TOUS LES SAINTS Solennité

1 novembre 2021

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Homélie de la Solennité de TOUS LES SAINTS et des Vœux temporaires de Frère Stéphane, 1er novembre 2021.

Introduction : La joie avec laquelle vous avez chanté doit nous donner un petit aperçu, un petit aperçu de ce que ce peut être au Ciel cette gloire des Saints, des anges qui explosent ! Eh bien, remercions le Seigneur de nous donner cet avant-goût de ce bonheur qui nous attend avec les Saints du Ciel.
Ces Saints qui ont été sauvés par le sang du Christ et qui sont dans la joie, la gloire, et qui communient avec nous dans cette Eucharistie qu’est l’offrande de Jésus à son Père.
Et au cœur de cette Eucharistie, nous aurons la profession religieuse de vœux temporaires du frère Stéphane. Merci à chacun de vous d’être présent et de communier dans la prière à ce bel évènement.
Entrons dans cette Eucharistie en nous reconnaissants pécheurs, c’est-à-dire des pécheurs pardonnés dans l’Amour de Dieu.

Homélie : Cher Frère Stéphane,
Ce temps de Noviciat, c’est aussi un chemin des béatitudes, béatitudes que nous avons entendues, un chemin de sainteté, et aujourd’hui, le temps de votre Noviciat s’achève, je dirais heureusement. Cependant, la formation à la vie consacrée dans la communauté des Petits Frères de Marie est un chemin de croissance pour la vie. Frère Stéphane, entouré de votre famille, de vos proches et amis, vous prononcez vos vœux religieux de pauvreté, chasteté et obéissance, en la fête de tous les Saints du Ciel. En ce jour, nous sommes unis au bonheur de nos frères les Saints ; tous ont été sauvés par le Christ, tous sont nés de son côté ouvert. C’est pourquoi, le lieu par excellence de la communion avec les Saints est l’Eucharistie et c’est au cœur de l’Eucharistie que vous prononcez votre offrande, le don de vous-même au Christ Sauveur.
Comme vous le savez, notre monde ne manque pas de savants et d’hommes remarquables et généreux, mais aussi de pauvres, de blessés de la vie, de personnes en quête de sens, mais il a plus que jamais besoin de saints. Un des privilèges des saints est d’être toujours actuel. Par l’exemplarité de leur vie et par leur intercession qui demeure constante, les saints continuent, au cours des siècles, à agir profondément dans les cœurs. Les grands hommes eux sont vite oubliés, lors même qu’ils font l’objet quasiment d’un culte ou qu’ils sont devenus un mythe, tandis que la mémoire des saints, ainsi que le dit un psaume, demeure une bénédiction.
Certes, les saints ne parviennent pas à la perfection en un seul jour. Ils connaissent de grandes luttes. Ce sont des battants qui savent que le plus grave n’est pas de tomber mais de ne pas vouloir se relever. Tribulations, contrariétés, échecs de toutes sortes n’ont pas manqué dans leur vie ; ils ont fait l’expérience de leur faiblesse ; une foi profonde fut leur réconfort. Le courage et la patience ont donné à leur sainteté un éclat particulier et un encouragement à ceux qui suivent le même chemin. Dans les saints resplendit la gloire de Dieu et brille d’un éclat singulier la beauté unique de l’Évangile des béatitudes. Et c’est dans leur sillage que vous inscrivez votre désir de servir et d’aimer le Seigneur dans vos frères.
Votre profession religieuse est une ouverture à vivre la sainteté à l’exemple des saints et la sainteté est une transformation d’amour que le Christ Jésus opère dans le cœur de celui qui se livre totalement à lui : la prière, les sacrements, la charité fraternelle, la vie communautaire et le service de la mission en sont le chemin assuré, chemin que l’Église nous a toujours montré et que les saints ont parcouru sous sa conduite, de façon exemplaire. Vous l’exprimez dans votre lettre d’admission lorsque vous dites : « J’ai besoin  d’une vie fraternelle, contemplative et apostolique. »
