23e Dimanche du Temps Ordinaire (A) 2023

10 septembre 2023

  • Frère Omer COULIBALY Frère Omer COULIBALY

Introduction : Frères et sœurs, en ce 23ème dimanche du temps ordinaire, nous sommes heureux d’accueillir les Guides et Scouts d’Europe du district de la Mayenne pour leur rentrée. C’est un moment où nous nous préparons à vivre une année riche d’évènements, de projets, de rencontres, d’amitiés et surtout de disponibilité pour le Seigneur et pour les autres.
Soyez les bienvenus dans la Maison du Seigneur. Que Lui-même, aujourd’hui, lorsque vous vous présentez devant Lui, puisse agréer toutes vos demandes.
Et pour ce faire, frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

Homélie : Frères et sœurs, est-ce que vous allez bien ce matin ? Ah, ça c’est bien. Il fait bon, il fait un peu chaud, mais tout va bien. Et dans notre cœur, je suppose que cette chaleur, elle est présente. Non pas pour nous accabler, mais pour fortifier en nous l’amour de Dieu.

Les lectures de ce jour nous invitent à considérer deux réalités. La première, c’est notre identité. Et la deuxième, c’est le plus grand cadeau que Dieu nous donne.

Ça va ? Est-ce que ça va ? Oui ? Donc vous avez deux réalités : notre identité et puis le plus grand cadeau que Dieu dépose dans notre cœur. Si j’ai dit ça, j’ai tout dit. Je peux maintenant faire les développements autour de ces deux réalités.

Donc pour ceux qui ont dormi dehors, à la belle étoile, qui sont un peu fatigués, vous pouvez faire la sieste maintenant. Et pour les autres, vous allez essayer d’écouter. Il va falloir me suivre, parce que par moments, ça va très vite. Mais comme vous avez les deux réalités, pas de soucis, même si vous n’avez pas la suite, ce n’est pas grave !

La première lecture que nous avons entendue, c’est le livre d’Ézékiel. Pour comprendre ces paroles que le Seigneur dit à Ézékiel, il faut d’abord connaitre le personnage. Et cela va nous ramener à notre identité.

Ézékiel est un fils d’Israël. Ce n’est pas nouveau ce que je dis. Il a une particularité. En fait, il est fils de prêtre, sacrificateur, prêtre. Donc normalement, on est prêtre de père en fils, selon l’Ancien Testament. C’est dans le clan, c’est dans la famille. Or, voilà que le Seigneur, dans sa trentième année, le Seigneur parle à Ézékiel. Ézékiel avait 30 ans à ce moment-là. Et il va comme orienter la destinée d’Ézékiel. Il va faire d’Ézékiel un prophète.

Un prophète pour qui ? Pour quoi ? Un prophète de Dieu, pour le Peuple d’Israël. Or le Peuple d’Israël considère Dieu comme un Père, comme un roi. Donc en Ézékiel, nous avons trois réalités qui définissent notre identité. Les plus petits, peut-être que vous ne le savez pas. C’est sûr que vous ne le savez pas. Parce que si vous me dites que vous le savez, j’aurais dit : « Je vous demande pardon, vous êtes super intelligents à ce moment-là. »

Le jour de notre Baptême, lorsqu’on est bébé, le prêtre qui nous a baptisé ou le diacre qui nous a baptisé, à un moment donné, il prend le Saint Chrême et puis il nous dit : « Jésus-Christ t’a libéré du péché. » Et il dit d’autres développements. Et puis à un moment donné, il dit : « Maintenant, tu vas participer à la dignité du Christ. Tu es comme prêtre, prophète et roi. » Ça, c’est notre identité en tant que Chrétien. On est prêtre, on est prophète et on est roi.

Si on est prêtre, on est prophète et on est roi, c’est bien de savoir ce que c’est. Le prêtre, sa fonction, sa mission principale, c’est d’offrir à Dieu, offrir à Dieu des sacrifices. Et nous, à chaque fois que nous participons à la Messe, nous offrons à Dieu le Père Jésus-Christ, qui est son Fils. Don notre dimension de prêtre, ce serait d’offrir notre vie. Et d’offrir aussi toutes les réalités du monde, puisque nous habitons un monde qui a été créé par Dieu. C’est un devoir pour nous, de prier pour nous, mais de prier pour le monde entier.

