SAINT JOSEPH 2022

19 mars 2022

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Accueil : Nous célébrons dans la joie Saint Joseph, gardien de la Sainte Famille, gardien de l’Église universelle, gardien donc de nos âmes. Nous prions en particulier pour tous ceux qui sont aussi plus particulièrement sous son patronage et je pense au Pape émérite Joseph Ratzinger et bien d’autres. Nous les confions à ce gardien vigilant.

Homélie : On sait l’attachement de notre Pape François à Saint Joseph, lui qui a voulu commencer son ministère pontifical en ce 19 mars 2013 et qui justement vient de nous donner une année consacrée à, justement, approfondir notre relation à Saint Joseph tant nous avons à y gagner. Ce grand Saint qui a été trop longtemps mis dans l’ombre, eh bien, les derniers souverains pontifes s’emploient à mieux le faire connaître pour notre bien, pour notre croissance. Il nous a donné une lettre apostolique à l’occasion de cette année sur Saint Joseph, « Patris corde », que vous avez certainement tous lue, j’espère bien, et non seulement cela mais il a voulu la compléter par toute une série, une dizaine de catéchèses sur Saint Joseph.
Alors je voudrais simplement me faire l’écho de l’une d’elles, la dernière d’ailleurs, il reprend pas mal d’éléments de sa lettre, d’ailleurs dans cette catéchèse du 16 février dernier que vous pourrez retrouver. Eh bien, effectivement, de Saint Joseph nous pouvons dire beaucoup de choses même si lui n’a pas dit grand-chose, semble-t-il, quoiqu’il a dû parler d’une manière normale, parce que c’est un homme bien incarné aussi et son action justement montre combien il a les pieds sur terre et en même temps le cœur tout à Dieu. Mais il a voulu dans cette dernière catéchèse mettre l’accent sur Joseph comme gardien.
Justement l’Évangile de ce jour s’y prête aussi : « Mon enfant, vois comme ton père et moi nous avons souffert en te cherchant ». Voilà l’une des épreuves particulièrement douloureuses que Joseph a eue à traverser dans la foi. Particulièrement douloureuse parce qu’elle touchait le cœur même justement de la mission reçue du Seigneur, mission de Saint Joseph envers Jésus et sa mère : être leur gardien, leur protecteur.
Cette mission de gardien de la Sainte Famille, l’Évangile nous montre que Joseph, « serviteur fidèle et prudent », comme le dit la liturgie, la remplit fidèlement, oui, et courageusement, non seulement dans l’ordinaire de la vie à Nazareth mais plus encore dans les circonstances si difficiles et douloureuses qui ont jalonné effectivement sa vie.
Il pourrait nous venir à l’esprit que dans l’Évangile de ce jour, la perte de Jésus, eh bien, Joseph a manqué de prudence, là en repartant de Jérusalem. Mais il faut se souvenir qu’à 12 ans le garçon juif faisait sa profession de foi, selon le rituel juif, et était considéré par ce fait même comme majeur, religieusement au moins. Voilà. Et d’autre part, si Joseph ne s’enquiert pas tout de suite de la présence de Jésus à ses côtés, eh bien justement l’Évangile nous dit pourquoi : « Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins » ; cela montre justement toute la confiance absolue que Joseph et Marie avaient en Jésus qui voilà selon la coutume, l’habitude était certainement avec sa parenté dans le grand convoi qui traversait toute la Palestine depuis la Galilée pour venir à Jérusalem. D’ailleurs, tous ceux qui ont fait des pèlerinages savent bien que les enfants et les jeunes, ça bouge beaucoup dans ces cas-là ! Voilà, on ne peut pas les avoir toujours sous l’œil ! Et à fortiori, ce Jésus, qui encore une fois a sa majorité religieuse, et c’est bien aussi pour cela qu’il va rester avec les savants juifs religieux pour quelque part inaugurer aussi sa mission d’être lumière du monde. Voilà.
Dans sa lettre apostolique « Patris corde », le Pape souligne combien cette mission de gardien du Rédempteur et de sa mère donnée à Joseph, Dieu la prend au sérieux. En effet, il remet à sa garde « ses trésors les plus précieux », comme le dit Saint Bernardin de Sienne que nous avons entendu à l’office, ce matin. Joseph est l’homme, a dit le Pape, par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la Rédemption. Il s’en remet à Joseph comme il s’en est remis à Marie, à des libertés humaines.
Il est, dit le Pape, le vrai miracle par lequel Dieu sauve l’enfant et sa mère. Oui, Dieu se sert des personnes et des évènements, j’allais dire ordinaires, pour mener à bien son dessein. Je pense évidemment, enfin le Pape évoque à ce sujet Bethléem, bien sûr, la naissance et plus encore la fuite en Egypte. Bien sûr, en tout état de cause, le Seigneur aurait pu faire de l’extraordinaire mais non, il choisit un homme, Joseph, pour faire ce vrai miracle par lequel Dieu sauve l’enfant et sa mère. Parce que cet homme justement a obéi sans conditions dans une foi immense, a obéi aux indications de Dieu. Le Ciel intervient en faisant confiance au courage créatif de cet homme, dit le Pape. Il souligne l’actualité de cette disposition, de la Providence qui ne fait pas à notre place mais nous donne toujours sa grâce pour coopérer justement à ses desseins à Lui.
