RAMEAUX (B) PROCESSION

28 mars 2021

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Is 50,4-7; Ps 21; Phil 2,6-11; Mc 14,1-15,47

Chers Frères et Sœurs, Pâques approche. La semaine sainte commence et celle-ci ne s’achèvera ni le vendredi de la mort, ni le samedi du silence tombal de Dieu, mais le dimanche de la Résurrection du Christ.
Une semaine dramatique qui s’ouvre sur un triomphe de gens en fête, se poursuit dans un climat de tension entre haine et amour, et culmine en cette manifestation de miséricorde qu’est la fête de Pâques.
La première partie de notre célébration se concentre sur les Rameaux, c’est-à- dire sur le triomphe de Jésus reconnu solennellement comme étant le Christ, Celui qui est l’Envoyé du Père. Le peuple de Jérusalem accueille Jésus en chantant et agitant des branches d’olivier, feuilles de palmiers, et autres feuillages coupés dans les champs.
L’entrée de Jésus est triomphale. Il entre dans la ville sainte pour célébrer la nouvelle Pâques qui délivre l’homme de l’esclavage du péché et de la mort parce qu’il aura donné sa vie en sacrifice.
Jésus entre en triomphe dans la ville de Jérusalem, mais surtout il entre dans la joie de tout cœur fidèle.
L’absurde — humainement parlant — c’est que pour entrer en Roi, en triomphe dans la ville, il ait souhaité emprunter une monture, demandant alors à ses disciples de se rendre chez le propriétaire d’une ânesse, car « le Seigneur en a besoin, dit-il ».
Est-il possible que Dieu ait besoin de quelque chose, un besoin quelconque? Dieu est tout ; il a tout fait, comment peut-il avoir besoin de quelque chose ? Pourtant dans le Messie, Dieu se fait mendiant de notre amour par amour. Et aujourd’hui il a « besoin » d’un âne pour entrer « en Roi » dans la ville de Jérusalem. « Comme il eut besoin d’une ânesse et de son ânon, à chaque instant Jésus a besoin de tout ce que nous pouvons lui donner, c’est-à-dire un cœur de pauvre pour entrer avec lui, dans la Jérusalem céleste de sa charité ».

Le peuple de Jérusalem est en fête parce que Celui qui était attendu depuis des siècles comme leur libérateur pour les guider vers une vie en plénitude, fait son entrée en ville, dans la ville sainte. Ce peuple aujourd’hui rend hommage à la Vérité de l’amour, qui libère.
La seconde partie de la célébration liturgique d’aujourd’hui porte sur la Passion d’un Homme-Dieu passionné.
La célébration de cette Pâques est rendue « possible » par l’acceptation de la Passion de Jésus, que saint Marc nous raconte en mettant au premier plan les faits et les situations, et non les paroles.
Au fur et à mesure que de Béthanie, où Marie-Madeleine a oint ses pieds, l’on s’enfonce dans la passion, nous voyons Jésus entrer dans un silence de plus en plus profond, jusqu’à finir par se taire complètement. Cette phrase : « C’est toi-même qui le dis », est tout ce qu’il dira, au moment où il lui faut répondre aux questions de Pilate. Il ne dira plus rien jusqu’à la terrible invocation : « Eloi, Eloi, lamà sabactani, (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?) » (Marc 15,34) et au grand cri poussé avant d’expirer (Mc 15,36). Ainsi s’accomplit, jusqu’à l’extrême limite, l’abandon de Jésus qui semblerait abandonné également par son Père.
Nous aussi contemplons la souffrance et la mort du Seigneur pour découvrir en elle la révélation inattendue du Fils de Dieu qui reste indéfectiblement fidèle à la « folie » de l’amour et qui va sur la croix pour chacun de nous, pour l’humanité entière.
Sur la Croix aussi, Jésus est insulté et il semblerait que la logique du don qui a guidé toute sa vie lui soit nié : un don qui se retourne contre Lui : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! ». « Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. ». Face à Jésus, c’est sur la Croix que l’on sait vraiment qui est Jésus et dans quel sens Il est le Messie et le Fils bien-aimé. Nous pouvons dire que le centurion païen est un exemple de vrai croyant.

Maintenant, nous allons cheminer avec le Seigneur qui entre dans Jérusalem, chantons le « Hosanna au plus haut des Cieux, béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! » Avançons-nous pour chanter sa gloire et entrer dans le mémorial de sa Passion.

Vous pouvez écouter ou réécouter l’évangile de la Passion selon saint Marc lu ce Dimanche des Rameaux.