DÉDICACE de notre ÉGLISE SMMR 11 septembre 2025
11 septembre 2025
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Frère Jean François CROIZÉ
Texte des homélies à venir
Intégralité de la Messe sur Youtube
Textes des lectures voir année C : Is 56/1,6-7; Ps 121/1-9; Ac 7/44-50; Jn 4/19-24.
Ouverture de la célébration : Le dimanche 11 septembre 1994, Monseigneur Billé, alors évêque de Laval, consacrait notre église canoniale sous le vocable « Sainte Marie, Mère du Rédempteur » quatre mille personnes étaient présentent à cet événement.
Aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la dédicace de cette église, bâtie en l’honneur de Sainte Marie, Mère du Rédempteur.
Il est bon de réentendre l’exhortation de l’évêque consécrateur de notre église canoniale : « Cet édifice, on l’appelle une église, où votre communauté sait que sa prière liturgique accomplit une mission reçue et constitue une responsabilité qui vous est confiée, où votre communauté recevra de l’Esprit Saint cette « communion missionnaire » que le même Esprit Saint donne au Peuple de Dieu tout entier.
Dans ce lieu, la nécessité rencontre le mystère. Et voilà le paradoxe : le Peuple de Dieu que nous sommes ne peut se passer d’une habitation de pierres pour aller vers son Dieu. En même temps, l’habitation de Dieu, c’est son Peuple. Dès lors, la maison de pierres n’est plus une maison parmi d’autres. Elle est la maison du Peuple que Dieu habite, elle est la maison de Dieu.
Elle nous renvoie à la construction que nous sommes, à la construction qu’il nous est donné d’être, au Temple de l’Esprit, à l’Eglise vivante. Nous ne construisons d’églises que pour nous laisser construire en Eglise. Et la table de l’autel, ce n’est plus seulement celle de notre offrande, c’est la table autour de laquelle le Christ Ressuscité se donne à reconnaître au partage du pain, du Pain qui est son Corps. »
Enfants bien-aimés de la Mère du Rédempteur, entrons dans la célébration comme corps du Christ renouvelé dans sa miséricorde, reconnaissons-nous pécheurs.HOMÉLIE : Pour la gloire de Dieu, de son Nom trois fois Saint, pour notre sanctification, et aujourd’hui, nous célébrons l’anniversaire de la dédicace de notre église canoniale « Sainte Marie Mère du Rédempteur » avec une reconnaissance particulière à Mère Marie de la Croix à qui nous devons tant. Chacun d’entre nous dans l’Eglise du Christ, est un temple vivant que le Seigneur a consacré et investi par le sacrement du baptême et qu’Il continue de sanctifier.
La gloire du Seigneur habite aussi bien les grandes cathédrales dont la plupart sont placées sous le vocable de Notre Dame, que les modestes chapelles où réside sa Présence. Notre Eglise placée sous le vocable de « Marie Mère du Rédempteur » est présente à la fois dans les vitraux, dans la chapelle des lumières par l’icône sous les traits de Notre Dame de Pontmain revêtue d’une tunique sans couture, portant sur son cœur son Fils en croix dont la plaie ouverte de son cœur coïncide avec le sien.
Le Temple, dans les Ecritures, n’est pas dissociable de l’Alliance. Les anges eux-mêmes servent dans le Temple comme ils ont assisté Marie et servi l’humanité de Jésus, de l’Incarnation à sa Passion.
Le Temple tient une grande place dans l’Ancien Testament et dans l’Evangile. Jésus en a éprouvé l’attirance : Marie et Joseph montèrent au Temple pour le présenter et l’offrir au Temple ; puis à douze ans, Jésus enseigne les docteurs dans le Temple ; pendant sa vie publique il prêche dans le Temple, et il va jusqu’à chasser les vendeurs du Temple en déclarant « c’est la Maison de mon Père, Maison de prière ». A Gethsémani, dans le jardin des Oliviers, Jésus déclare à ses bourreaux : « Chaque jour, j’étais assis dans le Temple à enseigner ». Si le sanctuaire du corps de Marie a été préservée de toute souillure, il n’en est pas de même du Temple de Jérusalem qui a été souillé et instrumentalisé par les hommes ainsi voudront-ils souiller et assujettir celui du Corps du Christ.
