22e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023

3 septembre 2023

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

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Homélie du 22ème Dimanche TO, Année A, Dimanche 3 septembre 2023, Frère Philippe-Marie

Introduction : Nous souhaitons la bienvenue aux chefs de chœur qui viennent travailler ce week-end et qui nous font bénéficier de leur talent. Merci d’animer cette Messe, alors que pour nous, c’est les écourues pour la communauté. On est dans les eaux basses.

Ecoute la voix de ton Dieu qui t’appelle. C’est le chemin de ta joie. Jésus, dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous donnera aussi une deuxième facette de cet appel : c’est le chemin de la joie, mais c’est aussi le chemin de la Croix. Et ça, nous avons un peu plus de mal à l’accueillir.

Demandons au Seigneur la grâce de conversion de notre cœur, que nous avons toujours besoin de renouveler. Au seuil de la célébration de ce mystère de l’Eucharistie, reconnaissons que nous avons péché.

Homélie : Jésus avait dit à ses Apôtres : « Venez à ma suite. » Et ils l’ont suivi avec joie. Ils ont entendu ses enseignements sur le Royaume des Cieux. Ils ont vu les signes et les prodiges qu’Il accomplissait : tant d’œuvres de miséricorde ! Tout cela était merveilleux et inaugurait une autre manière de vivre.

Ce qu’ils n’ont pas perçu, c’est que venir à la suite de Jésus a un prix. Car Jésus marche vers un but bien précis. Marcher à la suite de Jésus, c’est marcher derrière quelqu’un qui vit le regard sans cesse tourné vers son Père : « Je ne fais rien que je n’ai vu faire au Père. », leur dit-il. Ce que fait Celui-ci, le Fils le fait pareillement. Jésus vit, le regard tourné vers le Père, car le Père est la vie. S’il se détournait de son Père, il perdrait la vie.

C’est précisément le drame qu’ont connu nos premiers parents. Ils ont choisi de se détourner de Dieu. Ils ont préféré un bien créé, fini, sans Dieu au bien divin, surnaturel. Ils se sont ainsi coupés de la vie de la grâce et ont gouté ce qui n’existe pas en Dieu, la mort.

Mais revenons à Jésus. Il a dit qu’il était venu pour nous donner la vie et la vie en abondance. C’est-à-dire qu’il est venu nous donner la Vie Divine. Comment va-t-il s’y prendre ? C’est ce qu’il montre aujourd’hui à ses disciples.

Comment est-ce qu’on défait un nœud ? Il n’y a pas 36 façons de faire. Pour défaire un nœud, il faut, et c’est une nécessité de nature, il faut faire passer le brin qui a été noué dans le sens inverse qu’il a pris pour être noué. Il n’y a pas d’autre moyen.

Le nœud de la désobéissance, c’est-à-dire de la non-écoute, ne peut se dénouer que par l’obéissance, c’est-à-dire par l’écoute. Voila pourquoi Jésus reste sans cesse à l’écoute de son Père. Le nœud de la désobéissance a consisté à préférer un bien humain au bien divin. Et pour que nous puissions être réintroduits dans la vie, il faut que quelqu’un fasse le chemin inverse, qu’il renonce à lui-même et à tout, pour Dieu, jusqu’à en mourir, afin de dénouer ce nœud mortel de la désobéissance et pour pouvoir nous amener à vivre sans fin d’une vie à Dieu.

C’est précisément le chemin qu’à choisi Jésus et qu’il expose aujourd’hui à ses disciples. Ce chemin vers la vie passe par l’obéissance, jusqu’à en mourir. « Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait » – il lui fallait, comme pour le nœud, il faut – « il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. » Le programme, il est vrai, n’est plus tout à fait le même que l’appel des débuts. Et là, Pierre ne l’entend pas de cette oreille et se met à faire de vifs reproches à Jésus.

Alors, pour la deuxième fois en moins de cinq minutes, Jésus change à nouveau le nom de Simon. Suite à sa profession de foi, c’était l’Évangile de dimanche dernier, Jésus avait donné à Simon le nom nouveau de Pierre, le rocher. Suite à ces reproches, il lui donne le nom de Satan, l’adversaire. Pas moins.

Si Pierre n’a pas été conscient que sa profession de foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » lui venait du Père, il n’est pas plus conscient que ses reproches, faits à Jésus, lui sont soufflés par Satan lui-même, l’adversaire du projet de Dieu.

Voila pourquoi Jésus se retourne – saint Matthieu nous dit ça : « Jésus, se retournant » – Jésus se retourne pour regarder son Père et non le tentateur. Si Simon est devenu pierre de l’Église, il devenait maintenant, pour Jésus, pierre de scandale. C’est-à-dire la pierre qui dépasse et qui fait achopper, qui fait tomber.

« Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Et ça, c’est une tentation de Satan. Très subtil. Le démon se sert de Pierre pour écarter Jésus du projet de Dieu de sauver l’humanité par l’obéissance du Fils. Et nous aussi pouvons, en toute bonne foi, faire le jeu de l’adversaire. Ecouter la voix de l’adversaire, quittant la pensée de Dieu, pour suivre celle des Hommes.

Voila pourquoi saint Paul nous dit : « Ne prenez pas pour modèle le monde présent. » Ne prenez pas pour modèle le monde présent. « Mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu. » Discerner quelle est la volonté de Dieu.

Marcher à la suite de Jésus, ce n’est pas facile. De même qu’être Juif, ce n’est pas facile. La grande tentation des Juifs, c’est d’être comme les païens. Ça nous est dit tout au long de l’Ancien Testament : suivre d’autres dieux pour être comme les autres, pour être comme les nations. Il en est de même pour les Chrétiens. Notre grande tentation, c’est d’être comme tout le monde. Et donc, il faut être tolérant, ne pas faire de vague, évoluer avec la société.

Et Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » Prendre sa croix, qu’est-ce que ça veut dire ? Prendre sa croix, ça veut dire devenir des exclus. Jésus est devenu un exclu, mourant hors des murs de Jérusalem, exécré, pour avoir rendu témoignage à la Vérité.

Nous voyons combien notre monde d’aujourd’hui est pris dans un grand combat entre la vérité et le mensonge, entre la lumière et les ténèbres. Quelle censure ne mettons-nous pas en place pour éviter que la Vérité ne vienne au jour ?

Sachons que si nous choisissons le Christ, nous serons dénigrés, mis au ban de la société. D’où l’importance pour nous, comme pour Jésus, de garder les yeux fixés sur le Père, sans nous laisser impressionner. C’est par la prière, par l’écoute quotidienne de la Parole de Dieu, par l’adoration, par les sacrements, la Messe de chaque dimanche, la confession une fois par mois, c’est par tous ces moyens que nous gardons les yeux fixés sur le Père.

Et c’est alors que la grâce de Dieu nous soutiendra, nous fortifiera pour avoir la force de mettre nos pas dans ceux de Jésus et ouvrir avec lui un chemin de vie pour l’humanité de demain. Demandons-en la grâce dans cette Eucharistie. Amen.