JOUR DE NOËL

25 décembre 2020

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Introduction : Il est heureux que le soleil brille en ce jour de Noël. La lumière permet l’éclosion de la vie. Lorsqu’une nouvelle vie éclot dans une famille c’est une lumière, c’est une joie pour toute la famille. A combien plus forte raison lorsque cette vie qui éclot, c’est celle du Fils de Dieu venu partager notre chair.
Alors, oui, nous pouvons chanter Noël, chanter notre joie. Joie de ce Salut offert, de ce Salut qui nous est déjà communiqué. Eh bien, oui, rentrons dans l’action de grâce, demeurons dans l’action de grâce et confions-nous à la miséricorde que Jésus est venue nous révéler. Il est venu nous révéler le cœur miséricordieux du Père.
Eh bien, profitons à plein de cette miséricorde. Reconnaissons humblement que nous sommes pécheurs.

 

Homélie : Après avoir contemplé cette nuit l’humble naissance de Jésus à Bethléem et entendu le message de la Bonne Nouvelle annoncée aux bergers, les lectures de la messe du jour de Noël nous font prendre de la hauteur pour scruter le sens de cet événement unique dans l’histoire de l’humanité.
Ce petit enfant qui repose dans une crèche, c’est le Verbe de Dieu, « Dieu né de Dieu », -comme nous le chanterons dans le Credo et nous nous mettrons à genoux lorsque nous professerons notre foi dans ce mystère de l’Incarnation-. Ce petit enfant, c’est le Verbe fait chair, la deuxième personne de la Sainte Trinité qui a pris notre vie d’homme. Il est, nous dit la lettre aux Hébreux, « le Fils » ; ce Fils qui a accompli la purification des péchés et s’est assis à la droite de la Majesté divine.
Tout le grand itinéraire de ce Fils nous est ainsi dévoilé à travers les lectures de ce jour : Il vient de Dieu ; il est venu sur la terre pour sauver l’humanité du péché, et il est retourné auprès du Père dans les cieux où il est toujours vivant pour intercéder en notre faveur.
Cette Fête de Noël est marquée par le contraste entre la nuit et la Lumière apportée par le Christ. « En Lui était la vie, et la vie était la Lumière des hommes ».
Cette Lumière qui a rempli de joie les bergers nous est offerte aujourd’hui pour que, nous aussi, nous soyons remplis de cette même joie.
Depuis que l’homme a renoncé à la vraie Lumière, -et j’ai remarqué en lisant l’évangile que dans l’évangéliaire le mot Lumière est écrit avec un L majuscule-. Depuis que l’homme a renoncé à la vraie Lumière qu’est le Christ pour y substituer la philosophie des lumières qui ne sont que des lumières trompeuses, l’homme s’enfonce de plus en plus dans la nuit. L’homme s’est laissé éblouir par l’éclat de sa science et de ses techniques ne s’apercevant plus que le ciel s’assombrissait chaque jour un peu plus.
Et tout d’un coup, il prend conscience de sa vulnérabilité : lui qui se croyait tout-puissant se découvre vulnérable, mortel ; lui qui prônait l’individualisme connaît l’isolement et la solitude. Lui qui a fait éclater la famille, qui a rejeté une morale qui construit l’homme voit la société se fissurer, se fracturer. Lui qui se voulait un homme libéré, se voit retiré une à une ses libertés. Et c’est alors qu’il a perdu tout repère et qu’il se sent meurtri jusqu’aux os, plongé dans la nuit, que l’être humain, désemparé s’entend dire : « Où est-il ton Dieu ? », (Psaume 46, 11) ; c’est la voix du tentateur qui profite de la nuit pour nous pousser au désespoir.
Or c’est précisément dans la nuit que Dieu se plaît à agir : c’est dans la nuit que Dieu a créé les mondes ; c’est dans la nuit que le Seigneur a libéré son peuple de l’esclavage d’Égypte ; c’est dans la nuit que l’Enfant-Dieu est né à Bethléem ; c’est dans la nuit que le Christ est ressuscité. Voilà pourquoi, c’est précisément dans la nuit de ce monde que nous sommes pressés à guetter les premières lueurs du jour.
C’est alors que notre monde est plongé dans la nuit qu’il nous faut être des guetteurs de la lumière. Lors de sa dernière venue à Lourdes, saint Jean-Paul II avait donné comme mission aux femmes de devenir « sentinelles de l’Invisible ».
Et nous avons entendu l’appel lancé par Isaïe : « Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion ». (Isaïe 52,8)
Être des guetteurs dans la nuit de ce monde, c’est notre vocation de chrétiens. Notre monde est maintenant plongé dans la nuit ; il ne sait plus où il va. Oui ! Mais nous, nous savons où est la Lumière ! Et même nous la portons dans notre cœur, cette lumière ! Par la foi dans le Christ et par le baptême, la lumière du monde brille dans notre cœur, et elle illumine notre vie ! Comment entretenir cette lumière et la faire grandir en nous ? Par la lecture assidue de la Parole de Dieu. C’est le même Verbe de Gloire qui se laisse discerner sous l’humble lettre de l’Ecriture et dans la chair fragile de ce petit Enfant qui dort sur le sein de Marie.
Plus nous méditerons la Parole, plus nous serons remplis de la lumière de gloire, et plus nous grandirons en discernement, pour pouvoir reconnaître les signes des temps. Plus nous deviendrons alors porteurs de Lumière et signes d’espérance dans un monde qui ne sait plus où il va.
Par notre vie, par nos choix, nous pourrons alors dire au monde : « Mes yeux ont vu le Salut que tu prépares à la face des peuples » (Luc 2, 30,31). Il est la Lumière de Gloire que tu prépares à la face des peuples.
Oui, « le Verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde…, il a habité parmi nous et nous avons vu sa Gloire ». En nourrissant notre foi par la Parole de Dieu, laissons cette lumière nous envahir et nous transformer pour que nous devenions « lumières dans le Seigneur ». (cf Éphésiens 5,8)
Alors notre monde plongé dans la nuit pourra marcher vers la lumière et connaître la joie de l’espérance et du Salut. Amen. JOYEUX NOËL À TOUS.