1er DIMANCHE DE CARÊME C 9 mars 2025

9 mars 2025

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION : PÈRE JEAN-FRANÇOIS

Bienvenue au Père Luc METAYER, curé de la paroisse St Jean Paul II de BETTON près de RENNES, avec ces jeunes qui se préparent à la Profession de Foi, cette Profession de Foi, que nous renouvelons nous-mêmes, chaque dimanche, Profession de notre Baptême et nous venons de chanter :

  • « Voici le temps où Dieu fait grâce,

la route est ouverte qui conduit à Pâques.

Heureux ceux qui entendent l’appel de l’Eglise,

revenez au Seigneur votre Dieu,

Il vous rendra la vie »

Et en ce premier dimanche de Carême, hé bien, comment le définir ? Je pense à cette parole de St Paul dans cette deuxième lecture, cette parole, c’est le message de la foi que nous proclamons :

  • « En effet, si de ta bouche tu affirmes que Jésus est Seigneur, si dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé, car c’est avec le cœur que l’on croit, pour devenir juste. »

C’est précisément, l’expérience que Jésus nous enseigne dans l’épreuve de la tentation du diable au désert, et, la porte d’entrée de ce temps de Carême est l’humilité et la prière qui nous ouvrent à l’action de l’Esprit-Saint.

Hé bien, entrons dans la célébration du mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons besoin de cet Esprit-Saint pour nous reconnaitre pécheur.

 

HOMÉLIE : PÈRE JEAN-FRANÇOIS

Chers frères et sœurs, quand nous entendons parler « entrer en temps de Carême », dans le mental habituel, dans nos esprits, nous pensons pénitence, épreuves. Le temps de Carême ne doit pas être réduit à un temps de tentation, ce qui nous ferait oublier l’essentiel, mais à un temps de surcroit d’amour de Dieu.

Lorsque nous parlons de tentation, nous pensons tout de suite à quelque chose qui nous porte à faire le mal, c’est vrai. Le sens qu’il nous faut comprendre dans l’Evangile est celui de mise à l’épreuve. Jésus au cours de son dernier repas avec ses apôtres leur dit :

  • « Vous êtes, vous, ceux qui avez tenu bon avec Moi dans mes épreuves »

Au début de la vie publique de Jésus, tout de suite après son Baptême, c’est l’épreuve. Nous sommes à un tournant radical de la vie de Jésus, de sa lointaine Galilée où, bien après le décès de St Joseph qui fut une épreuve, Il a quitté sa Mère et les siens. Il est monté en Judée, et avec les foules, Il est descendu par le chemin de l’humilité, sur les bords du Jourdain pour recevoir, par Jean-Baptiste, le Baptême de conversion, alors que Jésus est sans péché.

L’Esprit est descendu sur Lui, la voix du Père Lui a dit :

  • « Tu es mon Fils bienaimé »

Durant son Baptême, Jésus est en prière, et St Luc le note explicitement. Jésus est en prière avant que l’Esprit-Saint ne descende sur Lui. Jésus est en prières avant qu’une Parole venue du Ciel ne proclame qui Il est et sa mission :

  • « Tu es mon Fils, en Toi j’ai mis tout mon amour, écoutez-Le »

St Luc joint toujours prière et don de l’Esprit, prière et ministère apostolique. Si nous voulons être conduits par l’Esprit nous devons, dans une démarche d’humilité, prier pour le demander et pouvoir l’accueillir. Si en tant que baptisés nous avons le devoir d’annoncer le Christ, nous devons prier pour que l’Esprit-Saint nous conduise. Dès ce moment, Jésus entre dans un désert. Tout le sens de sa vie c’est-à-dire, toute la direction vers laquelle elle tend est sa mission de Messie, d’Envoyé du Père, la mission de faire connaitre et de rendre présent sur terre le règne de Dieu son Père. Rien ne le fera dévier de sa route. A chaque suggestion de tentation de faire autrement, Il affirme que son désir et son choix, est de faire la volonté de son Père. Si nous partons de là, si nous prenons bien la mesure de ce qu’est la tentation, quelque chose qui attaque notre relation au Père, nous pouvons comprendre que seul le Fils, le Fils par excellence, Jésus, pouvait vaincre cette tentation et traverser l’épreuve, et l’Esprit-Saint, Lui qui, remplit Jésus, le pousse de l’intérieur, agissant en Lui au plus intime de son être, signe d’une présence constante de l’amour. Les verbes employés par St Luc sont au passif, c’est-à-dire que Jésus, certes est le sujet sur lequel les puissances agissent, mais Il a été rempli, Il est conduit par l’Esprit-Saint.

