DÉDICACE DE NOTRE ÉGLISE SAINTE MARIE MÈRE DU RÉDEMPTEUR

11 septembre 2021

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Lectures propres : 1er Rois 8/22-23, 27-30 ; Psaume 121/1-9 ; 1 Pierre 2/4-9 ; Luc 19/1-10.

Homélie : Cette année, en ce cinquantième anniversaire de notre fondation, nous avions souhaité et prévu d’inviter toutes les entreprises, en particulier tous les ouvriers qui ont œuvré pour la maison en général, car il y a eu beaucoup de chantiers -vous le savez bien- mais en particulier tous ceux qui ont travaillé pour cette église. Ce matin, à l’office, nous écoutions l’homélie que nous avait donnée Monseigneur Billé à l’occasion de cette consécration de l’église et il n’a pas manqué de les souligner aussi, tous ceux à qui on doit cette œuvre, cette belle œuvre au service de Dieu et des hommes.
Alors justement, puisque cela n’a pas été possible -en raison des conditions que nous connaissons- de les inviter, alors portons-les aujourd’hui spécialement tous ceux qui ont œuvré pour cette église, portons-les dans notre prière, dans notre intercession, dans l’offrande du Christ. Et aussi tous les bienfaiteurs, qui sont nombreux, qui chacun pour leur part, et Dieu connaît leur générosité, ont permis aussi la construction de ce lieu où, je crois, le Seigneur fait du bien.
Nous avons dans les lectures de ce jour, finalement, les différentes dimensions que peut représenter la fête d’une dédicace d’église, ou l’anniversaire d’une dédicace, et d’abord cette première lecture tirée du livre des Rois qui nous rappelle la consécration du Temple de Jérusalem. Un Temple voulu par Dieu Lui même, annoncé à Moïse déjà dans le livre du Deutéronome, puis annoncé à David, qui aussi conscient de la bonté de Dieu, voulait lui offrir une maison, et le Seigneur de lui annoncer que cela sera son Fils qui lui bâtira une maison, et ce fût Salomon. Dieu a voulu ce temple de Jérusalem comme signe de sa présence agissante au milieu de son peuple et lieu privilégié -non pas unique, mais privilégié- de la rencontre de Dieu avec son peuple, lieu privilégié de la prière.
Nous savons qu’il y a aussi, et le peuple juif en a conscience, que la famille est déjà une église au sens d’assemblée domestique, un lieu de rencontre privilégié entre Dieu et ses enfants dans cette prière familiale. Et puis plus tard ce sera la synagogue, mais ce lieu avait un caractère unique, bien sûr, parce que c’était le lieu unique des sacrifices.
Et dans cette prière que nous avons entendue de Salomon, une prière de consécration, elle est un modèle de prière pour nous et d’abord parce qu’elle commence par la louange. Cela nous a été rappelé plusieurs fois ces temps-ci par le frère Philippe Marie que la prière juive commence toujours par bénir Dieu. C’est bien ce qui se passe : « Seigneur Dieu d’Israël il n’y a pas de Dieu comme toi, Tu es l’Unique ni là-haut dans les cieux ni sur la terre car Tu gardes ton alliance et ta fidélité envers tes serviteurs quand ils marchent devant toi de tout leur cœur». Un Dieu unique et un Dieu fidèle.
Et puis, une prière humble, une prière humble parce que Salomon a bien conscience de la pauvreté, de la petitesse de ce qu’il offre à Dieu par rapport à  la grandeur de Dieu. Pourtant ce Temple de Jérusalem devait être magnifique effectivement mais qu’est ce que cela face à l’immensité, à la sagesse infinie, à la beauté, à la grandeur infinie de Dieu ? Prière humble de Salomon. Non seulement humilité mais contrition, il a conscience, il se souvient des péchés de son père David, et aussi des péchés de toute l’histoire de son peuple parce que malheureusement comme nous, comme l’Église d’aujourd’hui, nous sommes un peuple de pécheurs et Salomon en a conscience.
