27ème Dimanche du Temps Ordinaire C 2022

2 octobre 2022

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : Jour d’allégresse, alléluia ! Pourquoi ? Parce que Dieu nous éveille à la foi, et cette foi justement eh bien, permet à Dieu de s’inviter dans notre vie, de venir nous remplir de sa présence, et ça, c’est une grande joie.
Et puis, c’est un jour de joie aussi parce c’est aujourd’hui la fête de nos Anges gardiens. Peut-être que nous n’y pensons pas beaucoup. Les Anges gardiens, ce sont ces créatures spirituelles totalement immatérielles. Nous, nous sommes faits de matière, d’esprit mais aussi de matière. Les Anges, eux, sont totalement spirituels, totalement transparents à Dieu, en tous les cas ceux qui ont fait le choix de Dieu, et Dieu nous a mis, justement, un Ange pour nous garder, pour veiller sur nous, pour incliner notre cœur vers Lui. Alors c’est l’occasion d’abord de lui dire merci pour tout ce qu’il a fait pour nous jusqu’à aujourd’hui. C’est l’occasion de nous confier à lui, et de le prier aussi.
Lorsque nous disons le « Je confesse à Dieu », eh bien, nous invoquons la prière de nos Anges. Eh bien, pensons à eux justement, en cette préparation du Mystère de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché, et en sollicitant la Miséricorde du Seigneur.

HOMÉLIE : Les lectures de ce jour nous invitent à méditer sur l’épreuve de la foi : épreuve de la foi face au déferlement du mal, épreuve du témoignage de la foi, épreuve de la foi en un Dieu transcendant qui nous dépasse de toutes parts.
Dans notre première lecture, Habacuc est le témoin impuissant du sac de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il ne cesse de crier vers Dieu, de supplier sa Miséricorde, mais rien n’y fait, la ville est prise, pillée, brûlée. « Devant moi pillage et violence », se lamente-t-il.
Pourquoi le mal ? Pourquoi le mal semble-t-il toujours triompher ?
Dieu ne répond pas à nos pourquoi, comme il n’a pas répondu au pourquoi de Jésus sur la Croix. Par contre, Il nous invite à la patience, à la constance et à la fidélité.
Dieu aura le dernier mot. Le mal semble triompher ? Dieu aura le dernier mot. Ce qu’Il nous demande, c’est d’attendre le salut de Dieu dans la fidélité. « Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité », répond le Seigneur à Habacuc. Si Jérusalem est tombée, c’est en raison de l’insolence de ses habitants, eux qui n’avaient plus l’âme droite, préférant le luxe et les idoles plutôt que la fidélité à l’Alliance avec son Dieu. Le salut nécessite notre fidélité. A quoi sert de dire : « Seigneur, sauve-moi », si on marche en dehors de ses voies ? « Le juste vivra par sa fidélité », ce qui suppose de tenir dans notre attachement au Seigneur envers et contre tout, même si nous allons à contre-courant, même si nous sommes minoritaires, même si nous nous faisons brocarder. Ce n’est pas grave.
Dans la deuxième lecture, Timothée, fidèle disciple de Saint Paul, connait l’épreuve de l’annonce de la foi. D’un caractère timide, devant annoncer l’Évangile dans une culture païenne, aux antipodes de la foi, il est tenté de baisser les bras. Le découragement est en train de le gagner. Saint Paul, de sa prison, dans l’attente de son martyre, lui écrit pour lui redonner du courage. Il lui rappelle la grâce de son ordination sacerdotale, quand Paul lui a imposé les mains. Cette ordination lui a donné la force de l’Esprit Saint : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération ». Et Saint Paul de lui rappeler que la souffrance fait partie intégrante de l’annonce de l’Évangile.
Toutes proportions gardées, nous avons reçu, nous aussi, un esprit de force lorsque nous avons été confirmés. Nous aussi, avec la force de Dieu, nous avons à prendre notre part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile, car si nous n’annonçons pas l’Évangile, nous les baptisés, qui le fera à notre place ?
« Augmente en nous la foi », demandent les apôtres au Seigneur. Ils ont fait l’expérience que la foi ouvre à la toute-puissance de Dieu. Ce que confirme Jésus : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : « Déracine-toi, et va te planter dans la mer », et il vous aurait obéi. » Cet arbre dont parle Jésus, c’est le sycomore qui, selon les sentences des rabbins juifs, est l’arbre le plus difficile à déraciner. Autrement dit, l’efficacité de la foi n’a aucune proportion avec nos pauvres capacités humaines. Notre foi permet à la puissance de Dieu de se déployer. Dieu mesure sa puissance à la confiance que nous mettons en Lui.
En même temps, Dieu ne se laisse pas acheter. C’est si commode d’acheter ou de mériter le salut par des rites. C’est si humain ce petit commerce ! La foi, c’est une porte. Dans les Actes des apôtres, Saint Luc parle de « la porte de la foi ». La foi c’est la porte qui permet à Dieu d’entrer dans notre vie. Elle n’est en aucune manière le moyen d’acheter Dieu. Voilà pourquoi, par la parabole du serviteur, Jésus nous rappelle que nous sommes de simples serviteurs, littéralement des serviteurs « bons à rien ». Il nous rappelle que nous n’avons aucun droit sur Dieu, car nous sommes des serviteurs, des enfants, (c’est le même mot en hébreu). Les enfants n’ont aucun droit sur leurs parents, mais il leur suffit de demander avec confiance pour être exaucés. Et qu’est-ce qui fonde la confiance des enfants sinon l’amour dont ils sont aimés de leurs parents ?
Si la foi est une épreuve, c’est que nous avons beaucoup de mal à entrer dans cette confiance de l’enfant.
Jésus n’est resté qu’enfant en face de son Père. C’est pourquoi il a toujours été exaucé.
Eh bien, en cette messe, demandons la grâce d’être renouvelés dans notre grâce d’enfant de Dieu que nous avons reçue au jour de notre Baptême. Demandons la grâce d’être renouvelés dans la grâce de notre Confirmation, dans la grâce de notre Sacerdoce (pour les prêtres), afin que la porte de notre cœur reste grande ouverte à l’Amour de Dieu, afin que nous restions fidèles dans l’espérance et que nous ayons le courage de témoigner des merveilles de grâces dont le Seigneur nous comblera, et par lesquelles Il nous donnera toujours plus de vie. AMEN.