3e DIMANCHE DE CARÊME C 23 mars 2025

23 mars 2025

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Accueil :

Nous accueillons les couples qui sont en retraite avec Priscille et Aquila. Effectivement nous pouvons chanter la gloire de Dieu pour tout ce qu’il fait, au fil des heures, pendant ce week-end pour ces couples. Nous accueillons aussi des lycéens de Stanislas de Paris, et puis vous tous qui venez chaque dimanche.

Cette journée est, aussi, une journée demandée par nos évêques pour prier pour les victimes d’abus dans l’Église. Donc, nous pouvons porter cette intention de ces personnes qui sont blessées à vie. Cela nous dit que nous sommes des pécheurs, que nous avons besoin d’être recréés, restaurés par la Miséricorde du Seigneur. Livrons-nous à cette Miséricorde en reconnaissant que nous avons péché.

 

Homélie :

Nous progressons sur notre chemin du Carême. Il a commencé par la proclamation à l’appel à la pénitence et à la conversion le mercredi des Cendres. Il se dirige vers la lumière de Pâques, vers la victoire du Christ ressuscité qui a accompli notre libération.

Les deux premières lectures de la messe de ce dimanche rappellent l’expérience de la première libération qu’a connue le peuple hébreu. Cette expérience, décisive, est relue par Saint Paul pour nous chrétiens, car ces évènements, dit-il, devaient nous servir d’exemple.

Dans notre première lecture, nous voyons Dieu s’engager pour libérer le peuple de l’esclavage d’Égypte. Et en même temps, nous voyons qu’il attend notre engagement à nous aussi. Dieu ne veut pas sauver des cadavres, il veut libérer des fils. Il attend donc notre coopération qui sera celle de Moïse et celle du peuple.

Moïse est en train de faire paître le troupeau de son beau-père Jéthro, et voici que le Seigneur lui apparait sous l’aspect d’un buisson en feu, autrement dit, le Seigneur vient à notre rencontre dans notre quotidien, dans l’humble devoir de chaque jour, et en même temps, il ne se situe pas sur notre trajectoire. Moïse doit faire un détour, il doit se dérouter pour se diriger vers le Seigneur, et le Carême est bien ce temps où nous sommes interpellés pour réorienter notre route, pour remettre le cap sur Dieu.

Lorsque nous faisons attention à Dieu qui nous fait signe, c’est alors qu’il peut nous adresser son message, en l’occurrence, il révèle à Moïse combien il n’est pas indifférent au sort des Hébreux :

  • « Oui, j’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens, et pour le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays. »

Dieu voit, il entend, il connait, il descend et il délivre. Dieu n’est pas indifférent ou inactif, il agit en descendant nous rejoindre là où nous en sommes, pour nous sauver. Ce sera tout le mystère de l’Incarnation. Ce salut se réalise par une remontée du peuple, une résurrection.

Si Dieu descend pour nous sauver, il ne veut pas nous sauver sans nous :

  • « Va vers Pharaon, dit-il, va vers tes frères. »

Toute la mission de Moïse sera un combat contre la mauvaise volonté de Pharaon et contre la résistance de ses frères qui ne cesseront de récriminer pendant 40 ans. Autrement dit, le salut ne se fait pas tout seul, il coûte, et c’est précisément ce que veut dire le mot de « rédemption ». C’est que ce salut a un prix. Cela demandera beaucoup de foi et beaucoup d’énergie à Moïse.

Dans la deuxième lecture, Saint Paul montre que la sortie d’Égypte qui fut un acte de puissance de Dieu qui a fait passer son peuple au travers des eaux de la mer. Cette sortie d’Égypte a valeur d’exemple, pour nous, chrétiens d’aujourd’hui. Paul fait le lien entre la sortie d’Égypte et notre Baptême. Tous, ils ont été unis à Moïse par un Baptême dans la nuée et dans la mer, comme nous qui sommes unis au Christ par le Baptême, dans l’eau et dans l’Esprit.

Les Hébreux ont mangé la même nourriture spirituelle, la manne, comme nous qui aujourd’hui nous nourrissons de l’Eucharistie, le Corps du Christ. Autrement dit, par sa passion et par sa mort le Christ nous a donné la libération véritable et nous donne tout ce qu’il nous faut pour notre marche vers la vie éternelle. Mais, il nous faut faire attention. La plupart des Hébreux, dit Saint Paul, n’a pas su plaire à Dieu en raison de leur indocilité, et ils sont morts dans le désert.

Nous sommes nous-mêmes qui sommes baptisés, nous sommes invités à prendre garde de ne pas tomber comme eux. Autrement dit, notre marche vers la patrie doit être un permanent chemin de conversion, désirer Dieu et renoncer au mal, dans le concret de nos vies :

  • « Celui qui se croit solide, dit Saint Paul, qu’il fasse attention de ne pas tomber. »

C’est cette même mise en garde que nous trouvons dans l’Évangile que nous venons d’entendre à travers les deux faits dont parle Jésus, ce massacre des Galiléens dans le temple, et puis la chute de la tour de Siloé. Il est facile de chercher des coupables, ce qui nous dédouane, à bon compte, de nos propres responsabilités et de notre nécessité de conversion :

  • « Qui que nous soyons, dit Jésus, nous avons à travailler à notre conversion. Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même », dit-il.

Et c’est de la vie et de la mort éternelles dont nous parle Jésus là, et il termine par cette parabole du figuier qui ne porte pas le fruit attendu, ce figuier qui représente Israël. Mais ce figuier c’est aussi l’Église et chacune de nos vies. Portent-elles les fruits que le Seigneur attend ? Si l’Église porte des fruits de sainteté, la révélation des abus montre que l’Église de notre temps porte aussi des fruits amers, des fruits de mort.

Cet appel de Jésus à la conversion n’est pas théorique, mais, il nous interpelle personnellement. Il interpelle l’Église et il nous interpelle chacun, chacune.

Le Carême est ce temps de grâce, ce temps de miséricorde qui nous est laissé pour notre amendement, que dans le silence et le secret de nos cœurs nous fassions place à l’Esprit-Saint, pour qu’il consume en nous tout ce qui nous oppose à Lui, et qu’il nous donne de marcher sur ce chemin de la justice et de la fidélité à sa grâce.

AMEN