4e DIMANCHE DE CARÊME C 30 mars 2025

30 mars 2025

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Accueil : Frères et sœurs, en ce quatrième dimanche du Carême, nous sommes invités à laisser la joie de Pâques, déjà, envahir notre cœur. Nous venons de passer la mi-Carême. C’est aussi le moment où nous faisons le point, en nous disant : « Où est-ce que j’en suis de ce Carême ? »

 

Homélie : Frères et sœurs, est-ce que vous allez bien ce matin ? [Oui] C’est une bonne nouvelle. Parce que vous voyez les Frères derrière, ils ont une petite mine, puisqu’ils ont eu une petite nuit, avec le décalage horaire qui est arrivé, d’une heure. Mais, vous, vous êtes en forme. C’est que vous allez pouvoir écouter à la fois et, peut-être, répondre à des questions. Je sais qu’il y en a qui n’aiment pas trop quand je pose des questions, mais bon, il faut un peu de tout pour faire un monde !

Alors, je vais m’adresser aux jeunes et aux enfants du collège des Muriers, du Mans. C’est ça ? Et puis, il y a des scouts qui sont derrière aussi. Je vous ai vus. Vous aussi, vous avez le droit de répondre aux questions aussi. Et puis, bien sûr, toute l’assemblée. Je ne vous oublie pas non plus.

Alors, est-ce que vous vous souvenez, les plus jeunes, quand vous vous préparez à votre première des Communions, pour ceux qui l’ont déjà faite et pour ceux qui s’y préparent, à un moment de votre parcours, vous voyez un passage de l’Évangile. Pour bien nous préparer à vivre la confession, on entend cet Évangile qui est très long, qu’on vient d’entendre tout à l’heure, qu’on appelle « le retour du fils prodigue » ou d’autres « le père miséricordieux ». Pour nous aider à comprendre tout l’amour que Dieu a pour nous et qu’il veut déverser dans notre cœur.

Mais, pour bien comprendre cet amour que Dieu veut nous donner, il est bien de savoir d’où on vient, où est-ce qu’on en est aujourd’hui et où est-ce qu’on voudrait partir, dans quelle direction on voudrait partir.

D’où est-ce qu’on vient ? La toute première lecture qu’on a entendue, qui a été lue par le Frère Christian, je crois, disait ceci : le peuple d’Israël était en esclavage en Égypte, et puis Dieu, il a fait quoi ? Il les a libérés. Et ce peuple, pendant 40 ans, Dieu a façonné le cœur de ce peuple. Parce qu’ils avaient la tête dure, plus que pour moi, ils avaient le cœur très dur, il fallait transformer ce cœur, pour qu’il puisse comprendre que le dieu qui vient les sauver, ce n’est pas un dieu qui leur veut du mal, mais plutôt du bien. Et lorsqu’ils sont arrivés dans le lieu que Dieu leur a promis, la Terre Promise, ils vont fêter la Pâque, la toute première Pâque.

Est-ce que vous savez ce que signifie le mot « Pâque » ? Je vous ai posé une question, vous avez le droit de répondre. Oui ? Non ? Moi, je vois certains qui font [entre oui et non]. Bon, très bien. Alors, je vais vous expliquer. Ah ben tiens, il y en a une qui a levé la main là-bas. Vas-y, tu sais ce que c’est le mot « Pâque » ? Passage, tu as dit vrai ! Donc plus 10 dans le compte pour elle.

Passage ! Et ce passage, c’est le passage de l’esclavage à la liberté. Ça va ? Passage de la mort à la vie. Passage de la souffrance à la guérison. Et passage de la séparation d’avec Dieu à la réconciliation avec Dieu.

Lorsque nous nous préparons à Pâques et le jour de Pâques, notre cœur doit être dans cette dynamique. On doit se poser cette question : pourquoi est-ce que je vis cette Pâques, de cette année 2025 ? Est-ce que c’est parce que c’est Pâques, Jésus est ressuscité ? Ou est-ce que Dieu veut me dire quelque chose, il veut apporter une réalité dans ma vie, il veut me sauver, moi ? C’est une question que vous pouvez vous poser, au moins jusqu’à Pâques, voire bien plus loin que Pâques.

Si Dieu veut nous réconcilier, il nous donne des moyens. Et dans la deuxième lecture que nous avons entendue, il nous est dit : « Si nous sommes en Jésus-Christ, nous sommes une créature nouvelle. » Bon, ça, c’est la position dans laquelle nous sommes. Mais, entre la position que Dieu nous donne et là où on en est aujourd’hui, il y a un chemin pour y arriver. Et ce chemin va passer par la réconciliation.

De plus il est dit, dans la deuxième lecture, que Dieu a posé en nous une parole de réconciliation. Ça veut dire quoi pour nous ? Ça veut dire : déjà Dieu nous a sauvés, mais il faut que nous, nous acceptions d’accueillir cet amour de Dieu qui nous sauve et d’essayer d’en vivre dans notre quotidien. En étant plus que sympa, mais en ayant un amour qui dépasse peut-être notre égoïsme.