Petit Frère de Marie veut aussi dire que plus on est petit, plus l’amour doit être grand en nous. La Vierge Marie, que nous aimons beaucoup et que vous aimez beaucoup, nous l’enseigne admirablement. Elle est toute cachée ici-bas et pourtant elle est la Reine du ciel, des Saints, des anges et de la terre. Si vous avez l’ambition de la sainteté, vous aurez aussi l’ambition de la petitesse mariale. Une ambition qui vous permettra de faire des choses pour Dieu et pour lui seul, parce que personne d’autre ne les verra. Autrement dit, « il ne s’agit pas tant de faire ce que l’on aime mais d’aimer ce que l’on fait sous le regard de Dieu », comme le dit un moine. C’est ainsi que vous désirez, selon votre expression, « faire corps avec la famille des Petits Frères de Marie, une famille avec ses joies, ses peines, son histoire, ses souffrances, ses blessures, ses qualités, une famille quoi ! » Oui, une famille comme nous pouvons la redécouvrir dans l’exposition du Jubilé de nos cinquante années depuis la fondation.
Cette profonde union au Christ, que déjà vous vivez, stimulera en vous le sens du service à l’exemple de Jésus, tout donné à vos frères pour la gloire du Père. Et sous la conduite de Marie, vous serez une âme de service, constamment prêt à répondre aux appels de votre vocation en gardant à l’esprit les paroles de Jésus : « ce que vous faites au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous le faites ». Le service des plus petits vous procure la joie de donner, d’accueillir, de se laisser accueillir, de répondre aux appels particulièrement des malades physiques, psychologiques et spirituels. Un appel à un ministère de compassion auprès de ceux qui souffrent, qui ne se sentent pas aimés et qui ne croient pas ou plus à l’Amour. L’expérience de la miséricorde dans votre conversion, l’épreuve de la maladie et de la mort de Lisette, votre épouse, son rappel à Dieu et l’appel de Dieu à le servir dans la vie consacrée, vous a préparé à la proximité des plus petits.
Au fond, nous pouvons nous demander : que signifie votre consécration au Seigneur comme Petit Frère de Marie dans l’Ordre canonial ? Tout d’abord, je dirai une prévenance de Jésus à votre égard. C’est Jésus qui vous a appelé à le suivre, d’abord dans le sacrement de mariage et, après le rappel à Dieu de votre épouse, il vous a ouvert ce nouveau chemin de perfection évangélique. C’est donc lui qui a eu cette initiative de miséricorde, et il vous appelle à aller plus loin dans l’amour. A la base d’une consécration, il y a une attraction de Jésus. Avec l’aide de son Esprit Saint, vous avez répondu librement dans une offrande voulue de vous-même, reconnaissant ainsi le primat de l’amour. Vous relevez cette expression de Mère Marie de la Croix, notre fondatrice : « Être une petite hostie vivante ». Oui, la consécration est d’abord une action de Dieu qui fait de vous une terre qu’il habite, et votre cœur est un temple nouveau qui doit manifester l’amour de Dieu et son amour pour les hommes.
Vous aimez Marie, vous aimez aussi Saint Joseph. Joseph et Marie sont unis dans un amour virginal pour nous faire comprendre ce que signifie le don des cœurs. Dieu se sert de Saint Joseph pour se cacher. Saint Joseph fut donné pour époux à la Vierge Marie. Il se laisse conduire par Dieu et par quel chemin ! Il se remet à Marie et par elle à Dieu. Et Marie se remet à Dieu par Joseph. Saint Joseph devient pour nous un modèle d’obéissance qui s’enracine dans l’amour contemplatif, dont l’unique source est la charité, que l’Esprit Saint répand dans son cœur.
Cher Frère Stéphane, que votre joie demeure puisée dans l’offrande de Jésus par Marie. C’est de là que surgit le don qui génère, c’est de là que jaillit l’Esprit qui renouvelle (cf. Jn 19, 30). « … car, nous dit Saint Jean, ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné mais un esprit de force, d’amour et de maîtrise de soi ». Que nous-mêmes nous nous sentions appelés, à partir de là, tous et chacun, à donner notre vie pour le Seigneur et pour les hommes, sachant que tant de frères et sœurs portent de lourdes croix et attendent la consolation libératrice de l’Évangile, la tendresse de l’Église.
Frère Stéphane des Cœurs unis de Jésus et Marie, vous ne manquez pas d’intercesseurs en la personne de Lisette, de Mère Marie de la Croix et des membres de la famille spirituelle qui sont dans le Cœur de Dieu. Vous avez choisi de servir dans la maison et l’œuvre de Marie, Mère du Rédempteur, au Cœur transpercé et immaculé : elle vous accompagne, soyons dans l’action de grâce ! Amen.