Vêpres et Procession du Saint-Sacrement

14 juin 2020

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

« Ceci est mon corps donné pour vous ». Comme je le disais ce matin, à chaque fois que nous communions au corps du Christ, à chaque fois, il faut Le recevoir comme l’unique fois. Recevoir Jésus Hostie dans son cœur pour la première fois, pour l’unique fois… Mais est-ce la première visite de Jésus ? En vérité, Dieu a déjà pris possession du cœur, au baptême, pour y faire sa demeure. Sa présence en nous fait grandir et désirer ardemment de le recevoir sacramentellement et obéir ainsi à son commandement : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; il demeure en moi et moi en lui. » L’Eucharistie, c’est la chair et le sang de Jésus. En communiant à Jésus Hostie, au fond qu’est- ce qu’Il nous apporte ? D’abord une présence, puis un remède, enfin une nourriture.

Une présence, oui la présence de Jésus ressuscité, dans le cœur, présence glorieuse bien que dans l’humilité et cachée aux yeux. Présence totale, vivante, vivifiante. Une présence active qui pénètre toutes les fibres de la personne pour ne faire qu’un avec Jésus. Une présence aimante car Jésus est là pour se donner, pour purifier l’âme, pour continuer en chacun de nous sa vie d’offrande et prendre en compte ce que je suis, ce que je fais.

Recevoir Jésus Hostie dans son cœur est aussi un remède contre la fermeture et la dureté du cœur, contre la solitude et contre la mort de l’âme. Une présence qui est un remède contre la fermeture du cœur car nous ne pouvons pas nous exposer à la présence réelle de Jésus en l’hostie sans qu’Elle s’infiltre et finisse par embraser l’âme du feu de son Amour. Ainsi la charité de Jésus purifie, éclaire, intensifie, fortifie la petite flamme qui est dans le cœur de chacun. Elle la pacifie, l’unifie en l’orientant au service les uns des autres pour se communiquer l’Amour de Jésus. Un remède contre la solitude car en Jésus Hostie, Il est là, près de toi, ne te quittant jamais ni de la pensée ni du regard ; En Jésus, tu trouves le Père et l’Esprit Saint, Marie et tous tes frères humains. Il est un remède contre la mort de l’âme : celui qui demeure en Jésus et en qui Jésus demeure porte beaucoup de fruit. Ce fruit invisible sur la terre et que nous percevons, percevrons que dans l’éternité mais c’est le seul qui compte, la croissance de Jésus dans les âmes.

Une nourriture, une nourriture qui enrichit, qui donne le goût de Dieu, qui ouvre le cœur à l’infini. Une nourriture qui a pour nom : viatique. De même que le corps a pour nécessité de se nourrir pour vivre et grandir, de même l’âme doit se nourrir de l’Eucharistie pour ne pas voir mourir en elle la vie de Dieu et se perdre. Pour accomplir le chemin de la vie que Dieu fait avec nous, sur lequel repose tout le sens de la Procession que nous venons de faire, il faut se nourrir de l’Eucharistie, de ce pain des anges qui se fait nourriture pour les hommes affamés de vérité, d’amour et de liberté. Etonnés de la très grande proximité du Christ qui habite nos églises et qui n’attend rien d’autre que pouvoir demeurer en nous, il nous faut juste nous nourrir de Lui qui a pris notre chair et notre sang par Marie. Pour que sa chair et son sang puissent être notre vie, essayons d’avoir le même étonnement que la Vierge Marie qui contemplait le visage du Christ à Bethléem comme à Jérusalem.

Ces deux vierges, cette même Vierge qui m’entoure : la Vierge à l’Enfant et la Vierge du Christ en Croix, c’est le même regard, intense. Du berceau à la Croix, la Vierge n’a jamais cessé de regarder avec foi et amour le visage du Fils, de le serrer dans ses bras avec pitié après sa naissance et après sa mort. Que notre Mère céleste soit ce modèle d’amour qui inspire notre adoration eucharistique.

Le pape François a rappelé la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement, invitant à le découvrir aussi dans les pauvres. L’Hostie consacrée contient la personne du Christ, nous sommes appelés à Le chercher devant le tabernacle dans l’église mais aussi dans ce tabernacle qui sont les derniers, les souffrants, les solitaires et les pauvres ; Jésus, lui-même l’a dit.

Eh bien, demandons à Marie cette conscience d’enfant de Dieu, de pauvre pour découvrir dans le cœur du Christ cette source d’Amour qui comble chacun. Amen.