LE SAINT-SACREMENT (FÊTE-DIEU B) 2024

2 juin 2024

  • Mgr Andréa FRANCIA Mgr Andréa FRANCIA

L’intervention des Vêpres n’a pas été enregistrée, mais vous la trouverez sur Youtube aux Vêpres : https://www.youtube.com/live/G0iEDLeGemY et le texte ci-dessous.

Homélie de Monseigneur Andréa Francia, Conseiller à la Nonciature à Paris,  à la MESSE de 10 h 30 :

Après le Jeudi Saint, jour où Jésus institua le sacrement de l’Eucharistie, l’Église célèbre le caractère central et l’importance vitale de l’Eucharistie dans la merveilleuse solennité d’aujourd’hui, la Fête-Dieu.

Cette célébration a ses racines dans un fait historique et dans un grand miracle survenu dans mon pays natal, en Italie, dans la ville de Bolsena, en l’an 1263. Un prêtre de Prague, Pierre de Bohême, dirige une délégation diplomatique de son roi et doit se rendre en Italie pour apporter des messages importants au pape. Or, ce prêtre a des doutes de foi : il doute de la présence réelle du corps et du sang de Jésus dans l’hostie et le vin consacrés. Alors qu’il célèbre la messe à Bolsena, au moment de la consécration, l’hostie commence à saigner et tache le corporal de sang. Après avoir constaté la véracité du miracle, le pape Urbain IV en 1264 institue la Fête-Dieu pour toute l’Église.

Dans tous les miracles eucharistiques survenus dans l’histoire du monde, les scientifiques ont pu constater qu’il s’agissait toujours du même groupe sanguin, le groupe sanguin AB, tout comme celui du Saint-Suaire de Turin, et que le tissu biologique correspond toujours au muscle cardiaque. Nous pouvons vraiment dire que, dans l’Eucharistie, Dieu nous donne son cœur. Je voudrais vous inviter aujourd’hui à renouveler votre amour envers Jésus-Eucharistie.

La Fête-Dieu nous enseigne à vivre quatre amours qui rendent notre vie chrétienne belle et passionnante : l’amour pour l’Eucharistie, l’amour pour l’unité, l’amour pour la mission et l’amour pour la Vierge Marie. Prions Dieu d’allumer en nous le feu de ces quatre amours dans nos vies. Y êtes-vous prêts ? Votre cœur est-il ouvert ?

1 L’amour pour l’Eucharistie

Dans les nombreuses difficultés de notre vie en famille, au travail, dans les problèmes de santé, ou encore dans les craintes de la guerre, malheureusement toujours plus proche, l’Eucharistie est la seule bouée de sauvetage. Remettons l’Eucharistie au centre de notre vie : cela suppose que nous soyons fidèles à la messe dominicale et, quand cela est possible, passions du temps en prière d’adoration. L’Eucharistie est comme un rayon de paix dans notre cœur orageux, l’Eucharistie est la force de Dieu avec laquelle le Seigneur nous répète ces paroles : « Je t’aime, je suis toujours près de toi, avec mon amitié tu n’es jamais seul. Je suis la joie qui illumine les moments sombres de ta vie, avec moi tu peux tout affronter ! »

L’Eucharistie est aussi le pain de la vie éternelle, la clé qui ouvre le ciel, un fragment de paradis dans notre vie qui passe, au point que ce sacrement a toujours été appelé le « médicament de l’immortalité ». Dans la prière bien faite et dans l’adoration de l’Eucharistie, « nos peines fondent comme neige au soleil », disait saint Jean-Marie Vianney. Demandons la grâce de devenir toujours plus des hommes et des femmes eucharistiques.

2 L’amour pour l’unité

L’Eucharistie est appelée sacrement de l’unité et sacrement de communion. C’est la force de l’amour de Dieu qui détruit la division. L’Eucharistie est avant tout un lien d’unité avec Dieu et cette merveilleuse unité avec Jésus devient la force qui nous permet de construire aussi l’unité avec les autres. Si vous allez bientôt recevoir la Sainte Communion, alors essayez d’être des bâtisseurs d’unité dans vos familles, restez proche de votre mari, de votre femme, de vos enfants, de vos parents. Œuvrez afin que votre famille et votre paroisse restent unies ; en effet le diable est le « diviseur », celui qui aime nous monter les uns contre les autres. Ne tombons pas dans son piège. Il suffit parfois d’une dispute, ou d’un héritage à partager, pour diviser la famille et transformer des frères en ennemis.

L’unité se construit avec la patience et le pardon mutuel, à commencer par la femme, le mari et les enfants. L’Eucharistie vous aide à construire la plus belle œuvre d’art du monde, c’est-à-dire une famille unie et une communauté ecclésiale unie.

3 L’amour pour la mission

L’Eucharistie est une force missionnaire très puissante. Le Seigneur vous demande de transmettre les valeurs chrétiennes à vos enfants et vos petits-enfants. Aujourd’hui, la société s’éloigne de plus en plus de Dieu, aussi l’Église compte-t-elle sur vous. Vous êtes une pièce précieuse pour atteindre de nombreuses personnes et les rapprocher de Dieu. Ce qui touche le cœur de ceux qui sont loin de Dieu et de l’Église, ce n’est pas le devoir comme une fin en soi, mais la joie de croire. Seule la joie nous convainc qu’il est beau de se donner à Dieu, qu’il est beau de ressentir le Seigneur comme notre ami le plus véritable et le plus profond.