La deuxième réalité, qui est la réalité prophétique. Le prophète, c’est celui qui annonce la Bonne Nouvelle de Dieu. Pour annoncer la Bonne Nouvelle de Dieu, il faut connaitre cette Bonne Nouvelle. Cela nous invite peut-être à nous poser la question : comment est-ce que je me mets à l’écoute de la Parole de Dieu ? On pourrait dire : avant c’était difficile, parce qu’avoir une Bible, c’était un peu compliqué. Maintenant, à 2€, vous avez une Bible. Donc personne ne peut s’excuser pour dire : « Moi…voilà… » Et maintenant, sur les machins là…, les smartphones je-sais-pas-quoi-là, vous avez des applications, la Parole de Dieu. Donc personne ne peut dire : « moi, je ne connais pas la Parole de Dieu. » Ce n’est pas vrai. On peut la trouver.

Et c’est comme ça qu’on apprend à connaitre Dieu. Et si on connait Dieu, qu’est-ce qu’on va faire ? A la fois, on va annoncer cette Bonne Nouvelle, mais à la fois cette Parole de Dieu nous permettra de mettre en lumière ce qui est péché et ce qui est injuste.

Et Ézékiel, le Seigneur lui dit : « Tu écoutes mes paroles. Si tu ne dis pas au peuple les paroles que j’ai mises dans ton cœur, la responsabilité, c’est toi. Mais si tu dis la parole que je mets dans ton cœur, et qu’ils n’écoutent pas cette parole, la responsabilité, c’est eux. » Voila la dimension prophétique à laquelle nous sommes appelés.

Alors, pour nous aujourd’hui, envers qui avons-nous une certaine responsabilité ? C’est une question qu’on peut se poser. On ne va pas dire : nous qui sommes ici, en Mayenne, à la Cotellerie, on a la responsabilité du monde entier. C’est possible, mais on peut avoir des responsabilités beaucoup plus proches de nous.

Vers qui devons-nous aller témoigner ? Ça, c’est la deuxième question qu’on peut se poser. Et qui devons-nous avertir ? Ça peut être le camarade de scoutisme. Ça peut être à l’école, les camarades de l’école. Ça peut être les collègues où nous travaillons. Ça peut être aussi les membres de notre famille. N’allons pas chercher ailleurs. Commençons là, maintenant, autour de nous, dans notre cercle de vie.

Ça va ? … Est-ce que ça va ? …

Et nous avons la dimension royale. La qualité propre du Chrétien, c’est de construire le Royaume de Dieu. Comment construire ce Royaume de Dieu ? C’est la deuxième lecture qui nous y invite. Et elle nous dit : « N’ayez aucune dette. La seule dette que vous avez, c’est celle de l’amour. » Après avoir décliné notre identité, nous découvrons le cadeau que Dieu nous donne : l’amour.

Qu’est-ce que c’est que l’amour ? Il n’existe pas d’usine où on fabrique l’amour. Celui qui en connait une, qu’il lève la main ! … Voilà, il n’y a personne. Ça n’existe pas. C’est un don qu’on reçoit de Dieu. Mais ce don qu’on reçoit de Dieu va prendre des couleurs différentes en nous, chez notre réalité terrestre.

Alors, je vais dire des choses un tout petit peu compliquées, mais je vais essayer d’être un peu simple.

Nous, en français, quand on dit : « j’aime », on se dit : « quoi ? qui ? » Parce que tant qu’on ne met pas la suite, « j’aime », ça ne veut rien dire. Or, quand on regarde dans le sens grec, où Paul écrivait, le mot ‘‘amour’’ a quatre formes. C’est comme quatre piliers qui sont importants pour l’équilibre d’un être humain.

La première forme de l’amour, c’est l’amour eros, c’est-à-dire c’est l’amour du plaisir, du confort. Dans la lettre de Saint Paul, il nous dit de n’avoir aucune dette à part celle de l’amour. Il ne veut pas dire qu’il ne faut pas contracter de dette. Ce n’est pas ça, parce qu’on a des factures à payer : l’électricité, le gaz, je-sais-pas-quoi… Et puis, on a bien d’autres choses à payer, parce que c’est des petites dettes du quotidien.

Mais ce qu’il nous dit – parce que c’est pour notre confort, c’est pour notre bien-être – ce qu’il nous dit : payons à temps. Ne reculons pas en disant : ‘‘je vais payer, je vais payer, je vais payer, je vais payer’’ et puis on ne paye jamais. Il nous dit aussi : si je décide de contracter une dette, faudrait que ce soit pour quelque chose d’important et d’essentiel. Les choses non essentielles, il ne faut pas contracter des dettes pour ça. Si j’aime la dernière montre ou la dernière chaussure ou le dernier vêtement qui vient de paraitre, c’est important, mais ce n’est pas essentiel. Je ne vais pas contracter une dette pour aller m’acheter un beau vêtement, concrètement.

