23e DIMANCHE Du Temps Ordinaire (B)

5 septembre 2021

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

Introduction : C’est la période où beaucoup reprennent les activités ordinaires de l’école, des études, du travail. Le Seigneur nous invite encore et toujours à venir puiser en Lui, puiser, dans cette rencontre vivifiante de l’Eucharistie, la force d’assumer le quotidien, avec son poids et avec ses joies, bien sûr aussi. Lui, Il est toujours celui qui fait ce qui est bon pour l’homme, toujours à l’œuvre, toujours Il nous accompagne sur nos routes de vie, pour nous faire du bien, pour nous aider aussi à tirer du bien de ce qui est mal et de ce qui est éprouvant.
Et nous ? Et nous, est-ce que nous sommes à son image, à l’œuvre pour faire toujours ce qui est bon ? C’est peut-être la question que nous pose Saint Jacques dans cette lettre que nous écouterons tout à l’heure. Nous sommes faits pour ne faire que du bien, à l’image de notre Père du Ciel.
Demandons la grâce de mieux accueillir son appel aujourd’hui. Reconnaissons que nous sommes pécheurs, que nous savons nous faire du mal les uns aux autres. Demandons la miséricorde.

 

Homélie : Le Psaume 145 que nous avons entendu et chanté, nous offre, je crois, une bonne porte d’entrée dans ces lectures de ce jour. Il a été écrit après l’Exil à Babylone et fait une relecture de la fidélité de Dieu envers son peuple dans toute son histoire, sa longue histoire, dans sa lutte pour la liberté, l’histoire de lutte pour la liberté. Il évoque aussi justement l’Exode : Le Seigneur te donne du pain.
C’est une litanie des bienfaits de Dieu en faveur des hommes. Je les relève -j’avais la traduction ancienne sous les yeux, mais c’est presque la même- : « Le Seigneur fait justice », « Il donne le pain », voilà l’Exode, autrement dit, Il nourrit son peuple, « Il délie », « Il ouvre les yeux des aveugles » (Il guérit), « Il redresse », « Il aime », « Il protège », « Il soutient », « Il est ton Dieu pour toujours », autrement dit, Il est fidèle. Autrement dit, « tout ce qu’il fait est admirable », comme les gens le disent de Jésus. Dieu ne sait faire que du bien à l’homme.
Et puis le psaume nous dit également qui sont les bénéficiaires de ces actions de Dieu : les opprimés, les affamés, les enchaînés, les aveugles, les accablés, les justes, l’étranger, la veuve et l’orphelin, mais aussi chacun de nous : « Le Seigneur est ton Dieu pour toujours ». On peut noter donc dans cette seconde litanie, que les souffrants sont prioritaires aux yeux de Dieu.
Le prophète du temps de l’Exil à Babylone, sous le titre d’Isaïe, que nous avons entendu en première lecture, tient un langage semblable au psalmiste. Il annonce aux exilés découragés, -après quelques 70 ans d’exil, on comprend- que le Seigneur va intervenir en leur faveur. Sa revanche sur ceux qui oppriment son peuple, sera une fois de plus de prendre sa défense, de le libérer de l’oppression, et de le réintégrer dans l’Alliance que le peuple avait abandonnée effectivement.
Le Christ, Visage de la Miséricorde du Père, est l’Incarnation parfaite de cette compassion de Dieu vis-à-vis des hommes dans l’épreuve, quelle qu’elle soit ; une compassion active qui s’engage pour guérir, délivrer et réintégrer. L’Évangile de ce jour nous met cela sous les yeux, de manière merveilleuse.
Ce que Dieu fait pour ses enfants, ce que Le Christ fait pour ses frères, ils nous demandent et nous rendent capables de le vivre à notre tour. Les Chrétiens n’ont pas l’exclusivité, Dieu merci, de la bonté, de la justice, de la compassion. Dieu merci. Mais nous avons le devoir, plus que d’autres encore de le vivre, bien entendu, puisque nous sommes bénéficiaires nous aussi, nous le savons bien, constamment, de cette Miséricorde de Dieu et rendus capables effectivement, par tous les dons immenses de sa Grâce. Et en particulier les sacrements nous rendent capables, peu à peu, de mieux vivre à l’image de Dieu. Oui, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Ce matin à l’Office, nous écoutions un commentaire de Saint Léon le Grand sur les Béatitudes. Et en voici un extrait : « La Miséricorde veut que tu sois miséricordieux ; la justice, que tu sois juste, afin que le Créateur apparaisse dans sa créature et que, dans le miroir du cœur humain, resplendisse l’image de Dieu exprimée par les traits qui la reproduisent. Ta foi peut être assurée, si elle s’accompagne de la pratique. »
Voilà pourquoi Saint Jacques, nourri de la Parole de Dieu, que nous avons entendu, entre autres, et témoin des actes de Jésus, ne craint pas de dénoncer des comportements contraires à l’Évangile, parce que contraires au comportement de Dieu lui-même.
L’appel de Saint Jacques est pour chacun de nous aujourd’hui. Si aux yeux de Dieu les souffrants et les pauvres sont prioritaires, qu’en est-il dans ma conduite ? Quelle est la place que je leur donne dans ma prière d’abord, d’abord et toujours ? Premier travail pour un chrétien, travail, oui, travail de la prière. Quelle est la place que je donne aux pauvres et aux souffrants dans ma prière, dans mon agenda, dans mon budget ?
En notre 21ème siècle qui se croit plus évolué que les siècles passés, les oppressions sont toujours aussi présentes et nombreuses. Tant de pays victimes de conflits armés, alimentés par la vente des armes des pays nantis, tant de populations prisonnières de terrorismes politiques de tous bords, et acculées à l’exil, pour autant qu’elles le peuvent.
Et dans notre pays, notre propre pays, soi-disant libre, que de personnes aujourd’hui qui perdent leur travail, sont victimes d’injustices et parfois de menaces, parce qu’on ne respecte pas leur liberté de conscience, leur liberté de parole et leur liberté en matière médicale.
Aujourd’hui, le calendrier liturgique fait mémoire de Sainte Teresa de Calcutta ; une vie toute offerte aux « plus pauvres d’entre les pauvres », comme elle disait. Une Charité en actes qu’elle puisait chaque jour, il n’y a pas de secret, il faut puiser à la source. Une Charité en actes qu’elle puisait chaque jour dans l’Offrande eucharistique de Jésus célébrée et adorée longuement. Si ma mémoire est bonne, je crois qu’elle consacrait deux heures d’adoration eucharistique par jour. Vous vous rendez compte ! Une vie si active, si donnée, si mangée. Eh oui, mais elle savait qu’il fallait puiser à la source la force de l’amour. Alors, en reprenant les mots, ses mots, d’une de ses nombreuses prières, demandons-lui, Sainte Teresa, de nous obtenir cette charité en actes, qui ne fait pas de différence entre les hommes, qui ne fait pas de discrimination et surtout qui donne la priorité aux plus souffrants :
« Ouvre mes yeux, Seigneur, afin que nous puissions te voir en nos frères et sœurs.
Ouvre nos oreilles, Seigneur, afin que nous puissions entendre les suppliques de celui qui a faim, froid, peur et qui est oppressé.
Ouvre notre cœur, Seigneur, afin que nous apprenions à nous aimer les uns les autres comme tu nous aimes.
Donne-nous de nouveau ton Esprit, Seigneur, afin que nous devenions un seul cœur et une seule âme, en ton Amour. »  (Sainte Teresa de Calcutta).