et c’est le même appel que le livre de l’Apocalypse nous invite à faire nôtre, nous l’avons entendu à l’instant : « L’Esprit et l’épouse disent « Viens ! ». Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! »… « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » ; et en ces jours-ci, dans cette neuvaine préparatoire à la Pentecôte, l’Église ne cesse aussi d’appeler la venue de l’Esprit Saint : « Viens, Esprit créateur, visite l’âme de tes fidèles, emplis de la Grâce céleste les cœurs que tu as créés ».
Pourquoi donc, en ces jours-ci, appeler spécialement la venue de l’Esprit Saint en nos cœurs ? Eh bien, parce que, bien sûr, la célébration de la Pentecôte que nous allons vivre dimanche prochain, comme toute célébration liturgique n’est pas une simple commémoration, mais une actualisation d’un évènement de Grâce d’hier et pour aujourd’hui, à savoir l’effusion de l’Esprit Saint.
En réveillant notre désir de l’Esprit Saint et en appelant sa venue, nous nous mettons ainsi, bien sûr, à l’école de Marie et des apôtres, puisque c’est la manière dont Jésus leur avait demandé de se préparer à cette effusion de l’Esprit Saint ; il n’y a pas de meilleure école que de suivre leur exemple, et nous aussi de réveiller dans notre cœur cette soif de l’Esprit Saint, redécouvrir combien nous en avons besoin, en tous cas moi, peut-être pas vous, mais je pense que si.
En réveillant notre désir de l’Esprit Saint, en appelant sa venue, nous nous disposons à Le recevoir plus profondément. Ce n’est jamais fini, il faut toujours Le recevoir davantage. Il y a toujours des recoins dans notre vie où nous voulons reprendre les rênes, garder les rênes, « je sais ce que j’ai à faire » ; nous avons du mal à nous donner, à nous livrer à l’Esprit Saint. Pourtant on le chante, on chante et on le rechante : « livrez vous à l’emprise de l’Esprit Saint ». Mais qu’est-ce qu’on en fait ? Il ne faut pas seulement le chanter, il faut le vivre, nous laisser davantage conduire par Lui, puisque comme le déclare St Paul : « Ceux-là sont fils de Dieu qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu ». Mais que c’est dur ! On est tellement spontanément propriétaire de sa vie. Pourtant tout est cadeau ! Pourquoi s’agripper ? Pourquoi ne pas rendre ce qui est tout gratuit, ce qui est toute libéralité, toute magnanimité de Dieu ?
La lecture du Livre des Actes des Apôtres nous donne pourtant un exemple lumineux d’un homme qui s’est laissé remplir de l’Esprit Saint, Étienne, « rempli de l’Esprit Saint », nous dit Saint Luc. Et alors nous voyons justement les fruits, les effets de l’Esprit Saint dans un homme qui se livre vraiment à l’Esprit Saint. Et d’abord il nous est dit qu’Étienne, « rempli de l’Esprit Saint, fixe le ciel du regard ». Fixer le ciel du regard, est-ce que les yeux de notre cœur se fixent sur le ciel, sur Dieu, sur ses Promesses ?
« Il voit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ». Donc la présence en lui de l’Esprit Saint lui ouvre les yeux, et lui fait voir ce que les autres ne voient pas. Ainsi en est-il pour nous aussi. L’Esprit par le don de la Foi nous fait voir les évènements de notre vie, et de la vie du monde, d’une manière plus profonde, plus réelle que nos actualités télévisées.
Saint Luc nous dit également qu’Étienne, en face de ses accusateurs, déclara, proclama : « Voici que je contemple les Cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Insupportable aux oreilles de ses accusateurs ! Le Fils de l’homme, ils savent très bien qui c’est. Jésus s’est attribué souvent ce titre de Fils de l’homme, et dire que ce Fils de l’Homme, ce Jésus qu’ils viennent de crucifier est à la droite de Dieu, mais c’est un scandale, c’est un blasphème à leurs oreilles.
C’est Le dire égal de Dieu. Eh bien, Étienne rempli de l’Esprit Saint a la force de confesser sa foi, quoi qu’il en coûte. Il sait ce qui l’attend. L’Esprit Saint est Esprit de force, qui libère de la peur, comme l’avait annoncé Jésus aux apôtres : « Vous allez recevoir une Force. Quand le Saint Esprit viendra sur vous, vous serez alors mes témoins ».
