Solennité de L’ASSOMPTION DE MARIE

15 août 2021

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Homélie : Chers frères et sœurs, avec Elisabeth, nous pouvons redire : « Heureuse es-tu, Marie, toi qui as cru à l’accomplissement des paroles qui te furent dites de la part du Seigneur ». L’accomplissement des paroles du Seigneur, c’est aussi cet accomplissement en Marie de cette gloire qui lui est donnée de monter en son âme et en son corps au ciel, en Dieu.
L’Assomption de Marie, de la terre au Ciel, nous assure que le Ciel et la Terre sont ouverts l’un sur l’autre. Que la mort à cette terre n’est pas la fin de la vie, mais l’entrée dans le Ciel. L’Assomption de Marie nous montre que la mort n’est donc pas la fin de la vie, mais la frontière entre la vie terrestre vécue dans la foi et la vie céleste vécue dans la vision. En la Vierge Mère, accueillie dans le ciel, nous est donc révélé l’éternel destin qui nous attend au delà du mystère de la mort : un destin de bonheur plus que comblé à l’infini dans la gloire divine.
Marie qui avait donné la vie à la Vie, en Jésus, par son Assomption montre que la distance entre le ciel et la terre est annulée. La fête d’aujourd’hui célèbre l’accueil immense dans le ciel du Seigneur Jésus à sa Mère comme elle l’avait accueilli sur la terre Lui qui venait du ciel. Pour nous aussi, célébrer l’Assomption signifie accueillir le Christ et s’abandonner à Lui : (pour nous aussi,) vivre ce double accueil et apprendre de Marie à vivre et à mourir pour et par amour. Car enfin, c’est cette aspiration de l’amour qui a fait que Marie a été « assomptée » au ciel.
En la Vierge Mère, accueillie dans le ciel, nous est donc révélé l’éternel destin qui nous attend au delà du mystère de la mort : un destin de bonheur plein de la gloire de Dieu. Il faut y croire. Il faut l’espérer. D’une part, la mort de la Mère de Dieu et de chacun de nous conclut une existence que le dessein de Dieu, le dessein divin de salut, avait continuellement liée au Christ dans sa mort et sa résurrection. L’amour gagne sur la mort, et la mort n’est pas la fin, mais plutôt la frontière, -comme je dis-, entre une condition de mortalité et une condition d’immortalité.
Dans le pèlerinage de Marie sur terre qui fut d’une part physique : de Nazareth à Bethléem, de Bethléem à l’Égypte, de l’Égypte à Nazareth, de Nazareth à Jérusalem, jusqu’à Éphèse ; et d’autre part spirituel : un pèlerinage de foi, d’obéissance et d’amour, en partant de son propre cœur pour arriver à celui de Dieu, donnant au Christ un cœur de chair.
En cela, il nous faut nous rappeler l’enseignement du Concile : « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute souillure de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort. » (Concile Vatican II, Lumen Gentium, n° 59).
« Ainsi, dans son Assomption au ciel, Marie est enveloppée de toute la réalité de la communion des saints, et la même union avec son Fils dans la gloire est tendue vers la plénitude définitive du Règne, quand Dieu sera tout en tous » (idem).
Il est aussi vrai que, d’autre part, pour Marie, la mort et l’Assomption furent le début d’une vie heureuse. Saint Jean-Paul II affirma que Marie, dans son corps et dans son âme, a été acceptée au ciel pour qu’elle puisse continuer son « rôle de mère, de médiatrice, de clémence dans la venue définitive du Christ juge et vivant de toutes les créatures » (cf Encyclique Redemptoris Mater n° 41). C’est en cela qu’aujourd’hui, nous pouvons célébrer la fête de Marie, la plus belle fête des mères.
« Marie -écrivait encore le Saint Père Jean Paul II- a été acceptée, -en corps et en âme-, pour servir « servante du Seigneur » dans la gloire éternelle. Marie prépare et sert le Règne final du Fils. « La gloire de servir » ne cesse d’être son exaltation royale : acceptée au ciel, elle ne termine pas son service salvifique, dans lequel la médiation maternelle s’exprime jusqu’au couronnement perpétuel de tous les élus » (idem n° 41). Marie est donc au ciel toujours en « enfêtement » de l’Église pour notre salut. Notre naissance sera celle de notre naissance au ciel.
Personne plus que Marie n’a eu confiance en Dieu, comme il en ressort de ses paroles prononcées dans le Magnificat : « Mon âme magnifie le Seigneur », c’est-à-dire Elle proclame « grand » son Seigneur, et désire donc que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous (Benoît XVI, homélie du 25 Août 2005).
La Mère du Christ nous montre maternellement que Dieu est Père, grand dans la miséricorde, et non un « concurrent » dans notre vie, comme s’il était un despote, qui veut nous enlever quelque chose de notre liberté. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi sommes grands, étant enfants de Dieu, et nous devons nous efforcer, avec Marie, de comprendre qu’au ciel nous pourrons être acceptés, pris, accueillis, et pour cela, il faut que Dieu soit grand dans notre vie, partout, et dans tous les moments de notre vie.
Dieu manifeste sa grandeur en se faisant « petit », avec nous, pour être accueilli, gardé et aimé, et l’homme qui est réellement petit, peut être grand avec Dieu et vivre, en lui et avec lui, pour l’éternité.
Prions constamment la Vierge Marie élevée au Ciel, qui est avec Dieu et en Dieu, est proche de nous tous, connaît notre cœur, peut entendre nos prières, peut nous aider avec sa bonté maternelle. Nous pouvons donc, confier toute notre vie à cette mère qui n’est pas loin de nous tous.
La fête d’aujourd’hui nous console, parce qu’on célèbre non seulement le fait prodigieux de l’Assomption de Marie au ciel, Marie mère de Jésus, corps et âme, mais aussi notre foi avec laquelle nous croyons que nous serons avec elle dans la gloire.
Et nous le serons, si nous faisons, je dirai presque, l’impossible pour vivre comme elle dans la foi, dans la prière, dans l’espoir, dans la charité et dans le service, si nous savons transfigurer chacune de nos souffrances, de nos joies, et même nos péchés, en pureté, en amour, si nous nous adressons à elle, toujours, pour être dignes du pardon et de la miséricorde du Christ.
Dans cette fête de l’Assomption, disons avec la Vierge Marie, reprenons pour nous-mêmes son Magnificat, reconnaissant que notre petitesse peut accueillir la grandeur du Christ comme sa mère l’a fait. Si nous agissons de cette façon, nous participerons, non seulement à la joie, mais aussi à la gloire de son Assomption au ciel. Oui, Sainte Marie, prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.