SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU, Solennité 1er janvier 2023

1 janvier 2023

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION : Frère Jean-François

En ce premier jour de l’année, 1er janvier, nous avons la joie de fêter une mère. Et quelle mère ! Marie, mère de Dieu, mère de Jésus, mère de l’Église et de chacun d’entre nous. Et que veux une mère pour ses enfants ? Ce qu’il y a de plus beau, de plus grand. Et ce qu’il y a de plus beau pour Marie, c’est de donner son cœur, et son cœur, c’est son enfant, Jésus. C’est Lui qu’il nous faut accueillir. C’est le plus beau cadeau de Dieu, la plus belle bénédiction que nous recevons.

Accueillons cette bénédiction de Dieu, qui est le Prince de la paix, et demandons au Seigneur pour chacun de nous, pour le monde, pour l’Église, la paix de Dieu, la bénédiction de Dieu. Entrons dans cette Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché, que nous avons besoin d’un Sauveur, le Seigneur Jésus.

 

HOMELIE : Frère Jean-François

Chers frères et sœurs, quel vœu vous offrir en ce premier jour de l’année ?

Permettez que je vous raconte un merveilleux petit conte. C’est le conte de petits bergers qui, à l’annonce de l’ange, ont entendu ce magnifique message qu’un nouveau-né était né. Alors, ils se dirent tous : « Il faut qu’on aille voir cet enfant. Il faut qu’on lui apporte ce que nous avons de plus beau et ce qu’il lui manque. » Il est né dans une étable et tous ces petits bergers se munirent l’un d’un agneau, l’autre d’un pipeau, un troisième des vêtements chauds de laine, et d’autres de bouquets de fleurs, de boites de chocolat, d’un pot de miel, etc.

Et ils arrivèrent tous, avec empressement, devant ce qu’ils découvrirent : une pauvre famille, une maman qui portait son enfant, Joseph à côté et le petit. Et tous ensemble, ils voulaient donner à Marie ce qu’ils avaient de plus beau. Le problème, c’est que Marie avait les mains occupées, elle portait son enfant.

Or, Marie vit un petit berger qui n’avait rien, des mains ouvertes, le regard ravi contemplant l’enfant. Alors Marie prit l’enfant et le déposa dans ses bras, car il n’avait que lui-même à offrir. C’est peut-être le sens de ce beau jour de la fête de Marie. Le plus beau cadeau que nous ayons à offrir, c’est celui de recevoir. Recevoir ce que le Seigneur veut donner par Marie : ce qu’Il a de plus beau, de plus grand, son cœur, Jésus. Et c’est précisément ce que nous avons entendu dans ces lectures.

La première lecture, c’est Dieu Lui-même qui bénit et veut bénir, et nous demande d’accueillir sa bénédiction. Saint Paul nous dit que « La bénédiction de Dieu, c’est Jésus Lui-même. » L’Évangile nous montre la bénédiction de Dieu dans un enfant, le Don de Dieu, ce Don qui est paix, amour et bénédiction.

En ce premier jour de l’année civile, oui, que nous faut-il contempler ? C’est vers Marie que précisément l’Église se tourne. Parce que Marie, la Mère du Seigneur, Marie est l’amour que Dieu le Père a voulu nous donner à travers son Fils.

Si nous sommes habitués, comme les bergers, à nous émerveiller devant l’enfant Jésus, Marie, sa mère et Joseph, la Sainte Famille, et à nous offrir des vœux de bonheur, de santé, de prospérité… Force est de constater qu’il n’en est pas ainsi pour Marie et Joseph. Car que découvrent les bergers ? Bien sûr, la mère, Marie, Joseph, avec un nouveau-né, couché dans une mangeoire. En ce lieu où le Seigneur est annoncé. Et c’est aussi la preuve touchante du choix de Dieu : le dénuement. Il nait dans une mangeoire, le strict minimum.

Mais pour Marie, la Sainte Mère de Dieu, il n’en était pas ainsi. Elle a dû, je pense, supporter douloureusement ce scandale de la mangeoire. Elle avait bien reçu l’annonce d’un ange, qui lui avait dit des paroles solennelles en évoquant le trône de David : « Tu vas concevoir et enfanter un fils. Tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé le Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. » Et maintenant, humiliation, comme abandonné, elle doit le coucher dans une mangeoire pour animaux.

