28ème Dimanche du Temps Ordinaire C 2022

9 octobre 2022

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION : Nous sommes heureux d’accueillir les confirmands du doyenné de Laval qui vont se préparer ce week-end. Certains* seront confirmés bientôt, je crois, et d’autres devront se préparer encore un peu. Eh bien, nous prions pour vous, chers jeunes, pour que, voilà, vos cœurs s’ouvrent au don immense que Dieu veut vous faire, que Dieu nous fait d’ailleurs en chaque sacrement, en chaque Eucharistie. Dieu se donne Lui-même, Il ne peut pas nous donner plus.
Oui, « jour d’allégresse » pour nous qui avons ce bonheur d’avoir entendu cet appel du Seigneur, d’y répondre et d’être comblés par son amour, si nous ouvrons nos cœurs. Mais prenons dans notre cœur justement tous ceux, ne les oublions pas, tous ceux qui justement n’entendent pas cet appel du Seigneur, ne Le connaissent pas, ou négligent de Lui répondre. Eh bien, prenons-les dans notre cœur pour que, eux aussi, fassent cette rencontre du Seigneur, et découvrent combien il est bon de vivre avec Lui, en Lui.
Préparons-nous à célébrer ce mystère de l’Eucharistie qui nous sauve, qui nous guérit, comme ces lépreux de ces lectures d’aujourd’hui, oui, en reconnaissant que nous avons péché, que nous avons besoin du pardon, de la guérison du Seigneur.

(* En fait, tous ont été confirmés le dimanche suivant 16 octobre 2022.)

 