Comment effectivement ne pas s’émerveiller devant ce don de Force que l’Esprit Saint fait aux disciples de Jésus depuis 2000 ans, jusque dans le martyr, y compris à des enfants ? Et je pense en particulier aux enfants de Fatima. Vous connaissez tous, je pense, l’histoire, mais aussi à ceux de Pontmain, et ça je l’ai découvert récemment grâce au livre d’Anne Bernet, que je vous recommande d’ailleurs fortement. Ce n’est pas de la pub économique déguisée, c’est un livre passionnant et très documenté sur la vie du saint, si je puis me permettre, père Michel Guérin, qui sera je le pense certainement un jour sur les autels comme on dit.
Oui, ces enfants de Pontmain, qui eux aussi comme ceux de Fatima, je l’ai appris dans ce livre, les uns et les autres ont été soumis à des menaces terrifiantes, que ce soit par l’évêque, bravo, par l’évêque qui menaçait les enfants de Pontmain des foudres de l’enfer s’ils ne disaient la vérité, et du général de Charrette qui les a menacés de son sabre. Eh bien, ces enfants, comme ceux de Fatima, sont restés fidèles à confesser ce qu’ils avaient vu. Voilà la Force de l’Esprit Saint. C’est admirable !
Enfin Saint Luc ajoute qu’Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait, une prière toute semblable à celle de Jésus en croix, une prière d’offrande de soi à Jésus et d’intercession pour les meurtriers. Et nous savons que sa prière sera exaucée et sera féconde puisqu’il obtiendra la conversion de l’un des plus durs, des plus acharnés, Saul, qui deviendra Saint Paul.
L’Esprit Saint, oui, nous apprend à prier comme Jésus, à faire nôtre la prière de Jésus dont l’Evangile aujourd’hui nous révèle quelque chose, et d’abord à nous émerveiller, -ne jamais s’habituer-, à nous émerveiller de pouvoir, comme Jésus et avec Lui, et encouragés par Lui qui nous apprend aussi à prier, à appeler Dieu « Abba », c’est-à-dire Père Bien-aimé, Papa, est-ce qu’on ose dire Papa à notre Père du Ciel, Père Bien-aimé, Père chéri, voilà ? C’est ça la prière de Jésus, il faut entrer dans cette prière.
L’Esprit Saint nous fait désirer demander aussi avec Jésus pour l’Église, pour les familles et pour le monde des Grâces d’unité, de réconciliation, de conversion, et de paix.
Le Saint Esprit, c’est encore Lui qui, selon l’Apocalypse, nous fait désirer et appeler la venue glorieuse de Jésus, son retour en Gloire : « Viens, Amen ! Viens, Seigneur Jésus ». Est-ce que c’est notre prière ? Souvent, est-ce que c’est notre désir ? Nous le proclamons aussi, nous allons le proclamer dans cette prière, dans ce chant de l’Anamnèse, après la Consécration.
A ce sujet, de cet appel au retour du Seigneur, Saint Augustin a ces paroles pleines de bon sens qui nous rejoignent peut-être. Il fait remarquer que nous disons aimer le Seigneur, alors que parfois nous redoutons sa venue : « Mes frères, dit-il, est-ce que nous n’avons pas honte ? Nous aimons et nous redoutons sa venue ? » Combien de fois n’ai-je pas entendu : « Le paradis, le plus tard possible ». « Vous n’êtes pas pressés d’aller au Ciel ? » -« Pas tout de suite, pas tout de suite ». Eh bien, un chrétien, qui est vraiment chrétien devrait être pressé d’aller au Ciel ! « Aimons-nous vraiment, dit Saint Augustin, ou est-ce que nous n’aimons pas davantage nos péchés ? » Nous haïrons nos péchés eux-mêmes, et nous aimerons Celui qui doit, qui va venir pour punir les péchés, pour faire justice quand même.
Donc la prière de l’Église qui appelle en ces jours l’Esprit Saint, la prière de l’Esprit en nous qui appelle la venue du Seigneur Jésus, la prière de Jésus à son Père qui demande l’unité de tous ses disciples pour que le monde croie, -à condition sine qua none, comment voulez-vous que le monde, que les chrétiens soient crédibles quand ils se déchirent, quand des peuples chrétiens se déchirent par la guerre ?- (la prière de l’Église) Nous invite, cette prière, ces appels de l’Église, de l’Esprit, de Jésus nous appelle, nous invite aujourd’hui, nous presse à regarder le contenu de notre prière, et sans doute à l’ouvrir davantage à la prière du Christ et de son Église. AMEN.