TOUS LES SAINTS, Solennité

1 novembre 2020

  • Frère Marie-François PERDRIX Frère Marie-François PERDRIX

Introduction : Ce linceul de terreur, de violence, de haine, de mort qui semble nous recouvrir est traversé ce matin d’un rayon de lumière. Dieu, l’assemblée des Saints s’invitent chez nous pour nous redire que nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu, que nous sommes tous d’une même famille déjà sauvés. C’est bien notre Fête à nous tous, alors bonne Fête, que nous soyons confiant dans l’aujourd’hui de Dieu, et dans ces jours qui s’offrent à nous beaucoup de confiance pour vivre ce temps.
Nous sommes heureux d’accueillir Jean-Luc du diocèse de Nantes, diacre permanent, et un confrère du diocèse de Versailles qui nous accompagne.
Nous entrons dans cette célébration de l’Eucharistie en communion avec le ciel et les Anges par la porte du pardon. Nous sommes tellement saints et tellement pécheurs.

 

Homélie : Mes bien-aimés, « une foule immense » se tenait « devant le trône et devant l’Agneau » vêtue « de robes blanches, avec des palmes à la main », s’extasie le voyant de Patmos.
Mes « bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes », vient de s’exclamer l’apôtre Saint Jean.
Mes bien-aimés, « réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse car votre récompense est grande dans les cieux », vient de nous proclamer Jésus, Lui-même.
Quelle belle invitation à la joie et à l’action de grâces en cette Fête de la Toussaint qui est, aux dires de notre Pape François, « notre Fête à tous, non parce que nous sommes bons, mais parce que la sainteté de Dieu a touché nos vies ».
Vous sentez-vous concernés, ce matin, par cette affirmation de Jésus appuyée par Jean qui ne cesse de nous dire aujourd’hui la sainteté de Dieu et en même temps que nous ne serons pas encore tout-à-fait ses enfants de Dieu ? Il y a bien du « déjà là » et du « pas encore », tout n’est pas encore manifesté en nous.
Cette Fête de tous les Saints n’est-elle pas l’expression par excellence des affirmations de notre credo : « Je crois à la communion des Saints, et je crois à la vie éternelle » inséparablement ?
N’est-ce pas notre certitude que la vie éternelle est déjà commencée et que certains sont déjà arrivés au terme et que d’autres, nous, sommes toujours en chemin vers la plénitude de la possession de cette vie avec Dieu et avec tous ceux qui ont donné leur vie pour Dieu et pour les autres ?
Ce sont deux cris que nous entendions ce matin dans l’homélie de Saint Bernard pour la Toussaint, je le cite ; « Nous réjouir dans la communion -des Saints- tellement désirable et obtenir d’être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux… Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n’en aurions cure ! Les Saints nous désirent et nous n’en ferions aucun cas ! Les Justes nous espèrent et nous, nous nous déroberions ! ». Et aussi, continue Saint Bernard : « Voir… -ici-bas-…le Christ… notre Tête non pas couronnée de gloire mais -couronnée- par les épines de nos péchés ». C’est le paradoxe de notre vie chrétienne dans notre condition de pécheur où se mélangent grâce et faute, pardon et refus d’amour.
Ne faut-il pas, en ces temps qui sont les nôtres, épouser à nouveaux frais ce regard de Dieu sur l’humanité déjà rachetée par Lui, mais qui est dans les douleurs de l’enfantement, qui vit ce lourd combat contre les ténèbres de la terreur, de la violence, de la haine et de la mort ?
Cette Fête de tous les Saints ne serait-elle pas le rappel urgent de cette expression de Saint Mathieu dans l’évangile de tout-à-l’heure où parlant des « cieux », il veut dire : « Dieu ». Pour dire « le royaume de Dieu », Mathieu écrit toujours « le royaume des cieux ». Si je veux donc comprendre le propos de Jésus, je dois traduire : « Votre récompense est grande en Dieu », et aujourd’hui même.
Voici que Jésus nous adresse un message de bonheur pour tous ceux qui, comme l’écrit l’apôtre Saint Jean, sont « enfants de Dieu », c’est-à-dire « qu’ils sont en Dieu et Dieu en eux ».
N’est-ce pas là notre plus grande force, celle de se savoir et de faire l’expérience que nous sommes chacun, personnellement, les enfants bien-aimés du Seigneur ? Qu’avons-nous besoin de plus urgent que cette certitude que quoi qu’il arrive, quels que soient les événements de nos histoires et de notre monde, nous sommes dans le cœur de Dieu. N’est-ce pas cela être touché par la sainteté de Dieu ? Et continuer d’accueillir avec la grâce de Dieu, continuer d’accueillir, d’accomplir la volonté de notre Père des cieux au jour le jour et cela le plus souvent dans la plus grande discrétion sans tambour ni trompette.
Le cœur des béatitudes est bien cette invitation à ressembler au Christ. Il s’agit de 8 voies  pour le rejoindre, 8 sentiers pour gravir la montagne où Jésus se tient quand il proclame ces paroles. Certains monteront par la face nord toute droite mais verticale et d’autres par le long sentier sinueux.
Soyons sûrs, avec Jésus, que les temps nouveaux sont arrivés. Ces béatitudes ne sont pas données pour rendre le monde un peu plus supportable, en attendant le ciel. Elles nous sont proposées pour vivre comme le Christ, et avec Lui, pour goûter dès maintenant le Royaume des cieux.
Pour terminer, gardons au cœur cette réflexion et ce conseil du jeune Bienheureux Carlo Acutis, je le  cite : « Il arrive que tous les hommes naissent comme des originaux, mais beaucoup meurent comme des photocopies », et aussi : « Pour s’envoler vers les hauteurs, la montgolfière a besoin de lâcher du lest, tout comme l’âme, pour s’élever vers le ciel, a besoin d’enlever même les plus petits poids que sont les péchés véniels… Faites comme moi et vous verrez les résultats ».
Mes bien-aimés, qu’il en soit ainsi !