Le diable, Satan lui-même, par orgueil, veut être le sujet premier. Il se veut omniprésent, le diable L’emmène, le diable Lui fait voir, le diable Le conduit, le diable Le place. Jésus est provoqué, comme bousculé ici et là, recevant des ordres impérieux :

  • « Dis que ces pierres…, jette-toi en bas…, adore-moi…, si Tu es le Fils de Dieu », dis Satan

D’une façon caractéristique, ces mots trahissent l’essence de la tentation. A quoi reconnait-on une tentation ? On la reconnait à son but. Et quel est le but que poursuit la tentation ? Nous couper de Dieu, nous couper du Père, nous couper, plus précisément encore, du Père. Elle s’attaque à la relation filiale que nous avons avec Dieu. Elle s’attaque finalement donc à notre vocation ultime, la vocation divine de l’être humain, devenir des enfants de Dieu, des fils de Dieu :

  • « Si Tu es Fils de Dieu »

C’est toujours là-dessus au final que le tentateur cherche à mettre le doute. Par la première tentation le diable utilise la peur de la mort. Il manipule la souffrance de l’homme, et ici, c’est la faim que Jésus éprouve, la faim qui peut conduire à la mort. Le diable manipule la souffrance de l’homme pour le faire douter de Dieu, voir qu’il souffre de la faim. C’est donc que le Père n’existe pas vraiment pour toi. Combien de fois nous entendons dans notre monde les échos de cette tentation, et jusque dans notre cœur.

Pour la deuxième tentation, le diable propose l’idolâtrie comme remède à la finitude : « Tu auras tous les royaumes tout de suite, tout, tout de suite, la puissance, la richesse, la gloire. Pour cela une seule condition, nier Celui que Satan présente comme le grand concurrent, le grand concurrent de l’homme, c’est-à-dire Dieu. Voilà le mensonge de Satan. Dieu est un concurrent pour lui. Si tu veux être riche, si tu veux avoir tout, surtout, débarrasses-toi de Dieu. Cette immédiateté de la convoitise, ce tout, tout de suite suppose une négation de Dieu, du moins de l’image mensongère qu’on se fait de Dieu. N’entendons-nous pas en effet les échos de cette tentation dans notre monde et jusque dans notre cœur ?

La deuxième tentation suppose que Dieu est loin, que le monde en fait lui échappe et git au seul pouvoir de Satan :

  • « Tout cela m’a été livré » dit le diable menteur, « et je le donne à qui je veux ». Quel orgueil !

Enfin la troisième tentation, la plus subtile de toutes, celle qui peut guetter l’homme croyant, cherche à utiliser l’amour du Père, utiliser l’amour du Père à notre profit, pour notre sécurité : Puisque le Père m’aime, que cela me serve, que cela garantisse ma sécurité, que ses anges ne vont pas me protéger. A chaque fois, le piège consiste à refuser le Père en se méfiant de Lui, en Le niant parce qu’Il serait de trop, ou en L’utilisant. A chaque fois, la gratuité de la relation filiale serait brisée et le vrai visage du Père méconnu.

Jésus, le Fils de Dieu, en entrant dans le monde est confronté à tous ces pièges, mais pour les dénouer. Il est confronté Lui, le Fils de Dieu, dans tous les pièges qui nous guettent, et dont nous ne pouvons plus sortir par nous-mêmes. Il les a démasqués, non pas parce qu’Il a vaincu toutes ces tentations, non pas parce qu’Il aurait une force morale surhumaine, mais parce qu’Il a voulu être fils jusqu’au bout. C’est par son être même que Jésus nous sauve, et cela est fondamental pour notre foi.

A vous, enfants, jeunes, qui vous préparez à la Profession de Foi, ne l’oubliez jamais. Vous avez une relation intime à entretenir avec votre Père qui est au Ciel. La puissance de Jésus contre le tentateur n’est pas extérieure, c’est son être même, sa relation au Père qui est la victoire contre toutes tentations. Jésus vient être Fils là où le tentateur voudrait couper l’homme de la relation au Père. Jésus vient être ce qu’Il est, le Fils en nous, là, où nous ne savions plus nous remettre entre les mains du Père.

Si le Carême est le temps de l’Esprit-Saint, c’est aussi un temps marial, comme Jésus, après la manifestation du Père et de l’Esprit, était poussé par ce même Esprit-Saint au désert, pour une communion intense avec son Père. Souvenons-nous, Marie, après la Visitation ayant reçu l’Incarnation, l’Esprit-Saint, l’Envoyé du Père, et la venue donc de l’Esprit-Saint, a été poussée vers Aïn Karim portée,par la présence de l’amour de Dieu, et c’est cet amour qu’Elle a offert, Elle a été transparente à cet amour de l’Esprit-Saint pour sanctifier Jean-Baptiste, et le Christ nous sanctifie .
Demeurons, conduits par l’Esprit-Saint, dans la parole de Dieu, c’est la source de l’amour du Père dont nous sommes les enfants bienaimés. AMEN