Fête de la CROIX GLORIEUSE

14 septembre 2021

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Monition d’Accueil : Aujourd’hui, l’Église nous donne de célébrer la Croix glorieuse de notre Seigneur, cette Croix qui nous a valu la victoire sur la mort et le péché.
Nous sommes aussi heureux d’accueillir le père Samer Nassif qui est prêtre de Paris ; il est prédicateur pour l’Église en Détresse. Il est catholique de rite maronite. Bienvenue à vous, père.
Préparons-nous à vivre cette célébration en nous reconnaissants pécheurs.

 

Homélie : Frères et Sœurs, L’Église nous donne de méditer le mystère de la Croix, la Croix du Christ. En y réfléchissant un peu plus et en voyant à l’époque de Jésus les moyens qui étaient mis en œuvre pour tuer les personnes, il y avait bien sûr la croix mais il y avait aussi la lapidation. On aurait pu dire que Jésus originaire d’un peuple juif, vivant de cette tradition, aurait pu être lapidé et pour nous peut-être l’instrument que nous allons représenter dans nos églises, ce ne serait plus la croix mais plutôt des pierres. Eh bien, il n’en est pas ainsi. Si Dieu a permis que ce bois, cette Croix deviennent aujourd’hui pour nous un signe de la victoire, c’est que cette Croix est riche de sens pour nous. Essayons d’aller un peu au début.
Au début de la Bible, dans le livre de la Genèse, on nous présente Adam et Eve devant cet arbre de la Vie où ils ont reçu une recommandation du Seigneur : de ne pas manger du fruit de cet arbre. Et voilà que trompés par le serpent, l’homme et la femme ont mangé de ce fruit. On ne va pas juger qui a mangé en premier, qui a mangé en deuxième, on n’est pas dans des accusations. On est juste dans les faits. Et on nous dit justement c’est le serpent, le dragon, selon la tradition juive, qui a insufflé dans l’esprit de l’homme de manger de ce fruit.
L’arbre, le bois de la croix. Cet arbre, qui a été peut-être aussi la perte de l’homme, Dieu se sert de cela pour restaurer l’homme. Dans la première lecture que nous avons entendue, on nous dit : le peuple d’Israël récriminait contre le Seigneur. Ils avaient deux grandes tentations qui les guettaient, et ces grandes tentations, nous les avons qui ouvrent la porte aux autres tentations : le découragement et l’impatience. Nous pouvons peut-être voir dans notre propre vie comment le découragement et l’impatience ont peut-être abimé certaines parties de notre histoire personnelle et communautaire.
Voilà que le Seigneur le dit : « vous allez vous faire un serpent de bronze que vous allez fixer sur un mât ». On peut bien imaginer que ce mât devait être peut-être en bois, peut-être, et ce serpent a été fixé. Il est dit que : lorsque le peuple regardait vers le serpent, ils conservèrent la vie, c’est-à-dire, en d’autres termes, comme un soin palliatif pour maintenir cette vie biologique. Mais lorsque nous regardons de près, est-ce que c’est le serpent que l’on fixe qui donne la vie ou c’est à travers la destruction de ce serpent que la vie jaillit et la vie de Dieu ?
Et nous retrouvons ça dans cet évangile et dans le mystère de la Croix du Christ. Lorsque le Christ meurt en croix, apparemment la mort, le mal a la victoire et la vie du Ressuscité est comme détruite ; mais de l’intérieur où le mal l’a contraint d’y rester, le Christ par sa victoire et sa résurrection explose de vie. Il nous donne cette vie. Non plus une vie qui va nous conserver comme des soins palliatifs mais une vie d’éternité qui nous est donnée, la vie divine qui nous est donnée. Alors de ce bois peut-être mort, de ce bois fragile jaillit la vie.
Et ce principe nous le trouvons dans la nature. Lorsque nous mettons une graine en terre, avant que cette graine ne germe et devienne un arbre et puisse porter des fruits, il faut que la première graine qui a été mise en terre meure pour que la vie jaillisse.
Et le mystère de la croix qui nous est donné de contempler aujourd’hui n’est pas simplement un instrument de mort, comme peut-être nous pouvons laisser entrevoir dans notre intelligence, mais bien au contraire, Dieu s’est servi de cet instrument pour donner la vie à l’homme. Voilà pourquoi nous pouvons entendre cette parole que Jésus dit à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils dans le monde ». C’est-à-dire quoi : Dieu s’incarne, il descend chez l’homme pour que l’homme devienne Dieu, et pour ce faire, le Christ meure en croix pour rassembler toute l’humanité. Voilà le sens à la fois vertical et horizontal de la Croix. Le sens de la Vie que Dieu nous donne, la Vie que Dieu nous donne est pour nous mais elle est aussi partagée avec tous ceux avec qui nous sommes appelés et amenés à vivre ensemble.
Certes, lorsque nous regardons la Croix, nous pouvons penser au Christ crucifié mais si nous nous arrêtons simplement au Christ crucifié, mort sur la croix, notre foi n’a pas beaucoup de sens. Je me souviens, très récemment, la semaine dernière, lorsque je faisais ma visite pastorale dans les écoles et que je présentais le Crucifié aux enfants, je leur demandais : « Mais c’est qui ça ? – Oui, Jésus est mort sur la Croix », et ils s’arrêtaient et moi je continuais : « Mais il est ressuscité ! ». Ne nous arrêtons pas simplement à la mort mais allons à la Résurrection. Si nous nous arrêtons à la mort du Christ en croix, nous nous laissons miner par ces deux tentations : le découragement – on voit bien que tous les disciples ont été près de ce découragement – et à un moment donné, ils ont été très impatients de ce que le Christ devait accomplir de sa vie.
Demandons au Seigneur de vivre notre vie chrétienne en enfant de Ressuscité, que la Croix glorieuse de notre Seigneur Jésus ne représente plus pour nous un instrument de mort mais un chemin, un chemin de vie, de vie vers Dieu et de vie vers nos frères et sœurs en humanité, Amen.