Il y a plus : un lien mystérieux entre Jésus et le Temple, c’est bien sur le sommet du Temple que Satan transporte Jésus pour le provoquer, mais c’est surtout l’affirmation qui lui vaudra d’être condamné : « Détruisez ce Temple et je le rebâtirai en trois jours ». C’est là le signe du Temple : la Résurrection. Le mystère de la Présence de Dieu dans le Temple de Jérusalem s’efface et se révèle, se dévoile dans l’Humanité de Jésus vrai Dieu et vrai homme que Marie présente au Père pour nous l’offrir.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe prophétise ainsi : « Tous ceux qui sont fidèles, je les comblerai de joie dans ma Maison de prière…car ma Maison sera appelée Maison de prière pour tous les peuples » c’est bien le chant d’espérance du psalmiste : « J’étais joyeux que l’on me dise : allons à la Maison du Seigneur ». Et bien nous y sommes.
Et face au Sanhédrin, le diacre Etienne témoigne de la véritable signification de la demeure de Dieu en Jésus ressuscité : « Notre nouvelle demeure en Dieu n’est pas dans des demeures faites de main d’hommes, asservies par les hommes mais en Jésus ». Nous nous souvenons quand Jésus meurt sur la croix, le voile du Temple se déchire : le Temple est désaffecté parce que le nouveau Temple est édifié en Jésus.
Mais entre ces deux moments, entre le début du Nouveau Temple à l’Incarnation et la fin de l’Ancien à la Passion, il y a une époque unique où les deux Temples ont coexisté et où le mystère de leur liaison est apparu dans une merveilleuse lumière. Cette rencontre de la réalité et de la figure, rencontre vivante et historique, elle a eu lieu pour la première fois au jour de la Présentation de Jésus au Temple par Marie et Joseph.
Jusque-là il n’y avait que le Temple figuratif de Jérusalem, figure de celui qui devait venir et signe de la Promesse. Or voici, ici, à la fois la figure et la réalité, la promesse et le don. Et le psalmiste chante : Nous accueillons, Seigneur, ta miséricorde au milieu de ton Temple ». Au cœur même de la figure, la réalité est manifestée, au cœur de la promesse, le don est communiqué.
Aux yeux charnels, il y a, porté par sa mère, un enfant dans le Temple, aux yeux de Siméon, dessillés par l’Esprit Saint, cet Enfant est plus que le Temple, il est Celui dont le Temple perpétuait l’attente. Le Mystère est révélé, le voile est écarté, tous les peuples sont admis, prélude de Pentecôte. Mais c’est déjà virtuellement accompli par Siméon : « Lumière pour éclairer les nations ». Le Temple n’était qu’une ombre, voici la Lumière !
Israël avait vécu de l’Ecriture, sans pleinement en posséder la clef et voici qu’elle lui est donnée, Siméon tient dans ses mains, au milieu du Temple, le Maître du Temple. En Siméon, la prière du psalmiste est exaucée : « Illumine mes yeux, que je ne m’endorme dans la mort ».
Le signe du Temple est le signe de contradiction annoncé par Siméon à Marie, comme s’il saisissait la relation dramatique qui allait unir l’Enfant et le Temple, au milieu duquel il se trouvait, et c’est pour avoir affirmé sa relation au Temple que le Christ fut condamné à mort.
Mais le mystère est précisément que le Sanhédrin, pour maintenir à tout prix le Temple ancien qu’il sentait menacé dans ce qu’ils en avaient fait, ait voulu détruire le Temple nouveau en crucifiant Jésus. Mais en détruisant l’humanité de Jésus, c’est en même temps le Temple ancien que le Sanhédrin détruit car désormais Dieu ne réside plus dans le Temple de Jérusalem. Le Sanhédrin, malgré lui, participe ainsi à l’instauration de l’ordre nouveau en Jésus ressuscité.
Et c’est la révélation que Jésus annonce à la Samaritaine : « Ce n’est plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorez le Père mais l’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité. »
Et pour conclure, je reprends une invitation de Saint Bernard qui nous exhorte à pénétrer dans le Temple, l’Eglise du Christ, en nous revêtant des deux ailes des anges brûlants que sont les Chérubins : l’une est admiration, l’autre vénération.
Admiration de la Beauté de Dieu. Vénération qui est adoration accessible que par les vertus mariales d’humilité et de charité de Marie Mère du Rédempteur. Ainsi levons nos regards pleins d’admiration et inclinons nos cœurs en adoration à chaque élévation du Corps et du Sang du Seigneur notre Rédempteur. Amen.