2e DIMANCHE DE L’AVENT (C)

5 décembre 2021

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction : Bienvenue à ces nombreux groupes qui sont là aujourd’hui : les personnes en formation à la vie spirituelle en particulier, les Louveteaux que j’aperçois bien, les Confirmands de notre paroisse de Saint-Melaine-en-Val-de-Jouanne ! Et bienvenue à vous tous ! C’est le Seigneur qui vous le dit !
En avant ! Nous sommes entrés en Avent. Est-ce que nous avons pris le train ? Ou est-ce que nous sommes restés sur le quai ? Peut-être que la question que le Seigneur nous pose aujourd’hui : est-ce que nous sommes bien en Avent ?
Préparons-nous à célébrer, frères et sœurs, ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché, en reconnaissant nos somnolences, notre torpeur, notre paresse peut-être à marcher en avant.

 

Homélie : Le Seigneur vient. C’était le message de ce premier dimanche de l’Avent. Mais, comme le souligne Saint Bernard, dans un sermon pour l’Avent, que nous écoutons à l’Office, il y a une triple venue du Seigneur. La première s’est faite dans l’humilité de l’Incarnation. C’est ce que nous rappelons dans la liturgie de Noël.
La dernière venue du Seigneur se fera lors de son retour en Gloire, lorsqu’Il viendra pour juger les vivants et les morts, comme nous le confessons dans le Credo. C’est ce que nous chanterons dans l’Anamnèse, au cœur de la Prière Eucharistique. Anamnèse, faire mémoire. « Nous attendons ta venue dans la Gloire. »
« Et entre ces deux avènements, poursuit Saint Bernard, la venue du Seigneur est cachée. » Mais elle est là. Et pour confirmer son affirmation, il s’appuie sur la promesse même du Seigneur, en Saint Jean, cette parole que nous connaissons bien : « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. »
Cette venue intermédiaire et cachée du Seigneur, – si je puis me permettre de compléter Saint Bernard-. D’ailleurs, il ne penserait pas autrement. C’est une manière de dire pour lui. Il parle d’une venue intermédiaire, mais nous savons bien qu’elle est multiple cette venue intermédiaire du Seigneur. Elle est continuelle. C’est ce qu’exprime en particulier cette promesse encore du Seigneur, dans le livre de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, je prendrai mon repas avec lui et lui avec moi. »
Le Seigneur frappe à la porte de nos cœurs, de notre cœur lorsqu’Il nous donne les rendez-vous de la prière, lorsqu’Il nous attend à l’Eucharistie dominicale, lorsqu’Il nous attend au Sacrement du Pardon pour nous recréer, pour nous embrasser, pour nous vivifier -Sacrement du Pardon et de Guérison-, lorsqu’Il nous attend dans la personne qui a besoin d’écoute, de soutien, de service. « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Puisque le Seigneur ne cesse de venir à nous, de nous solliciter et que nous attendons aussi sa venue dans la Gloire, nous avons à désirer, à réveiller notre désir et à préparer sa venue, ses venues, encore une fois. C’est le message de Jean-Baptiste en ce deuxième dimanche de l’Avent : « Préparez le chemin du Seigneur ! » dans votre cœur.
Pourquoi se préparer ? Parce que si nous ne restons pas éveillés et prêts à reconnaitre et à accueillir le Seigneur dans les personnes et les évènements de notre vie, nous manquerons ces rendez-vous que le Seigneur voudrait avoir avec nous, veut avoir avec nous.
Lors de son premier avènement, en effet, qui a reconnu et rencontré le Sauveur sinon ceux qui étaient en attente du Salut de Dieu ? Marie, bien sûr, parfaitement. Joseph, lui aussi, le Juste, qui attendait, qui demandait, qui appelait le Salut de Dieu. Elisabeth, qui, parce qu’elle était, elle aussi, en attente, toute éveillée a reconnu la mère de son Seigneur. Elle a reconnu celle qui portait déjà le Sauveur en elle.
