SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU 1er Janvier 2022

1 janvier 2022

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Introduction : Nous célébrons aujourd’hui la solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, définie au Concile de Nicée, et ensuite complétée au Concile de Chalcédoine, pour mieux préciser l’humanité et la divinité de Jésus. C’est aussi aujourd’hui la Journée Mondiale de la Paix.
Et ce que le Seigneur nous offre aujourd’hui, c’est beaucoup plus que des vœux, c’est Lui-même. Il offre sa Grâce, son Amour, sa Paix, en Jésus qui nous est présenté par Marie. Accueillons le Prince de la Paix. Ce sont les vœux profonds de Dieu qui se donne par Marie. Que cette Paix demeure sur chacun de nous, qu’elle repose sur chacun, pour que nous puissions entrer et accueillir le don de Dieu Lui-même dans son offrande. Entrons dans cette offrande.
Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

Homélie : Chers frères et sœurs, à Noël, nous avons eu la joie de célébrer la naissance de Jésus dans une vraie famille, Jésus, enfant, au milieu de Marie et de Joseph. Aujourd’hui, la liturgie, l’Église nous demande de tourner nos regards vers la Mère, Marie. On ne peut donc séparer la Mère de son Enfant.
L’Église célèbre donc la solennité de Marie, Mère de Dieu, pour nous rappeler que nous avons en elle un guide fiable, maternel sur notre chemin ici-bas. Une présence. En elle, dans son amour, dans son obéissance, nous trouvons le chemin de l’Amour de Dieu. C’est vers elle que l’Église se tourne parce que Marie, la Mère du Seigneur, est dans le Christ, la Mère de toute l’humanité. Marie participe du prolongement de l’amour que Dieu le Père a voulu nous donner à travers Jésus, son Fils. Et c’est donc avec les yeux et le cœur de Marie que nous contemplons et accueillons la Paix de Dieu en Jésus.
Dans l’étonnement et la joie, nous célébrons le fait que de la tendresse de la Mère de Dieu naît la paix pour tous les hommes : Marie, par la grâce de l’Esprit Saint, a donné au monde le Prince de la Paix. Jésus, notre paix, le Christ, est dans les bras d’une Mère : Marie, l’une de nous. La Paix, Jésus, né d’une femme, est le plus beau cadeau de Noël qui nous a été remis dans les bras par le Père. Il est le visage de la Paix qui brille pour éclairer nos visages.
Nous mendions cette paix de Marie et nous la trouverons, comme les bergers, à l’appel de l’ange, qui « sont allés, en hâte, et trouvèrent Marie et Joseph, et le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après avoir vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit au sujet de cet Enfant… Les bergers s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé. » (Luc 2, 16-20). Ils avaient rencontré le Prince de la Paix. Cette démarche des bergers doit être la nôtre : entendre cet appel de Dieu, obéir à cet appel, venir vérifier, contempler, louer, adorer et témoigner.
La crèche nous parle de Dieu qui se fait Enfant et de sa Mère, qui nous Le donne. Elle Le met au monde la nuit, parce que l’amour est toujours un don qui fait naître le jour. Et devant la crèche, chacun découvre qu’il est aimé, attendu, désiré, et qu’il vaut la peine d’être ce que nous sommes.
Dans cette crèche se trouve le Fils de Dieu. Sans Jésus, la crèche n’est que peu de chose. Il peut y avoir un million de crèches à travers le monde, mais si Dieu ne nait pas dans la crèche de notre cœur, ça ne vaut rien. Sans Jésus la crèche n’est que peu de chose : une étable avec des bêtes qui réchauffent un couple de pauvres parents d’un pauvre bébé.
Si Jésus n’était pas le Fils de Dieu, le Roi des rois, les mages ne seraient pas entrés dans une étable. Ceux-ci, comme les bergers, ont vu, ont cru, se sont agenouillés et se sont prosternés. Ils nous donnent l’exemple de foi et d’humilité. Ils ont vu la réalité d’un nouveau-né en Jésus entouré de pauvres parents en Marie et Joseph, et ils ont été étonnés par l’Amour, dont la puissance se manifeste sans force violente. Dieu s’est « servi » d’un enfant. Sous d’humble réalité, ils ont découvert quelque chose qui les dépasse.
L’émerveillement des bergers, des rois mages, de Joseph et de Marie n’était pas dû à l’intimidation que l’on éprouve habituellement devant quelque chose de majestueux et d’impressionnant, mais cela venait de la présence du Prince de la paix, de l’Enfant Jésus, d’où émanait quelque chose de si simple que tout le monde s’agenouilla devant Lui qui gisait dans une étable.
Nous pouvons nous demander comment la Vierge a-t-elle vécu son premier Noël ? Les mots et les actes, Marie les a conservés dans son cœur, dans une écoute consciente, réfléchie et intelligente : le cœur signifie tout cela. L’écoute intérieure de Marie se prolonge, elle n’est pas éphémère. On le retrouve dans l’Évangile douze ans plus tard, lorsque Jésus est retrouvé dans le Temple. C’est toujours la même disposition : Marie écoute, entend, réfléchit.