HOMÉLIE : Vous avez remarqué, certainement, cette parenté entre l’Évangile et la première lecture : Dans les deux cas, un homme malade de la lèpre, terrible maladie qui ronge les chairs, déforme, et justement souvent exclut. Aujourd’hui encore, hélas, dans bien des coins de notre planète, ces pauvres malades sont mis à l’écart et rejetés. Dans les deux cas, un homme donc malade de la lèpre, étranger au peuple d’Israël obtient la guérison en obéissant au Serviteur de Dieu, et aussitôt il revient sur ses pas pour manifester sa reconnaissance à son bienfaiteur et également rendre gloire à Dieu. Alors, à travers ces récits, eh bien, nous pouvons glaner, cueillir, bien sûr, comme chaque dimanche, des enseignements pour notre vie à nous.
Voici donc d’abord, le Seigneur nous dit une fois de plus, une fois encore, que son amour à Lui est sans frontières. C’est le titre d’une revue, je pense que c’est toujours le cas, ça fait longtemps que je ne l’ai pas eue sous les yeux, la revue des missionnaires de la Charité, les sœurs de mère Térésa : « Amour sans frontières ». Voilà, normalement, le programme de la vie chrétienne, en tous cas Dieu nous aime comme ça.
C’est ce qu’Il nous redit aujourd’hui, deux hommes qui étaient marginalisés par les Israélites, et parce qu’ils étaient étrangers et païens, et de plus lépreux, ce qui était perçu souvent comme un châtiment de Dieu. Voilà nos fausses idées de Dieu, comme si Dieu pouvait châtier, comme si Dieu pouvait punir, comme si Dieu pouvait faire du mal, Dieu la Bonté, le Bien parfait total ! Comment pourrait-Il nous faire du mal ? Mais voilà nos fausses idées de Dieu qui nous viennent du menteur, de l’adversaire qui nous susurre que Dieu châtie, que Dieu fait du mal, que Dieu nous envoie des maladies, et que sais-je ! Mais, non, Dieu ne fait que du bien. Ah, si nous pouvions en être vraiment convaincus ! Dieu ne peut faire que du bien.
Il n’exclut personne de son amour. Ses bienfaits n’ont pas de frontières : « Il fait briller son soleil sur les bons et les méchants, tomber la pluie sur les justes et les injustes », nous dit Jésus, pour nous mettre les points sur les « i ». Et lorsque le Seigneur accorde à son peuple Israël, au nouveau peuple de Dieu l’Église, ou à tel ou tel peuple aussi qui a une vocation particulière comme chaque personne, lorsqu’Il accorde aussi à des personnes des bienfaits, et des dons particuliers, et c’est le cas effectivement, il a donné à son peuple Israël, au peuple de l’Église et à des peuples comme la France, comme le Portugal, comme chaque peuple a une vocation dans le plan de Dieu, et à des personnes qui ont des charismes, des dons particuliers. Ce n’est pas pour en exclure les autres, mais c’est tout au contraire pour que ces personnes et ces peuples soient les témoins et les serviteurs de cet amour universel de Dieu auprès de leurs frères et sœurs en humanité, pour qu’ils sachent partager, témoigner et partager cet amour universel de Dieu.
Et nous, que de frontières, que de barrières, que de murs parfois entre nous, et d’abord dans nos cœurs, parce que les murs commencent dans nos cœurs. A chacun de nous de faire le point. « Seigneur, donne-moi tes yeux, chantait, je crois, John Littleton il y a pas mal d’années, donne-moi tes yeux, donne-moi tes mains, donne-moi ton cœur ». Oui, Seigneur, donne-moi tes yeux pour regarder les autres comme Tu les regardes, Toi, et ne « leur faire que du bien sans relâche », comme nous le faisait demander la prière d’ouverture de cette messe.
Alors ces deux hommes guéris par la tendresse de Dieu justement qui a compassion de tous les hommes, ces deux hommes reviennent sur leurs pas pour remercier leur bienfaiteur d’abord.
Savoir dire merci, et d’abord, « dans les relations les plus quotidiennes à la maison, savoir se dire merci entre époux, ce n’est pas si évident et si fréquent peut-être. Pourtant c’est tellement important : savoir se dire merci entre parents et enfants et entre enfants et parents. Oh, quand on écoute, fondamentalement, Dieu merci, on a de la gratitude pour nos proches, on sait bien qu’ils nous aiment, qu’ils nous font du bien, mais leur dire merci explicitement, combien ça fait du bien et c’est important. Se dire merci aussi dans les relations scolaires, professionnelles, communautaires, ecclésiales. Oui, l’expérience nous montre que cela « ne va pas de soi », on s’habitue au bien que nous font les autres, et on oublie de les remercier. Oui, pourtant cela fait tant de bien encore une fois de s’encourager mutuellement, de souligner ce que l’autre nous apporte, que nous on ne sait pas faire, que voilà, ces qualités, cette complémentarité, cela nourrit l’amour et l’amitié, cela les fait grandir. Si nous essayions cette semaine de choisir, de faire le point, de dire au moins un merci dans notre journée à une personne, et d’abord dans notre entourage proche. Ça peut être un bon objectif de semaine. Seigneur, ouvre mes yeux pour que je sache reconnaitre et me réjouir du bien que font les autres et que je sache les en remercier davantage.
Et puis, ces deux hommes guéris, non seulement remercient leur bienfaiteur immédiat, mais rendent gloire à Dieu également, et ainsi confessent leur foi en Dieu. Ces païens, ces étrangers, confessent leur foi en Dieu, source de tout bien, car le Seigneur ne veut pas seulement guérir les corps, mais aussi guérir nos âmes, donner vie à nos âmes, nos cœurs, en suscitant notre foi, et en nous donnant sa propre vie, une vie éternelle.
Alors faisons le point aussi dans nos vies personnelles. Nous savons mettre Dieu à contribution, je cite le Père Caro, grand prédicateur : « Nous savons mettre Dieu à contribution pour qu’Il nous aide à résoudre les difficultés de la vie et c’est bien de demander son aide à Dieu. Nous savons Lui reprocher peut-être aussi un peu trop souvent de ne pas, soi-disant, nous écouter avec assez d’attention. Nous prétendons aussi souvent que Dieu fait la sourde oreille, ne nous écoute pas et, dit le père Caro, c’est également bien si cela est fait dans un esprit de confiance filiale ».
Hé papa, ben qu’est-ce que tu fais là, tu m’oublies ? Non, Dieu ne peut pas nous oublier, bien sûr, mais « il semble nous être moins naturel de savoir Lui dire merci. Un bienfait est vite oublié. » Regardez ces neuf lépreux juifs habitués à chanter les psaumes, à louer le Seigneur, à le prier, eh bien voilà, ils sont guéris par la médiation de Jésus, mais non seulement ils ne viennent pas remercier Jésus mais on ne sait rien du reste, eh bien voilà, pas de gratitude. Alors peut-être que nous en sommes un peu là, trop habitués, enfants gâtés que nous sommes, enfants gâtés de l’Église. Nous nous habituons aux dons de Dieu, eh bien, c’est important de faire le point honnêtement. Seigneur, est-ce que je te dis un merci par jour, ne serait-ce qu’un merci par jour ? C’est pourquoi, vous savez bien que notre pape nous conseille ces trois mots tous les jours, vis-à-vis de nos proches et vis-à-vis du Seigneur « merci », « pardon », « s’il te plait », les trois mots fondateurs de l’amour, pour nourrir l’amour, le soigner, le consolider. Merci, pardon, s’il te plait, à nos proches et à Dieu.
Voilà, eh bien, nous avons du pain sur la planche, je pense, donc, Seigneur, ouvre, change mon regard, ajuste-le au tien pour que je puisse regarder les autres comme tu les regardes. Seigneur, ouvre mes yeux pour que je sache reconnaitre tout le bien que je reçois des autres, tout le bien qu’ils font aussi, non seulement à moi mais, bien sûr, aux autres, que je m’en réjouisse, que je sache les encourager. Et puis, ouvre mes yeux, Seigneur, pour que je sache reconnaitre à travers tout ça, tout ce bien qui se fait. Le bien ne fait pas de bruit, rappelons-le. Le mal fait beaucoup de bruit, ça on le sait. Le bien ne fait pas de bruit mais il est là. Il s’agit de vouloir le voir, de chercher à le discerner, à le regarder, à le voir et à en remercier le Seigneur, source de tout bien. AMEN.