Tâchons donc tous d’être des missionnaires de la joie, traitant avec respect votre mari, votre femme, vos enfants, car ils vous sont confiés par Dieu pour les aider à être meilleurs. La joie est le style de la mission et la clé pour ouvrir à Dieu le cœur de ceux qui sont loin.

4 L’amour pour Marie

Marie est la femme eucharistique par excellence, car en portant le Sauveur dans son sein, elle est devenue le premier tabernacle de l’histoire. C’est la Sainte Vierge qui nous montre l’importance de l’Eucharistie. Elle est la gardienne de notre vie, de notre foi, de notre famille et de notre patrie. Marie est la douce mère qui vous protège toujours, vous murmure le chemin du bien et dans les moments difficiles, en femme forte, vous remet sur le bon chemin. Essayons d’être des femmes et des hommes mariaux, de prier le chapelet en famille, de visiter les sanctuaires en pèlerinage. Marie est le chemin de perfection qui nous rapproche de Jésus.

Ô Jésus, vraiment présent dans l’Eucharistie, vois notre fragilité et notre désir de devenir meilleurs. Allume, en nos cœurs, la flamme vive de l’amour pour l’Eucharistie, de l’amour pour l’unité dans la famille et dans l’Église, de l’amour pour la mission et celle de l’amour tendre pour la Sainte Vierge Marie. Enflammés par ces quatre amours, fais de nous des hérauts courageux de la beauté de croire et de la vraie joie que Toi seul sais faire fleurir en chacun de nous. Amen.

 

INTERVENTION DE Monseigneur Andréa Francia, aux VÊPRES de la Fête-Dieu :

Le Christ ressuscité se fait reconnaître dans la fraction du pain. Dans l’Eucharistie, le Christ entre dans notre vie pour rester toujours avec nous, c’est le sacrement de la présence. Tout l’effort de l’Église est d’accompagner l’homme jusqu’à l’Eucharistie, où il peut enfin reconnaître le vrai visage du Christ : un Dieu qui se fait petit, se fait pain, se laisse partager, se fait nourriture, se fait don. Les vocations naissent si le Christ rompt le pain ; l’appel devient toujours plus fort, plus incisif si l’Eucharistie est bien célébrée. Je voudrais partager avec vous le témoignage du cardinal Van Thuan qui, pendant treize ans de prison au Vietnam, a pu célébrer l’Eucharistie en mettant trois gouttes de vin et une d’eau sur sa main ; l’Eucharistie a toujours été sa force.

« J’ai passé treize ans en prison et la plupart de mes années de prison se sont déroulées dans un confinement total : ils m’ont gardé dans une cellule basse et sombre, car elle n’avait pas de fenêtres ! Ce n’est que dans l’Eucharistie que j’ai trouvé la force quotidienne de tout endurer. Lors de ma mise en prison en 1975, une question angoissante surgit en moi : « Pourrai-je encore célébrer l’Eucharistie ? »

Et la même question, quelque temps plus tard, m’a été posée par mes fidèles chrétiens lorsqu’ils ont eu l’occasion de venir me rendre visite : « Mais avez-vous pu célébrer la Sainte Messe ? » En vérité, les fidèles avaient bien pourvu à ce que j’aie tout le nécessaire pour la célébration de la messe. Lorsque j’ai été arrêté, j’ai dû repartir les mains vides avec les policiers. Mais, le lendemain, j’ai été autorisé à écrire à mes fidèles chrétiens pour demander les choses les plus nécessaires : des vêtements, du savon, du dentifrice, des médicaments… ! J’ai écrit : « S’il vous plaît, envoyez-moi du vin, comme médicament contre mon mal de ventre ! Mes chrétiens ont tout de suite compris et m’ont envoyé une petite bouteille de vin pour la Sainte Messe, avec l’étiquette : Médicament contre les maux de ventre. Et, dans une torche contre les moustiques et l’humidité, ils ont caché quelques hosties. Les policiers, lorsqu’ils m’ont remis le paquet ouvert, m’ont demandé : « Souffrez-vous de douleurs au ventre ? J’ai répondu : « Oui ! Depuis longtemps ! » Le policier, montrant la petite bouteille, dit : « Voici un médicament pour vous. »

Depuis ce jour, j’ai toujours pu célébrer la Sainte Messe, car les fidèles chrétiens ne m’ont jamais laissé manquer de « médicaments contre les maux de ventre ». J’ai mis trois gouttes de vin et une goutte d’eau dans la paume de ma main gauche, tandis que de l’autre je tenais une petite hostie : ainsi je célébrais la Sainte Messe tous les jours et j’avais l’impression d’être dans une cathédrale et mon cœur était rempli de joie. Mes ravisseurs étaient étonnés et, quand je le pouvais, je racontais l’histoire de Jésus… et ils écoutaient et certains se convertissaient. Ils ont dû les changer souvent parce que la joie que Jésus m’a donnée leur a été transmise… et ils m’ont demandé de devenir chrétien. Oh, si nous comprenions quel grand cadeau Jésus nous a fait avec la Sainte Eucharistie ».

Extrait du témoignage du cardinal François-Xavier Nguyen Van Thuan