14e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023

9 juillet 2023

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION : Frère Marie-Jean

Vous avez remarqué que les hirondelles ont envie de chanter fortement à la gloire de Dieu, donc je compte sur vous pour les couvrir quand même de votre voix et de votre foi.

Nous sommes heureux d’accueillir depuis quelques jours le patronage de Notre Dame du Lys de PARIS, accompagné du Père François SCHEFFER, recteur et aumônier de cette chapelle et de ce groupe, et Kévin leur directeur qui, voilà, les guide.

Bienvenue aussi à deux prêtres du diocèse de RENNES, le Père Pierre COUETTE ancien aumônier militaire et le Père Gaël de BOUTEILLER curé de SAINT HELLIER, et puis parmi nous le Père Didier THIRAULT de notre Diocèse.

Nous nous unissons aussi à l’action de grâce d’un couple d’ANGERS qui est parmi nous Philippe et Laurence qui fêtent aujourd’hui leurs 25ans de mariage.

Hé bien merci Seigneur pour toutes ces joies toutes ces grâces.

Chaque dimanche, vous le savez bien, j’aime à le répéter parce que c’est central chaque dimanche nous célébrons la résurrection du Christ, évènement central et déterminant de l’histoire, parce qu’il ouvre à notre humanité esclave de ses violences, nous ne le savons que trop, un avenir, un chemin et un avenir de paix, de vie et d’amour.

Alors en demandant pardon d’abord pour nos propres violences, demandons au Seigneur de nous apprendre à aimer comme Lui.

Frères et sœurs préparons-nous à célébrer ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMÉLIE : Frère Marie-Jean

Il était une fois, peut-être que vous connaissez déjà ce conte merveilleux, mais je crois, je le connaissais et je l’ai retrouvé avec bonheur, et je crois qu’il est encore utile, encore et encore utile de nous le remettre dans les oreilles, même si nous l’avons déjà entendu.

Il était une fois un jeune garçon amérindien, vous savez ce que c’est que les Amérindiens n’est-ce pas, qui se promenait dans le bois avec son grand père, un vieux sage. Le jeune garçon était très en colère contre un ami qui s’était montré injuste envers lui. Le vieux sage l’écouta attentivement et lui répondit :

« Je comprends mon garçon. Il m’arrive aussi parfois de ressentir des sentiments de colère contre ceux qui se conduisent mal et ne semblent en éprouver aucun regret, mais tu sais, la haine, la colère et ce genre de sentiments t’épuisent et ne blessent pas ton ennemi. C’est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en meure. J’ai souvent combattu ces sentiments lui dit-il.

Tu sais, il existe de grands combats à l’intérieur de chacun de nous mon garçon. Il existe deux loups en nous, un loup blanc et un loup noir. Le loup blanc est bon, recherche l’amour, l’harmonie, il combat uniquement lorsque c’est juste de le faire, et il le fait de manière juste, et il existe aussi un autre loup à l’intérieur de nous, un loup noir. Celui-là il est rempli de colère, de haine, d’angoisse et même de rage. Il se bat contre n’importe qui tout le temps, sans raison. Il est incapable de penser car sa colère et sa haine sont trop immenses.

Il est parfois si difficile de vivre avec ces deux loups à l’intérieur de soi parce que tous deux veulent dominer notre esprit ».

Le garçon regarde son grand père et lui demande :

« Mais grand père, lequel des deux loups l’emportera ? »

Et le vieux sage sourit en le regardant dans les yeux et lui répond tout doucement :

« Celui que tu nourris »

Alors, quel rapport avec la Parole de Dieu ? Hé bien il me semble que dans sa lettre aux Romains, St Paul rejoint bien cette sagesse amérindienne, mais il l’éclaire et la dépasse, en manifestant que dans notre cœur se joue effectivement sans cesse un bras de fer entre l’homme ancien comme il l’appelle, mené par ses passions naturelles, et l’homme nouveau conduit par l’Esprit Saint :

« Frères vous vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair mais sous celle de l’esprit, dit-il aux chrétiens de ROME, puisque l’esprit de Dieu habite en vous »

Ce qu’il faudrait traduire parait-il plutôt par si, comme je l’espère bien, l’esprit de Dieu habite en vous. Cet esprit de Dieu nous l’avons reçu en effet par la grâce du Baptême, cette nouvelle naissance, affermie par le sacrement de Confirmation, et vivifiée, cette grâce baptismale, chaque fois que nous recevons avec foi et amour l’Eucharistie, et le sacrement du Pardon.

