10e Dimanche du Temps Ordinaire B 9 juin 2024

9 juin 2024

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

INTRODUCTION

Frères et sœurs en ce dixième dimanche du temps ordinaire, comme nous l’avons entendu dans le chant d’entrée, « jour d’allégresse », jour de joie, Dieu nous convoque pour nous guérir, pour parler à notre cœur, pour nous dire que nous avons du prix à ses yeux.

Préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMELIE

Frères et sœurs, est-ce que vous allez bien, ce matin ? Il fait beau, beau soleil, il fait un peu plus chaud. Parait-il que ça va se gâter en fin de semaine. Bon, pour l’instant on n’y est pas.

Qu’est-ce que nous pouvons retenir des lectures de ce jour, pour continuer notre route, sur ce chemin de foi, que nous avons choisi et que nous désirons vivre, tous les jours de notre vie ? Les lectures de ce jour, nous permettent de comprendre un engagement un peu spécial, spécifique, qui est lié à notre condition de chrétien. Celui du combat. Le combat spirituel, bien sûr contre le diable, par moments contre nos frères et sœurs, et je crois plus profondément peut-être contre nous-mêmes.

Dans la première lecture que nous avons entendue, on nous dit… On a tous entendu, bien sûr. Ici, on ne va chercher qui accuse qui. Mais, toujours est-il que, dans notre nature blessée par le péché, qui n’est pas notre nature de base, notre nature blessée par le péché, l’Homme a toujours eu tendance et a toujours tendance à ne pas assumer ses responsabilités. On a toujours tendance à rejeter la faute sur les autres. Adam dit : « C’est la femme que tu m’as donnée. » La femme dit : « C’est le serpent que tu as créé. »

Finalement, en fait, tous les trois sont en train de dire qu’en fait c’est la faute de Dieu. Pourquoi tu nous as créés ? Ça c’est une question qu’on entend régulièrement. Pourquoi Dieu m’a créé, s’il faut tant souffrir sur cette terre ? Pensons-nous vraiment que Dieu est aussi sadique, aussi méchant pour nous créer, nous mettre des bâtons dans les roues, nous créer des difficultés, mettre des obstacles dans notre vie ? Je ne crois pas.

Qu’est-ce qu’il se passe ? Si Dieu nous crée, et si le mal est entré, ce qui n’est pas le fait de Dieu, Dieu s’ingénie toujours à sauver l’homme. Il pose une question fondamentale, qu’il nous pose tous les jours de notre vie : « Où es-tu ? » Cela veut dire d’une part que l’homme est perdu. Il ne sait pas ce qu’il en est de sa vie. Et d’autre part, la grâce de Dieu est toujours présente, elle est encore plus intense qu’avant même le péché. Voici peut-être ce que nous avons à tenir.

Paul, dans sa lettre aux Corinthiens, nous dit quelque chose aussi d’assez important pour notre vie. C’est assez étonnant, il nous dit : « La détresse du moment est légère par rapport au poids de gloire du monde à venir. »

On connait un peu tous l’histoire de Paul. Quand il ne connaissait pas le Christ, il avait la gloire terrestre. Je dirais qu’il avait un peu au début le bras droit du diable d’ailleurs. Mais, quand il a connu le Christ, Paul est entré dans ce combat. On l’entend souvent citer : « Moi, Paul, danger de mort… j’ai été lapidé… j’ai failli mourir… j’ai été enchainé… danger de mes frères de race… danger des animaux sauvages… danger des païens… » Que des obstacles, toute sa vie !

Et Paul dit que ce qu’il a vécu, humainement parlant, pour un être humain, c’est énorme. Et Paul dit : « Cette détresse elle est légère, par rapport au poids de gloire que nous avons auprès de Dieu. »

Cela peut-être peut nous aider, nous qui traversons des moments difficiles. On ne voit pas le bout du tunnel. Nous avons l’impression que nous broyons du noir, tout le temps. Quand je dis noir, je ne parle pas de moi ! Attention, il faut qu’on soit clair ! Je dirais peut-être nous broyons les ténèbres, c’est mieux, voilà.