La parole de réconciliation, elle nous réconcilie avec Dieu. Parce que, par moments, on peut être énervé contre Dieu, on peut en vouloir à Dieu, en disant : « Si Dieu est tout-puissant, pourquoi il y a la guerre, pourquoi il y a la souffrance, pourquoi on perd les êtres chers qu’on aime… et ainsi de suite ? » Et on peut en vouloir à Dieu pour cela.

Dieu nous dit, tout simplement, que lorsque notre humanité souffre, lorsque notre humanité va mal, lui, Dieu, il est descendu, en la personne de Jésus-Christ, venu en notre humanité, vivre la souffrance avec nous et nous aider à prendre un chemin de vie. Il n’est pas notre ennemi. Il est à la fois notre Dieu, notre compagnon de route, notre associé et tout ce dont nous avons besoin pour sortir du mal et du péché.

Il y a aussi la réconciliation avec nous-mêmes. Par moments, il peut arriver qu’on ne s’aime pas trop, tel que Dieu nous a créés. Si on ne s’aime pas, il nous est très difficile d’aimer les autres et d’aimer Dieu. Apprendre à s’aimer, c’est reconnaitre que Dieu a fait de nous une créature nouvelle et belle. Au-delà des apparences que nous considérons, il y a une réalité fondamentale : nous avons du prix aux yeux de Dieu, nous sommes aimés de Dieu de toute éternité. Il va falloir se réconcilier avec soi-même.

Si nous sommes réconciliés avec Dieu, avec nous-mêmes, il reste la part de la réconciliation avec les autres. Il n’est pas facile, surtout quand on est blessé et profondément blessé. Nous avons peut-être du mal à remonter la pente pour accorder le pardon et la réconciliation avec l’autre.

Nous ne sommes pas seuls. Si Dieu est avec nous, nous avons ce pouvoir sur le cœur de Dieu de lui demander la force et le don de l’Esprit Saint pour pouvoir accorder le pardon aux autres. Tout seuls, il nous est très, très, très difficile de pouvoir accorder le pardon aux autres et de recevoir le pardon des autres. Mais, avec Dieu et le don de l’Esprit Saint, tout devient possible.

Si nous vivons ces trois dimensions de la réconciliation : avec Dieu, avec nous-même et avec le prochain, nous devenons des ambassadeurs de la réconciliation, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture. Alors, les ambassadeurs de la réconciliation, quelle attitude, dimension doivent-ils avoir ? Eh ben, c’est l’Évangile que nous venons d’entendre qui nous éclaire, à travers ce beau passage lumineux de ce fils prodigue ou du père miséricordieux.

Dieu est tout miséricorde, il nous aime, point. Il ne demande pas de mérite de notre part. D’ailleurs, dans ce passage que nous venons d’entendre, je crois que c’est peut-être le seul passage de la Bible où on voit Dieu qui s’empresse, qui s’empresse pour pardonner. Il va au-devant pour pardonner. D’ailleurs, il n’attend pas que son fils lui raconte tout ce qu’il a fait. Arrivé à un moment, il dit : « Stop ! Tu es mon enfant, ça suffit, je te pardonne. »

Et il lui donne trois réalités que nous avons à prendre pour être des ambassadeurs. Lorsque le fils arrive, il lui dit : « Apportez le plus beau vêtement. » Ce vêtement qui est beau, c’est celui que nous avons reçu au jour de notre Baptême et que nous avons à laisser éclater en nous, c’est-à-dire, qu’il montre le visage de Dieu en nous. Et c’est ce qu’on appelle, d’une certaine manière, le vêtement sacerdotal. C’est-à-dire, de par notre Baptême, nous avons à nous mettre au service du prochain et de Dieu, dans la prière. La prière nous aide à nous réconcilier avec les autres. La prière nous aide à permettre que ce monde qui est blessé, qui est séparé de Dieu, puisse être uni à Dieu, c’est-à-dire être rendu juste devant Dieu.

Le deuxième élément qui nous est donné, c’est la bague qui est mise au doigt. Non seulement, il reçoit la dignité humaine, la dignité d’Enfant de Dieu, à travers le vêtement, mais il reçoit son autorité d’Enfant de Dieu comme prince et princesse. Nous sommes des princes et des princesses qui doivent annoncer la miséricorde de Dieu, l’amour de Dieu qui vient prendre soin de nous.

Et, le troisième élément qui nous est donné, ce sont ces sandales. C’est notre dimension prophétique. Nous sommes prophètes de la part de Dieu, à travers la vie que nous menons en Dieu, en nous mettant à l’écoute de sa Parole et en vivant des Sacrements qui nous sont donnés. Plus nous vivons des Sacrements et de la Parole de Dieu, plus la beauté du visage de Dieu nous illumine et illumine tous ceux que nous rencontrons.

Si la foi nous dit : « En Adam, nous sommes tous solidaires du péché, en Jésus-Christ, nous sommes solidaires de la réconciliation avec Dieu. »

AMEN