Et donc sa prière est pleine de contrition elle se termine, nous l’avons entendu, par « Seigneur, écoute et pardonne ». Parce que comment oser demander à Dieu sinon en se mettant dans une juste attitude d’un pauvre et d’un pauvre pécheur qui a conscience que rien ne lui est du, mais qui attend tout de la miséricorde. Et c’est bien cette attitude de confiance suppliante qu’adopte aussi Salomon.
Par quatre fois, il dit : « Écoute, Seigneur, écoute ». C’est étonnant parce que c’est le mot même que Dieu ne cesse aussi de dire à son peuple : « Écoute-moi, écoute-moi, Israël ». Et comme si il pouvait y avoir une certaine projection sur Dieu comme si Lui pouvait être sourd, Salomon de le supplier d’écouter. Et puis d’ouvrir les yeux. Nous savons bien que le Seigneur n’a ni oreilles ni yeux, mais le Seigneur Jésus nous écoute toujours et nous nous ne savons pas toujours demander aussi ce qu’il faut et puis nous sommes sourds si souvent à ses appels.
Le psaume qui suit cette première lecture, le psaume 121, psaume des montées, psaume de pèlerinage, nous donne de fait un écho des fruits spirituels que ce Temple de Jérusalem a produits dans le peuple d’Israël. Ces fruits de joie, de bénédiction, c’est l’exultation d’un pèlerin en marche avec les autres, avec son peuple, vers ce lieu de rassemblement du Temple de Jérusalem. Oui, eh bien, ce Temple a suscité et nourri  la foi et la joie de ce peuple.
La première lettre de saint Pierre nous rappelle que nos temples de pierre sont l’image de cette demeure spirituelle qu’est l’Église, corps du Christ total. Tout homme est appelé à entrer dans cette construction spirituelle. Oui, tout homme, tout être humain. Et cela se fait par cette rencontre personnelle avec le Christ. Voilà pourquoi saint Pierre commence par dire : « Approchez vous du Seigneur Jésus et entrez dans la construction de la demeure spirituelle ». Il faut s’approcher du Seigneur-Jésus ou le laisser s’approcher de nous.
C’est ce qu’a vécu Zachée. Il a commencé par essayer de s’approcher de Jésus et ensuite il s’est laissé approcher, il a accepté que le Seigneur vienne chez lui dans sa demeure. Zachée, un homme qui était sans doute peu scrupuleux, pour ne pas dire peu honnête, comme beaucoup de publicains qui avaient cette réputation sans doute fondée d’être des gens peu honnêtes. Eh bien, cet homme Zachée, il est devenu, par cette rencontre qui a changé sa vie, un homme de justice. Il veut faire justice à ceux qu’il a peut-être lésés par ces malhonnêtetés. Un homme de miséricorde qui veut partager ses biens avec les pauvres. Son cœur s’ouvre aux détresses des autres. Un homme de communion. Et c’est bien ce que produit -ce que doit produire, il faut le vérifier- une rencontre authentique avec Jésus.
Le Seigneur ne cesse aussi de nous rejoindre à traverser notre vie, comme il traversait Jéricho. Il ne cesse de nous appeler. Plus nous le recevons, plus effectivement nous l’accueillons là où il veut être accueilli, c’est à dire dans le concret de notre vie, non seulement dans nos belles pensées, mais dans le concret, dans l’obéissance aux petites choses que le Seigneur attend de nous, des petites choses de service, d’attention aux autres, de communion. Eh bien, plus nous le recevons, plus il fait de nous des êtres de communion.
Zachée a été intégré dans la construction spirituelle du fait qu’il a accueilli le Seigneur. Et pour nous aussi, c’est encore une fois à la mesure de notre accueil du Seigneur qui passe et repasse dans nos vies que nous pourrons devenir ces pierres vraiment bien intégrées dans cette construction spirituelle, que nous pourrons aussi prendre le train en marche, c’est-à-dire continuer cette caravane vers le Ciel où nous entraînent tant et tant de saints et de saintes qui nous ont précédés. Nous sommes en pèlerinage, nous le savons bien, vers la cité du Ciel et c’est cela qui nous soutient aussi dans le quotidien avec ses difficultés, ses lourdeurs. Oui, demandons à Zachée, qui est certainement parmi ces saints du Ciel, de nous aider nous aussi à accueillir pleinement le Seigneur dans ce Temple de nos cœurs. Amen.