Ces multiples cadeaux du Seigneur nous sont offerts pour nous aider à vivre constamment sous la conduite de l’Esprit Saint, notre GPS spirituel. Nous sommes faits pour cela. Nous le chantons d’ailleurs dans un chant de temps en temps :

« Livrez-vous à l’emprise du Dieu vivant. »

Alors on n’aime pas beaucoup le mot d’emprise. Aujourd’hui c’est un relent effectivement de quelque chose de malsain, mais St Paul nous dit ailleurs :

« Laissez-vous conduire par l’Esprit »

On préfère ce verbe et c’est même certainement plus juste. Je vais dire pourquoi. Oui, nous sommes faits pour cela, nous laisser conduire, de même que quand on monte dans un bateau, si on n’y connait rien, il vaut mieux faire confiance au pilote que d’essayer de faire soi-même des bêtises. Hé bien notre pilote spirituel c’est bien l’Esprit Saint qui sait mieux que nous ce pour quoi nous sommes faits et où Il veut nous conduire. Et pourtant l’Esprit Saint n’est-Il pas souvent le grand oublié ou même perçu comme le gêneur, le gêneur de notre volonté propre, de nos imaginations.

L’Esprit Saint n’a pourtant rien justement d’un oppresseur, d’un manipulateur. Comme l’écrit justement un commentateur à ce sujet :

« Educateur de notre liberté, l’Esprit Saint la respecte tant que nous ne pouvons profiter de ses inspirations, de ses conseils qu’à force d’attention très éveillée, et d’écoute très fine. Sinon, si nous ne sommes pas dans cette disposition de soif, de recherche, d’écoute attentive de cette petite voix de l’Esprit Saint qui est en nous, alors sinon, il y a quelqu’un d’autre, comme ce loup noir en nous qui parle fort et sans arrêt, ce que St Paul appelle la chair c’est-à-dire le « moi, je » « moi, moi, moi… », autrement dit tout ce que nous sommes justement sans l’Esprit Saint ».

A l’homme charnel pour reprendre une autre expression de Paul, c’est-à-dire celui qui est dominé par son égocentrisme, St Paul oppose l’homme spirituel conduit par l’Esprit Saint.

Le bienheureux Carlo ACUTIS dont vous avez certainement entendu parler vous les jeunes puisqu’il est de l’âge des ainés parmi vous, 15 ans, hé bien le bienheureux Carlo ACUTIS avait merveilleusement bien saisi cela. Dès ses 15 ans ou même avant, il l’a exprimé à sa façon, je cite :

« Le bonheur c’est d’avoir le regard tourné vers Dieu, la tristesse c’est d’avoir le regard tourné vers soi-même »

Quelle sagesse ce jeune ! Et St Paul nous invite à bien considérer les conséquences d’une vie selon la chair ou d’une vie sous la conduite de l’esprit dans l’Esprit Saint, car :

« Si vous vivez selon la chair dit-il, vous allez mourir, mais si par l’esprit vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez »

Cela dit au futur vous vivrez, mais cela est vrai déjà au présent puisque :

« Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui », nous dit l’apôtre Jean dans sa première lettre.

Certes, tous nous allons connaitre la mort corporelle, mais la vie dans l’Esprit Saint nous ouvre à cette certitude. Celui qui a ressuscité Jésus le Christ d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie disait cette petite Thérèse de LISIEUX du haut de ses 24 ans »

Elle aussi, quelle sagesse ! Si tôt docteur de l’Eglise maintenant, c’est-à-dire guide sûr :

« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie, la vie en plénitude »

Alors cela vaut la peine effectivement de nous demander sincèrement qui est aux commandes dans notre vie, dans notre cœur, le loup noir ou le loup blanc ? Le « moi, je » ou l’Esprit Saint ?

AMEN.