Syméon et Anne, qui dans la prière et l’offrande de leurs vies, la patience, l’espérance attendaient, ils ont reconnu dans ce petit Enfant qui ressemblait à tous les autres, ils ont reconnu le Messie, le Sauveur. Et puis, après, plus tard tous ces pauvres de cœur qui étaient aussi en attente, qui étaient ces pauvres suppliant le Seigneur dans leurs cœurs de venir les sauver.
Voila pourquoi la prière d’ouverture, selon la formule ancienne que j’avais sous les yeux, nous disait : « Éveille en nous, Seigneur, cette intelligence du cœur qui nous prépare à accueillir ton Fils. » La formulation nouvelle, si ma mémoire ne me fait pas défaut, c’est : « éveille cette sagesse. »
Comment alors nous préparer ? Si vous me permettez l’expression un peu vulgaire, en « se bougeant » ! Les Louveteaux savent se bouger. Ils savent se bouger avec leurs jambes et leurs bras. Mais est-ce qu’on sait se bouger avec son cœur aussi ? C’est ça que le Seigneur attend de nous en ce temps. C’est pas seulement pour les petits et pour les jeunes, c’est pour chacun de nous. Se bouger !
On sait combien l’exercice physique effectivement est utile à la santé du corps. Il n’y a pas besoin d’avoir fait beaucoup d’études, mais on nous serine d’ailleurs souvent ce couplet qu’il faut se bouger, quand on va faire des bilans de santé. Est-ce que vous faites de l’exercice physique ? C’est juste, parce que c’est ça qui entretient nos capacités corporelles.
Il en est de même pour la santé de l’âme. Pourquoi s’en étonner ? Il faut accepter de ne jamais s’installer. « Qui n’avance pas, recule », dit la sagesse populaire ; et c’est vrai aussi dans l’ordre spirituel. Mais il est si facile de tomber dans une bonne petite routine gentille, spirituelle. « Oui, je fais ma prière. Et encore c’est pas mal, matin et soir, quand c’est en place. Voilà, je vais à la Messe le dimanche. Bon, et puis voilà. Voilà, je fais de mal à personne, comme on dit. » Qu’est-ce que c’est que cette petite routine ? Le Seigneur veut nous bouger ! Parce que « qui n’avance pas, recule encore une fois. »
Avancer, se mettre et se remettre en marche toujours. « En avant ! », c’est le titre heureux d’une émission quotidienne sur le Net, de l’association Marie Mère de la Lumière, je crois. Que je n’ai pas été voir, mais qui est très recommandée, parait-il. En avant !
Le premier dimanche de l’Avent, la prière de l’Église demandait au Seigneur de nous donner « d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur. » Avec courage. Oui, il en faut pour se bouger, pour sortir de ses pantoufles, on le sait bien. Ce n’est jamais facile de sortir, surtout à cette époque. Mais sortir, encore une fois, ce n’est pas nécessairement faire des kilomètres. C’est répondre aux appels de Dieu.
En ce deuxième dimanche, la prière de l’Église nous fait demander que « le souci de nos tâches présentes n’entrave pas notre marche à la rencontre du Seigneur. »
En ce temps d’Avent, est-ce que j’accepte de bouger, de me remettre en question pour discerner, comme dit Saint Paul, ce qui est le plus important ? On est expert pour remplir nos journées de futilités chronophages. Ça, on sait faire, mais où est le plus important ? Il faut élaguer. C’est un temps pour élaguer, se réorienter vers le Seigneur et vers les autres.
Alors, quels pas en avant faire ? Je crois que chacun d’entre nous, en prenant le temps de la prière du cœur, d’écouter profondément la Parole de Dieu, chaque jour, oui, chaque jour, en vivant le Sacrement du Pardon, qui est un lieu de vérité, un lieu de lumière, avec l’aide aussi d’un frère en Église, le ministre du Pardon, ce sont autant de lieux où chacun peut découvrir les appels particuliers que le Seigneur lui adresse en ce temps de grâce.