Comment tenir ensemble l’annonce de l’ange à Marie et celle de l’ange aux bergers ? Le trône du roi et la pauvre mangeoire ? Comment concilier la gloire du Très-Haut et la misère d’une étable ? Qu’y a-t-il de plus dur pour une mère que de voir son enfant souffrir de pauvreté, de dénuement ? Marie ne se décourage pas. Elle ne s’épanche pas, mais garde le silence. La Sainte Famille demeure dans le silence. « Marie cependant, nous dit l’Évangile, retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur. »

Contrairement à l’annonce à Marie, la mangeoire est bien la confirmation de ce que les bergers avaient appris de l’ange. Jésus, en naissant, touche le cœur des petits et des pauvres. Il nous prouve que l’amour est plus fort que la crainte. La mangeoire nous annonce à l’avance ce qu’il sera, une nourriture pour nous.

Et sa pauvreté est bonne nouvelle pour tous, spécialement pour ceux qui ne comptent pas aux yeux du monde. Dieu vient ainsi, aucune voie privilégiée, pas même un berceau ! Voilà la profondeur du mystère de le voir demeurer ainsi parmi nous.

Et dans l’étonnement et la joie, nous célébrons le fait que de la tendresse de la Mère de Dieu nait le Prince de la paix pour tous les hommes, bénédiction de Dieu. Marie, par la grâce de l’Esprit Saint, a donné au monde le Prince de la paix, Jésus, rédempteur de l’humanité. Notre paix, le Christ, est dans les bras d’une mère, Marie. La paix, Jésus, né d’une femme, est donc le plus beau cadeau, bénédiction qui nous est donnée au commencement de la nouvelle année. Il est le visage de la paix qui brille pour éclairer nos visages, en ce monde mendiant la paix.

Après avoir vu, les bergers deviennent bavards. Ce sont des missionnaires. Ils firent connaitre ce qui leur avait été dit au sujet de cet enfant. Ils s’en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu, pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.

Le rôle de Marie et Joseph est d’offrir, de donner et de s’offrir. La mission des bergers est d’annoncer. Marie a conservé tout cela dans son cœur, dans une écoute intérieure active, consciente, réfléchie : le cœur signifie tout cela. L’écoute intérieure de Marie se prolonge, elle n’est pas éphémère. Son cœur et son esprit cherchaient le fil d’or susceptible de réunir les contraires : une étable et une « multitude d’anges », une crèche et un « royaume qui n’aura pas de fin ».

Avec Marie, comme les bergers, nous aussi conservons au moins l’étonnement : Noël, la Parole est un enfant qui ne peut pas parler. L’éternel est seulement le matin d’une vie, le Tout-Puissant est un tout petit qui sait pleurer. Dieu recommence toujours ainsi, avec de petites choses et dans un profond silence. Devant la crèche, chacun découvre qu’il est aimé, attendu, désiré, et qu’il vaut la peine d’être ce que nous sommes.

Huit jours après sa naissance, à l’occasion de la circoncision, le nom de l’enfant nous est révélé : Jésus signifie « Dieu sauve ». C’est ce nom qui nous est donné, un nom sauveur. Il est le Fils de Dieu qui apporte le Salut au monde.

La nouvelle année est marquée par ce lien très fort entre la maternité de Marie de Nazareth et la bénédiction de Dieu sur nous. En cette fête de Sainte Marie, Mère de Dieu, nous sommes invités à contempler à la fois la bénédiction qui nous est faite en Jésus, l’Emmanuel, Dieu parmi nous, ainsi que celle que Marie a reçue, une telle bénédiction de concevoir Jésus, vrai homme et vrai Dieu en une seule personne.

Lorsque l’ange Gabriel a salué Marie, il lui a dit : « Je te salue comblée de la grâce de Dieu. » Elle est par excellence celle sur qui le nom de Dieu a été prononcé. C’est pourquoi elle est « bénie entre toutes les femmes ». Marie prend place au cœur du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Elle a conçu Jésus par l’action du Saint Esprit.

Etre « béni », c’est être dans la grâce de Dieu, vivre en harmonie avec Lui. Cela ne nous évitera pas pour autant les difficultés, les épreuves, nous le savons trop bien. Mais celui ou celle qui vit dans la bénédiction de Dieu, traversera les épreuves en tenant la main de Dieu et celle de Marie.

En ce début d’année, alors que la paix demeure toujours précaire et fragile dans notre monde, nous nous confions à la miséricorde de Dieu. Nous lui présentons nos familles, ceux et celles que nous aimons, les malades. Nous lui confions notre monde dans sa recherche de bonheur. Nous prions pour les pays en guerre ; nous prions pour les réfugiés ; nous prions pour ceux et celles qui sont persécutés, et nous invoquons la prière de notre Mère du Ciel sur nous.

Que cette nouvelle année qui commence sous le signe de la Sainte Mère de Dieu, soit le signe de la mère qui se penche sur ses enfants, le regard maternel, avec son cœur qui est ce chemin pour renaitre et grandir.

Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous tes enfants.

AMEN