Il nous dit : si je contracte une dette, faudrait que je sois sûr de pouvoir rembourser. Si je ne suis pas sûr de pouvoir rembourser la dette, ce n’est pas la peine ! Et puis il nous dit aussi : par moment, on prend des crédits et puis, il y a des intérêts. Si je prends le crédit et que l’intérêt est énorme et que je suis sûr que cet intérêt, je ne vais pas pouvoir le payer, ce n’est pas la peine de prendre le crédit. C’est ce que ça veut dire.

Donc il dit cette première partie. Et puis après, il dit la deuxième partie, qui est l’amour, que je dirais, filio. C’est cet amour qu’on a en amitié. Les parents aiment les enfants. Les enfants aiment les parents. Les parents s’aiment entre eux. On aime les autres.

Et puis, il parle d’un autre amour. C’est celui qu’on appelle strego, c’est-à-dire c’est l’amour de la patrie, l’amour du groupe dans lequel on appartient. On est membre des scouts, on aime le scoutisme. C’est un amour qui est assez particulier, parce que tout le monde n’aime pas le scoutisme. Il faut savoir ça aussi. On aime notre pays. Et chez le voisin d’à côté, il aime aussi son pays, au même titre que nous nous aimons notre pays. Et c’est important, ça structure la personne.

Et puis le quatrième amour auquel il nous invite, c’est ce qu’on appelle l’amour agapeo. C’est cet amour qui surpasse tout. Ce n’est pas un amour d’émotion, de sentiment, mais c’est un amour qui dépasse les réalités terrestres, qui fait qu’on aime même celui avec qui on n’est pas tout à fait en accord, celui avec qui on a moins d’affinités et c’est un tout petit peu compliqué. Je l’aime en Jésus.

Est-ce que ça va ?

Voilà un peu les quatre amours que Paul nous demande d’essayer de vivre dans notre quotidien, dans un équilibre.

Et cet amour agapeo, Dieu a commencé le premier à nous aimer ainsi. Parce que l’Écriture nous dit : « Dieu a tellement aimé le monde, qu’Il a envoyé son Fils unique. » Donc il y a une dimension de sacrifice derrière. Et on nous dit : « Jésus a tellement aimé son Église qu’il s’est livré pour elle. » Donc c’est une invitation, à nous, Chrétiens, d’aimer de telle manière que nous dépassions les amours un peu égoïstes, par intérêt, par affinités. On va prendre un amour qui, par moments, peut nous demander des sacrifices.

Et c’est ce que Jésus nous explique dans l’Évangile. Il prend un exemple très concret. Il nous dit ceci : lorsque ton frère a commis un péché contre toi, ce n’est pas la peine d’aller colporter et puis ça va devenir un feu qui va enflammer toute la forêt. Ça ne sert à rien. Tu trouves ton frère, ou ta sœur, tu lui dis : « Franchement, je t’aime, mais ce que tu as fait ne me plait pas ou ce que tu as fait m’a blessé. » Si le frère ou la sœur qui est en face de toi, il est vraiment Chrétien, il peut reconnaitre son tort. S’il reconnait son tort, pardonne-lui.

Quand tu lui pardonnes, ça ne suffit pas, prenez le temps de prier ensemble, puisque « lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », dit la finale de cet Évangile. Et il nous dit : si vous vous pardonnez, c’est que vous liez votre amitié encore plus fort, donc ça sera lié dans le ciel. Mais si ça ne marche pas très bien, ça sera délié. Ce qui est séparé sur la terre sera séparé aussi dans le ciel.

Il nous dit : si jamais ça ne marche pas, va trouver deux ou trois personnes. Discutez de l’affaire, trouvez un moyen de vous entendre. Mais s’il ne veut pas t’écouter encore, va trouver l’Église. S’il n’écoute pas l’Église, il faudrait qu’il soit excommunié, c’est-à-dire qu’il sorte de la communion de l’Église.

Attention, attention, s’il sort de la communion de l’Église et il se rend compte de son mal, il prend le temps de demander pardon, empresse-toi de lui pardonner et de le réintégrer dans la communion. Et c’est ça le sens de la prière qui nous est demandé de vivre.

Et pour terminer, je voudrais vous partager un texte que j’ai lu et que j’ai trouvé assez étonnant. C’est un religieux polonais du 19ème siècle qui parlait de commandement, surtout de l’amour de Dieu, en disant : « L’amour de Dieu, le commandement de Dieu est une malédiction pour le diable. L’amour de Dieu, le commandement de Dieu est une loi, une norme qui va juger celui qui pèche et qui ne veut pas reconnaitre son péché. L’amour de Dieu est une bénédiction pour celui qui décide d’entrer dans l’amour de Dieu et de faire le pas pour pardonner, pour se réconcilier et pour manifester cette vie de Dieu. »

Demandons cette grâce pour chacun d’entre nous de demeurer dans la bénédiction de Dieu, dans l’amour de Dieu. Amen.

Ça va ?