Mais, puisque la Parole de Dieu nous est donnée aujourd’hui aussi, en ces lectures, pourquoi ne pas pointer aussi dans ces paroles quelques pistes de conversion, de réorientation ?
« Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère. » C’est vrai que les temps sont difficiles, ben oui. On va pas se faire la politique de l’autruche. Les temps sont difficiles. Est-ce pour autant légitime de tirer une tête de long pied, toute la journée, et de rabâcher nos inquiétudes, nos ressentiments, nos colères ? Oui, elles sont légitimes nos colères, bien sûr. Mais c’est pas ça qui va nous faire du bien de ressasser, de ruminer les uns avec les autres nos colères et notre tristesse. Mais oui ou non, est-ce que le Seigneur est au milieu de nous ?
Hier, il y avait une retraite à Saint-Denis-du-Maine, à la Cité de l’Immaculée, citant Isaïe : « Sois sans crainte ! » Ne crains pas le malheur, le Seigneur est au milieu de toi ! On y croit ou on y croit pas ? C’est plus fort. C’est plus lourd. Ça pèse plus lourd que toutes les souffrances. Et Dieu sait s’il y en a dans le monde d’aujourd’hui. Le Seigneur est là et Il est en train de sauver. Du reste, il y a de temps en temps des témoins assez forts – leur témoignage a une force particulière – que le Seigneur sauve aujourd’hui. Mais Il sauve tous ceux qui lui ouvrent leur cœur. Et Il nous appelle à en être.
Oui, au lieu de quitter « ta robe de tristesse et de misère », souligner le positif. Cette semaine ou la semaine passée, il y avait la sépulture d’une personne. Et j’entendais, autour de moi, dire : « Cette personne était formidable, parce que, Dieu sait si elle avait souffert aussi dans sa vie dans bien des épreuves, mais elle soulignait toujours ce qu’il y a de positif. » Elle avait ce don, cette grâce de semer l’Espérance. Souligner le positif.
Du reste, j’étais frappé, hier, par l’Évangile d’hier où Jésus est touché, bouleversé dans ses entrailles, nous dit le texte, par ces foules qui sont fatiguées, abattues. Comme aujourd’hui. Que de foules abattues et fatiguées, parce que sans berger. Jésus, au lieu de se lamenter, qu’est-ce qu’Il dit ? « La moisson est abondante. » Lui, au contraire, Il voit des épis qui sont prêts à moissonner. C’est pour ça qu’Il va envoyer ses disciples.
Voilà le regard positif de Jésus. Il dépasse l’immédiat, l’actualité. Il voit plus loin. Il voit dans tous ces pauvres qui sont accablés par la vie, Il voit ces épis mûrs qu’Il va rassembler un jour, pour l’éternité, dans la joie.
Autre piste : « Jérusalem ! Tiens-toi sur la hauteur et regarde vers l’Orient. » Oui, regarder plus loin que l’actualité, les yeux fixés sur le vainqueur de Pâques, sans cesse. C’est le but de chaque célébration dominicale, bien sûr, de nous recentrer sur Pâques, la victoire promise, la victoire déjà acquise en son germe. Les yeux fixés sur le vainqueur de Pâques, qui annonce son retour glorieux.
Troisième piste : « Je prie pour vous », dit Saint Paul. « Chaque fois que je prie pour vous. » Donc c’était régulier. Quel est mon engagement dans la prière et la prière pour les autres ?
Et puis, Saint Paul invitait, priait pour que les Chrétiens de Philippe progressent dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance. Je félicite les personnes, la vingtaine de personnes, qui sont là ce week-end, parce qu’ils suivent un parcours de formation à la vie spirituelle. Des gens qui prennent du temps pour se former, pour mieux connaitre le Seigneur, pour mieux comprendre ce qu’est la vie spirituelle, la vie dans l’Esprit Saint. Qu’est ce que c’est de se laisser conduire par l’Esprit Saint ?
Puissions-nous aussi, comme eux, savoir choisir et re-choisir de prendre du temps pour nous former, pour y voir plus clair, pour progresser dans ma relation au Seigneur. Amen.