Et Paul dans tout ça nous dit : « Notre espérance, notre foi en Jésus Christ, en la résurrection, nous destine à un bien éternel qui ne peut être mesuré sur la terre ; dont nous avons un avant-goût. A condition, que nous ne nous tenions pas dans ce que nous voyons avec nos yeux de chair, mais avec la perception de la foi qui nous est donnée. »

Et il nous dit : « Certes le combat est engagé, le Christ est venu. » Bien sûr, lorsque nous avons entendu, dans la première lecture, la sentence qui a été donnée : « Toi, la femme, ta postérité écrasera la tête du diable, tandis que toi, le diable, tu vas mordre au talon la postérité. »

Qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui ? C’est à la fois préfigurer de manière prophétique la venue de Jésus Christ, la victoire finale du Christ et la victoire de tous ceux qui croient en Jésus Christ, face au mal.

Et c’est ce chef d’accusation que nous avons entendu, aujourd’hui, dans cet Évangile. Ses frères et sœurs, ils arrivent pour le chercher. Ils disent : « Hou là, il a perdu la tête ! »

Dans nos familles dès que quelqu’un commence à prier un peu plus que nous d’habitude, on se dit : « Hou là, il y a quelque chose qui ne va pas, il commence à perdre la tête. » Peut-être que ça nous resitue nous aussi en se disant : Attention, est-ce que nous avons le droit de dire à notre enfant, à notre frère, à notre sœur, qui prie un peu plus, qu’il a perdu la tête ?

Et d’autres disent : « c’est par le chef des démons, Béelzéboul ». Béelzéboul, vous savez ce que ça veut dire ? C’est-à-dire, c’est le Seigneur de la saleté, le dieu des mouches. Et on dit à Jésus, on dit bien « Seigneur de la saleté, des mouches », la plus grosse injure qu’on puisse adresser à Dieu.

Par moments, il peut nous arriver aussi, à travers nos difficultés, que le doute entre dans notre cœur, semé par le diable, et nous mettons en cause Dieu. Est-ce qu’il est réellement puissant ? Est-ce qu’il peut réellement nous sauver ?

Attention, je ne suis pas en train de dire que nous allons commettre le péché impardonnable dont Jésus parlait. Mais, ce péché impardonnable, c’était au moment où Jésus vivait. On ne peut pas, aujourd’hui, dire que nous commettons le péché contre l’Esprit-Saint. Ce n’est pas possible, aujourd’hui, puisque pour le dire, il faut que le Christ soit présent de manière physique, qu’il accomplisse des œuvres et que nous l’accusions.

Mais, par moments, nous pouvons nous éloigner de l’Esprit-Saint. Par notre attitude, par notre découragement, par notre mise en cause de la présence de Dieu dans notre existence, qui nous est donnée le jour de notre Baptême, qui nous a été confirmée au jour de la Confirmation, et à chaque fois que nous vivons un sacrement en Église.

Voilà pourquoi, Paul nous donne le cap, il nous dit quel est notre but : la gloire de Dieu. Et que devons-nous faire maintenant, au jour d’aujourd’hui ? Vivre dans cette espérance que les épreuves que nous traversons, sont peu de choses, en face du poids de gloire que Dieu nous réserve, et qu’il nous donne chaque jour, lorsque nous nous tournons vers lui et que nous implorons sa bonté, sa miséricorde, à travers des prières de supplication et de louange.

Voilà la vie du chrétien qui nous est proposée. Nous sommes engagés dans le combat, le combat contre le mal, le combat peut-être contre la division qui subsiste en nous, dans notre cœur, qui met en doute Dieu, qui met en cause les autres, et qui nous empêche d’avancer et d’avoir le regard fixé sur le Christ.

Au cours de notre célébration eucharistique, peut-être est-ce l’occasion de demander que le Seigneur nous fortifie dans ce combat spirituel, qu’il nous fortifie dans notre foi. Afin que notre foi ne défaille pas, mais qu’elle tienne jusqu’au bout, malgré les épreuves, les difficultés que nous traversons au quotidien. Dieu n’est pas loin de nous. Il est au cœur, il est tellement au cœur de notre difficulté que nous avons peine à le voir et à le remarquer, mais il est là.

Demandons-lui d’ouvrir nos yeux, que nous puissions le voir, et voir combien il souffre, combien il mène ce combat avec nous, et combien il nous dit que la victoire, elle est déjà réalisée à travers la Passion, la mort et la Résurrection de son Fils unique, notre Seigneur Jésus Christ.

AMEN