ASSOMPTION DE MARIE

15 août 2020

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Introduction : « Lève-toi dans la joie du Bien-Aimé ». En ce jour de l’Assomption, Jésus est dans la joie, le Bien-Aimé est dans la joie, il reçoit sa Mère, celle qui s’est unie en tout à son destin et à son dessein. Ce dessein de salut est passé par les plus grandes épreuves mais qui maintenant triomphe dans l’humanité sainte et glorifiée de Marie.

Alors, nous aussi, nous sommes invités à nous réjouir avec Jésus, avec Marie, avec tout le ciel.

Et puis, nous n’oublions pas que cette Fête de l’Assomption, c’est ce jour où la France a été consacrée à Marie par le roi Louis XIII. Renouvelons dans nos cœurs cette consécration, cette donation de notre pays à Marie, pour que Marie puisse intercéder pour nous et que le salut apporté par son Fils puisse être accueilli chez nous aujourd’hui.

Au seuil de cette Eucharistie, eh bien, demandons au Seigneur le pardon pour tous nos manques d’audace pour témoigner de notre foi. Demandons pardon pour tous nos replis sur nous-mêmes. Et demandons la grâce de cette foi de Marie qui l’a rendue bienheureuse.

 

Homélie : L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, c’est-à-dire le fait que l’humble Marie soit montée jusqu’à la gloire du ciel, au terme de sa vie terrestre avec son âme et son corps, ce fait est bien un fait historique, et non pas le fruit de l’imagination de pieuses âmes. Pie XII l’a attesté solennellement donnant à ce fait la qualité de vérité de foi.

Les Pères de l’Église ont énoncé les convenances de l’Assomption de Marie. Ainsi, par exemple, Saint Jean Damascène dit-il dans une de ses homélies : « Elle qui fut unie à Dieu dans tout son être, comment la mort pourrait-elle l’engloutir, l’Hadès se fermer sur elle ? Comment la corruption oserait-elle s’en prendre au corps qui a contenu la vie ? Toutes choses qui répugnent et sont absolument étrangères à l’âme et au corps qui ont porté Dieu ». (2ème homélie sur la Dormition)

L’événement de l’Assomption est un fait du passé, mais c’est aussi un signe pour l’avenir. On dit que c’est un signe eschatologique, en langage théologique, c’est-à-dire qui concerne la fin des temps.

C’est précisément ce mot de « signe » qu’emploie Saint Jean dans l’Apocalypse, nous venons de l’entendre, pour parler de la Femme, (avec un F majuscule), qui apparaît dans le ciel. C’est un grand signe, nous dit-il. Et ce signe est bien paradoxal : à la fois cette Femme « a le soleil pour manteau », c’est-à-dire qu’elle est revêtue de la gloire de Dieu ; « Elle a la lune sous les pieds », autrement dit, elle domine toute la création ; « Elle est couronnée de douze étoiles », elle est reine de la création ; et à la fois « elle crie dans les douleurs et la torture d’un enfantement ».

Je ne sais pas si vous avez vu une femme qui enfante avec une couronne sur la tête, je ne sais pas si ça se voit souvent !? Cet enfantement est une torture, dit Saint Jean. Le mot est fort.

Quel est donc l’enfantement qui peut bien torturer cette femme ? Trouverons-nous dans l’Écriture l’annonce d’un enfantement qui sera une torture ? Oui ! En Saint Jean encore ! Jésus annonce sa Passion comme étant comme les douleurs d’une femme sur le point d’enfanter. Et effectivement, la Passion de Jésus mettra le cœur de Marie à la torture.

Marie dans la Gloire est bien celle qui a souffert cruellement quand est née l’Église. Ce qui veut dire que Marie de l’Assomption est un signe pour toute l’humanité. Marie de l’Assomption est un signe pour toute l’Église : Marie est le signe de l’Église qui, dans les douleurs et la torture, enfante des enfants pour Dieu. Par les épreuves que nous traversons, nous enfantons des âmes pour Dieu.

Ainsi, en regardant Marie de l’Assomption, l’Église découvre son propre mystère, sa propre réalité profonde et sa vocation qui est d’enfanter des âmes à Dieu, fût-ce au prix de la douleur et de la torture. Ce sont toutes les souffrances des Saints et des Martyrs. « Le sang des Martyrs est semence de chrétiens », a dit Tertullien. Mais ce sont aussi nos propres souffrances de tous les jours dans la mesure où elles sont offertes, où elles sont unies aux souffrances de Jésus et de Marie.

Cette Femme qui enfante est en état de grande vulnérabilité, elle est même menacée par « un grand Dragon, rouge feu, prêt à dévorer l’enfant dès sa naissance ». Mais la Femme et l’enfant reçoivent la protection de Dieu.

Cette Femme, c’est la Vierge Marie et c’est l’Église. Et plus elle avance dans son histoire, plus l’Église se sent vulnérable, menacée, isolée. Et pourtant la protection de Dieu lui est assurée.

Autrement dit, lorsque nous nous sentons démunis, dans un monde hostile à Dieu et à l’Église, nous sommes invités à regarder Marie qui guide et soutient notre espérance.

Ce qui veut dire que nous sommes toujours plus appelés à demeurer attentifs aux choses d’en-haut, comme le demandait la prière d’ouverture.

Et demeurer attentif aux choses d’en-haut, cela veut dire vivre comme Marie, c’est-à-dire vivre de la foi, regarder toute chose, décrypter toute chose, tout événement avec les yeux de la foi, et non pas avec la lecture du journal de 20 heures. C’est précisément ce qui a permis qu’en Marie se produise l’impossible : qu’un homme soit Dieu : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

Alors, comment vivre de la foi de Marie ? Eh bien, c’est en faisant comme elle, en l’imitant, en la regardant : Marie était pleine de la Parole de Dieu, et elle ne cessait de regarder Jésus.

C’est en lisant et en méditant un passage de l’Écriture chaque jour, et en regardant Jésus avec les yeux de Marie par la contemplation des mystères du Rosaire, le Rosaire c’est cela, c’est regarder les mystères de la vie de Jésus avec les yeux de Marie, c’est ainsi que nous grandirons dans la foi de Marie. Et en grandissant dans la foi de Marie, nous pourrons regarder les événements de notre temps avec les yeux de Marie, c’est-à-dire avec un regard plein d’espérance, sachant que Dieu est à l’œuvre envers et contre tout.

Alors, loin de nous décourager, nous pourrons dire avec confiance : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ».

Vierge Marie, Notre-Dame de l’Assomption, fortifie notre foi, affermis notre espérance, fais-nous grandir dans l’amour divin. Amen.