L’expression de l’Évangile : « elle garde tout dans son cœur », nous dit que Marie ne conservait pas ces faits de façon passive, inerte, mais active et vivante, en reliant et confrontant une chose avec l’autre, en essayant de comprendre la logique profonde, la direction et la vérité des choses qui peuvent sembler sans rapport ou même contradictoires.
Et c’est précisément ce que Marie a fait, d’une part, en écoutant les mots qui ont proclamé la gloire de l’Enfant, ces mots qu’elle avait elle-même entendus de l’ange à l’Annonciation, et d’autre part, en voyant « son bébé enveloppé de langes et déposé dans une crèche ». C’est la discordance habituelle entre grandeur et petitesse, gloire et pauvreté, qui constitue l’épine, la colonne vertébrale, l’épine dorsale de l’événement chrétien.
L’écoute de Marie devient ainsi une interprétation vraie et juste qui fait la lumière sur le mystère de Jésus. Marie n’est pas seulement la Mère de Jésus, elle en est aussi l’interprète le plus intime. Elle nous explique Noël. Noël, ce n’est pas facile à comprendre.
Marie gardait toutes ces choses, les méditant dans son cœur. Son cœur et son esprit cherchaient le fil d’or susceptible de réunir les contrastes : une étable et « une multitude d’anges », une lumière extraordinaire et la nuit, une crèche et un « royaume qui n’aura pas de fin ». Comme elle, comme les bergers et les rois mages, nous aussi, conservons au moins l’étonnement : à Noël, la Parole est un enfant qui ne peut pas parler, l’Éternel est seulement le matin d’une vie, le Tout-Puissant est un enfant qui ne sait que pleurer. Dieu recommence toujours ainsi, avec de petites choses et dans un profond silence.
A l’occasion de sa circoncision, l’enfant reçoit définitivement son nom. Non pas de Joseph et de Marie, comme habituellement un enfant reçoit son nom, son prénom de ses parents, mais de Dieu Lui-même. Jésus signifie : « Dieu sauve. » Autrement dit, Jésus est véritablement le Dieu qui sauve, il est le Fils de Dieu qui apporte la Paix, le Salut au monde.
Saint Paul, étonnamment, résume le projet divin qui se réalise à Noël. Il nous parle de la naissance de Jésus, « né d’une femme » et nous montre que cette femme prend place, d’une manière tout à fait étonnante, dans les relations trinitaires. « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils, il est né d’une femme. » Marie entre dans les relations trinitaires ; elle a conçu Jésus par l’action de l’Esprit Saint.
Les textes de la fête d’aujourd’hui parlent beaucoup de bénédiction. Et ce n’est pas un hasard si le début de la nouvelle année est marqué par ce lien très fort entre la maternité de Marie de Nazareth et la bénédiction de Dieu sur nous. En cette fête de Sainte Marie, Mère de Dieu, nous sommes invités à contempler à la fois la bénédiction qui nous est faite en Jésus, l’Emmanuel, Emmanuel « Dieu parmi nous », ainsi que celle que Marie a reçue, une telle bénédiction de concevoir l’Homme-Dieu.
Lorsque l’Ange Gabriel a salué Marie, il lui a dit : « Je te salue, comblée de la grâce de Dieu. » Elle est, par excellence, Celle sur qui le nom de Dieu a été prononcé. C’est pourquoi, elle est : « bénie entre toutes les femmes… » Quand Dieu bénit, il dit du bien de nous, et nous le savons bien, « bene-dicere ». Ce qui n’est pas étonnant puisqu’Il nous aime.
Que dire alors de la bénédiction de Dieu ? Quand Dieu dit du bien de nous, sa Parole agit en nous, elle nous transforme, elle nous fait du bien. Être « béni », c’est être dans cette grâce de Dieu, vivre en harmonie avec Lui. Cela ne nous évitera pas pour autant les difficultés et les épreuves, nous le savons trop bien, mais celui ou celle qui vit dans la bénédiction de Dieu, traversera les épreuves en tenant à cette présence de Dieu, sûr de sa présence.
En ce début d’année, alors que la paix demeure toujours précaire et fragile en notre monde, nous nous confions à la miséricorde de Dieu. Nous Lui présentons nos familles, ceux et celles que nous aimons, les malades, nous Lui confions notre monde dans sa recherche de bonheur, nous prions pour les pays en guerre, nous prions pour les réfugiés, pour tous ceux qui sont déplacés, pour ceux et celles qui sont persécutés, et nous invoquons la prière de notre Mère du ciel sur nous.
C’était aussi cette prière qui nous a accompagnés cette nuit, dans cette veillée de nouvel an. Oui, accueillons cette bénédiction de Dieu sur chacun de nous, qui est Dieu Lui-même, et qui nous est offert par Marie, sa Mère. Amen.