DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (B) 2024

19 mai 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : Frère Philippe-Marie

Dans notre chant d’entrée, je crois que nous avons tout dit sur l’Esprit-Saint. Il est ce souffle d’amour infini qui nous est donné pour nous remplir, pour nous transformer. Il est notre ami. Il fait de nous de vrais enfants de Dieu. Il nous consacre pour que nous devenions des témoins vivants de Dieu. Tout est dit, maintenant, il n’y a plus qu’à se laisser faire par Lui. Voilà, et c’est peut-être là qu’est le hic, c’est que, nous ne nous laissons pas suffisamment faire par l’Esprit-Saint.

Alors, au seuil de cette Eucharistie, au moment de célébrer le mystère de l’Eucharistie, demandons à l’Esprit-Saint de venir, justement, enlever tout ce qui est dureté, tout ce qui est résistance à son œuvre, pour que nous puissions vraiment vivre en enfants de Dieu, en enfants de lumière. Reconnaissons humblement que nous avons péché.

 

HOMÉLIE : Frère Philippe-Marie

Avant d’être une fête chrétienne, la Pentecôte est une fête juive, la deuxième des trois fêtes où, l’on doit monter à Jérusalem en pèlerinage, c’est pourquoi, il y a tant de monde ce jour de la Pentecôte. La Pentecôte a lieu sept semaines après la Pâque, d’où son nom de fête des semaines, Chavouot, et l’on y célèbre, après avoir célébrer la libération d’Égypte à Pâque, le don de la Torah à Moïse. Ce don de la Torah au sommet du Sinaï s’était fait au milieu des éclairs, dans le tonnerre, la montagne était embrasée de feu et le peuple entendait, mêlés au tonnerre, des sons de trompettes. Ce fut quelque chose de grandiose, et même de terrifiant.

Sept semaines après la Pâque de Jésus, sept semaines après notre libération du péché et de la mort, la Pentecôte est l’occasion d’un nouveau don fait, cette fois-ci, non plus à Moïse, mais par le nouveau Moïse, Jésus, à son Église et au monde.

Ce nouveau don, s’accompagne là encore, d’une nouvelle théophanie, de nouveaux signes exprimant la manifestation et la présence de Dieu, un violent coup de vent qui remplit entièrement la maison, le cénacle, première Église, des langues, qu’on eut dites de feu, qui permettent de s’exprimer et de se comprendre facilement. Ce nouveau don, est celui de l’Esprit-Saint qui permet, à ceux que la Pâque de Jésus a sauvés, de vivre dans la liberté, et ici, la terreur fait place à la stupéfaction et à l’émerveillement.

Mais, qui est l’Esprit-Saint ? Dans notre Évangile, Jésus l’appelle le défenseur, littéralement le paraclet, celui qui est appelé à côté, et donc l’avocat, le défenseur, l’intercesseur, le consolateur. Je souris, parce qu’il y a un avocat en face de moi. Il est celui qui nous aide à avancer, malgré les embûches de l’ennemi sur notre chemin.

Jésus nous dit encore, qu’Il est l’Esprit de vérité qui procède du Père. Il sort du Père, Il est donc Dieu comme le Père. Il rend témoignage à Jésus, montrant que Jésus est l’unique engendré du Père, et que Jésus est Dieu lui aussi. Il nous communique ce qui vient de Jésus et nous permet de toujours mieux entrer dans la profondeur du mystère de Jésus. S’il rend témoignage à Jésus, l’Esprit-Saint fait aussi de nous des témoins comme nous l’avons vu dans la première lecture. Les disciples annoncent les merveilles de Dieu.

Dans notre deuxième lecture, St Paul montre, que l’Esprit-Saint nous est donné pour nous permettre de vivre en enfants de Dieu, en enfants de lumière, dans la liberté. Par sa Pâque, Jésus nous a libérés du péché et de la mort, et Il nous a recréés en enfants de Dieu, mais, il ne suffit pas d’être recréés comme enfants de Dieu, il nous faut encore vivre en enfants de Dieu, et c’est l’Esprit-Saint, précisément, qui rend cela possible.

Au jour de notre Baptême, l’Esprit-Saint est venu investir tout notre être, comme Il a investi la maison où se trouvaient réunis les disciples. Il est venu investir nos facultés, les passions de l’âme pour les surélever au niveau de Dieu, et pour que toutes nos actions soient accomplies dans la lumière et dans la liberté de Dieu. A notre Baptême, l’Esprit-Saint, est venu investir notre intelligence pour faire naître la foi. Il est venu investir notre mémoire pour faire naître l’espérance. Il est venu investir notre volonté pour faire naître la charité, et par ses dons, l’Esprit-Saint vient aider la foi, l’espérance et la charité pour que nous puissions agir avec prudence, justice, force et tempérance.

Nous savons bien que nos passions ont été gauchies par le péché originel, et que faire le bien ne va plus de soi. Hé bien, nous avons besoin de l’Esprit-Saint pour, précisément, rectifier nos passions, les réordonner dans le sens de Dieu et de la vie éternelle, et c’est ce que nous avons demandé, il y a un instant, à travers le chant de la séquence :

  • « Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé, rend droit ce qui est faussé »

Voilà pourquoi St Paul nous adjurait :

  • « Marchez sous la conduite de l’Esprit, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair »

En effet, il y a là, un affrontement qui nous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Hé oui, notre vie chrétienne est un combat. Comme pour les Hébreux après la libération d’Égypte, il y a l’épreuve du désert, d’où l’importance de marcher sous la conduite de l’Esprit, comme les Hébreux qui marchaient, précédés par la colonne de nuées et de feu.

Alors, c’est bien beau tout cela, mais comment marcher sous la conduite de l’esprit ? Hé bien, d’abord en L’invoquant, en l’appelant chaque jour dans notre prière, ensuite, en nous nourrissant chaque jour de la Parole de Dieu que, St Paul appelle le glaive de l’Esprit, et encore en vivant des sacrements, spécialement le sacrement de Pénitence, d’Eucharistie. St Jean-Paul II a appelé le dimanche, la Pentecôte de la semaine, car chaque communion vient revivifier en nous le don de l’Esprit-Saint reçu au jour de notre Baptême et de notre Confirmation. Enfin, nous pourrons vivre sous la conduite de l’Esprit en vivant en enfants de Marie, car, quand le Saint-Esprit trouve Marie dans une âme, « Il y vole », nous dit St Louis-Marie Grignion de Montfort. C’est l’Esprit-Saint qui nous fait vivre, ajustés à Dieu, c’est l’Esprit-Saint qui nous fait entrer dans les vues de Dieu, c’est l’Esprit-Saint qui nous fait participer à la sainteté de Dieu. Alors, je dirais avec St Paul :

  • « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit, et nous aurons alors part à la joie de Dieu »

AMEN