Notre vie, dit le Pape, semble parfois à la merci des pouvoirs forts, et Dieu sait si cela a de la résonance aujourd’hui, mais l’Évangile nous dit que ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité faisant toujours confiance à la Providence. Si quelquefois, Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver.
D’où cette interpellation du Pape François : « Nous devons toujours nous demander si nous défendons, si nous défendons de toutes nos forces, Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre responsabilité, à notre soin, à notre garde ». (Patris corde n° 5)
Oui, cette garde a une double dimension : Une dimension intérieure. Nous gardons Jésus et Marie dans notre cœur par la foi. Cette foi qu’a vécue parfaitement, héroïquement, Joseph à la suite d’Abraham, comme descendant fils ; digne fils d’Abraham, Joseph a vécu de cette foi. Saint Paul nous dit que « le Christ habite en nos cœurs par la foi », et cette foi que nous avons reçue gracieusement, gratuitement au baptême nous en sommes responsables de la garder en la nourrissant, bien sûr, par la vie sacramentelle, par la prière et la charité, j’y viens. Oui, mais garder Jésus et Marie dans notre cœur par la foi.
Mais cette foi, Saint Jacques nous le rappelle fortement, cette foi n’est réelle, n’est vivante que si elle agit par la charité. Donc si nous gardons Jésus et Marie, nous avons aussi à garder Jésus et Marie extérieurement en prenant soin de nos frères et sœurs. Et c’est l’aspect que développe davantage le Pape dans sa catéchèse de ce 16 février que je citais : « Une très belle marque de la vocation chrétienne, dit-il, c’est de garder, garder la vie ». Oui, Dieu sait si cela a de la résonance aujourd’hui, être les gardiens de la vie quelle qu’elle soit. Garder le développement humain digne de l’homme, garder l’esprit humain digne de l’homme, garder le cœur humain ne pas le laisser se refroidir, se fermer dans l’égoïsme, l’indifférence. Dieu sait si le Pape y insiste beaucoup. Garder le cœur humain, garder le travail humain, respectueux de la dignité humaine. Le chrétien est comme Saint Joseph, il doit garder. Être chrétien ce n’est pas seulement recevoir la foi mais garder la vie, sa propre vie, la vie des autres, la vie de l’Église.
Dans cette mission de gardien les uns des autres, Saint Joseph nous accompagne et nous soutient et c’est pourquoi il est sage, il est opportun, il est utile de le fêter, de le contempler et de le prier, Saint Joseph, pour nous aider à vivre à sa suite notre vocation de gardien les uns des autres. En effet, rappelle le Pape, « Joseph ne peut pas ne pas être le gardien de l’Église parce que l’Église est le prolongement du corps du Christ dans l’histoire. Et en même temps, dans la maternité de l’Église est esquissée la maternité de Marie. Joseph en continuant de protéger l’Église, continue de protéger l’Enfant et sa mère ».
Et cette réflexion, qui fait écho bien sûr à l’actualité douloureuse, « la Sainte Famille a dû affronter des problèmes concrets comme toutes les autres familles, comme beaucoup de nos frères migrants qui encore aujourd’hui risquent leurs vies, contraints par les malheurs et la faim, les migrants et les réfugiés. En ce sens, je crois que Saint Joseph est vraiment un patron spécial pour tous ceux qui doivent laisser leurs terres à cause des guerres, de la haine, de la persécution et de la misère ». Je répète : Saint Joseph est vraiment un patron spécial pour tous ceux qui doivent laisser leurs terres à cause des guerres, de la haine, de la persécution et de la misère. Un appel à lui confier, à lui remettre, à lui demander son secours pour tous ceux qui vivent ces réalités tragiques.
« Et nous aussi, -poursuit le Pape, et je termine-, nous devons apprendre de Joseph à « garder » ces biens : aimer l’Enfant et sa mère, aimer les Sacrements, aimer le peuple de Dieu ». Et dans cette catéchèse, je n’ai pas le temps de le développer, mais le Pape insiste beaucoup sur le fait d’aimer l’Église qu’est le Corps du Christ. Il nous est si facile, si facile de la critiquer. Bien sûr, il y a ce travail de vérité qui a été fait, qui doit se poursuivre sur les péchés des membres de l’Église, sur leurs réparations mais il faut fondamentalement aimer l’Église qui est effectivement le Corps blessé certes de Jésus-Christ, et pourtant ce Corps où Dieu habite, ce Corps Saint de l’Église, le Corps du Christ, « aimer les Sacrements et le peuple de Dieu, aimer les pauvres et notre paroisse. Chacune de ces réalités est toujours l’Enfant et sa mère. Nous devons prendre soin car ainsi nous prenons soin de Jésus comme l’a fait Joseph ». Amen !