15e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (B)

11 juillet 2021

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

Introduction : Bienvenue aux membres du patronage, aux enfants du patronage « Notre-Dame du Lys » à Paris. Certains servent la messe, merci beaucoup.
Aujourd’hui l’Église se souvient également de Saint Benoît et nous souhaitons une bonne fête à tous ceux qui sont sous le patronage de Saint Benoît. Nous prions pour toute la famille Bénédictine et tout spécialement pour l’Abbaye Saint Pierre de Solesmes à qui la communauté est grandement redevable. Et puis, nous prions pour l’Europe. Saint Benoît est un co-patron de l’Europe, cette Europe qui malheureusement fait le contraire de ce que nous venons de chanter, qui s’en va à grandes enjambées en dehors des chemins du Seigneur. Eh bien, que la prière de Saint Benoît, voilà, nous obtienne ce courage de la conversion pour revenir à Jésus, revenir à la vie, car en dehors de Jésus c’est la mort puisqu’il est la source de vie.
Alors, au seuil de cette Eucharistie, eh bien, chacun pour nous-mêmes, bien sûr, mais aussi, voilà, pour notre Europe, eh bien, demandons au Seigneur son pardon, sa miséricorde.


Homélie
 : L’évangile que nous venons d’entendre nous présente une étape nouvelle dans l’expérience des Apôtres : leur premier envoi en mission.
Jésus les avait précédemment constitués Douze pour être avec lui. Et maintenant il les envoie prêcher. Entre temps, ils auront accompagné Jésus dans sa mission et l’auront vu, entendu prêcher, vu guérir les malades ou chasser les démons.
Être avec Jésus, vivre en communion avec lui, partager son intimité, être témoin de sa mission évangélisatrice et salvatrice est la condition première et nécessaire pour être Apôtre, pour être un disciple missionnaire.
Remarquons bien que Jésus, en envoyant les Douze, ne leur donne aucune consigne par rapport à ce qu’ils devront prêcher, enseigner. Les consignes qu’il leur donne concernent leur manière d’être.
Être avec Jésus, vivre dans son intimité, dans sa communion, être témoin de sa prédication et de sa miséricorde est la condition indispensable pour être Apôtre.
Si le christianisme n’est pas une expérience de vie, il n’est qu’une idéologie.
Notre synode diocésain nous a donné 6 lois pour ouvrir des chemins de joie pour les dix années à venir de notre diocèse. Et la première de ces lois concerne précisément la prière, pourquoi ? Sinon pour se laisser transformer personnellement et communautairement par ce contact intime et vivant avec Jésus ressuscité. C’est la condition première et indispensable à toute évangélisation.
Remarquons encore que Jésus envoie les Douze deux par deux. Sans doute parce que leur première mission ne sera pas tant de prêcher que de donner un témoignage de vie. Le témoignage de vie est la première prédication sinon, on dit de nous : « Ils disent mais ils ne font pas ; » « ils ne sont pas meilleurs que les autres ». Le monde nous attend sur notre cohérence de vie entre ce que nous disons et ce que nous vivons effectivement. Et ce que nous devons vivre, c’est la charité, c’est l’amour fraternel entre personnes qui ne se sont pas choisies mais que Jésus, lui, a choisies et établies.
La deuxième loi synodale concerne précisément la mission : vivre la mission de l’Église, non pas notre mission, (non pas les idées que nous voulons faire passer), mais « vivre la mission de l’Église dans la communion des états de vie », voilà, vivre la mission dans cette communion des états de vie. La communion de personnes diverses est la première et la plus fondamentale prédication. « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ». D’où la troisième loi synodale : vivre une conversion vers la bienveillance pour grandir en fraternité ». Oui, vivre la charité suppose la conversion personnelle.
Jésus donne aux Douze pouvoir sur les esprits impurs. Autrement dit, il les engage dans le combat spirituel, et leur communion dans la charité les rendra d’autant plus forts pour remporter ce combat.
Puis Jésus leur donne des consignes concernant leur manière d’être : ne rien prendre pour la route si ce n’est ce qui est nécessaire pour marcher : un bâton, des sandales, et c’est tout. Autrement dit, Jésus les appelle à la pauvreté, à la liberté intérieure pour faire l’expérience de la Providence. En Saint Matthieu, la dernière parole de Jésus c’est : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».
C’est cette présence du Christ à ses disciples que chantait Saint Paul dans la deuxième lecture : « Béni soit Dieu, le Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde. » Et puis, nous pouvons relire cette magnifique prière de bénédiction. Notre vraie richesse, c’est le Christ qui marche à nos côtés. Celui qui nous rend vraiment libres, c’est le Christ.
D’où la quatrième loi synodale : la sobriété. Vivre une sobriété heureuse en quittant le mirage des idoles et de la consommation pour que le Christ soit vraiment notre vie, et non pas tous ces biens dont nous nous encombrons et qui nous gênent plus à vivre qu’ils ne nous aident.
Et puis Jésus prévient les Douze qu’ils seront accueillis mais aussi rejetés. Eh oui, parce que le message qu’ils vont proclamer, (littéralement dans le texte grec : « Qu’ils vont crier »), c’est la nécessité de la conversion. C’est ce même rejet qu’a connu le prophète Amos qui appelait les gens d’Israël à sortir de leur consommation et de leur corruption. Le royaume du Nord était très riche et c’était, voilà, la société de consommation, c’était le luxe, et c’était la corruption. Est-ce qu’il n’y a pas des liens avec ce que nous vivons aujourd’hui ? Mais voilà, personne ne veut se convertir. D’où le rejet des envoyés de Dieu, hier et aussi aujourd’hui. Eh bien, Jésus nous dit : « Si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds ». L’Évangile ne s’impose pas de force. C’est un appel et un respect de la liberté, de notre liberté et de la liberté d’autrui, quelle qu’elle soit.
D’où la cinquième loi synodale : accompagner, ne pas forcer les personnes à entrer dans un moule, mais marcher au rythme de chacun pour l’amener à faire le pas qu’il peut faire aujourd’hui pour s’ouvrir à la grâce qui libère et qui sauve.
Saint Marc nous décrit alors la mission des Douze à travers trois verbes : ils proclamèrent (littéralement, ils crièrent), ils expulsaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et ils étaient guéris. Autrement dit, les apôtres enlevaient le mal des âmes et des corps pour que la vie de Jésus puisse prendre la place.
Nous-mêmes nous sommes maintenant invités par le synode, et c’est la sixième loi, à sortir pour nous laisser envoyer en mission comme les Douze et à leur suite.
Notre feuille de route nous est donnée par notre évangile de ce jour et par notre synode diocésain, alors, eh bien, il n’y a plus qu’à s’y mettre. Amen.