3ème Dimanche du Temps Ordinaire (B)

24 janvier 2021

  • Frère Marie-François PERDRIX Frère Marie-François PERDRIX

Introduction : Bienvenue à chacun, chacune d’entre vous, tout particulièrement à notre Père Luc, l’un de nos vicaires généraux, au Père Erwan, aumônier du groupe EVEN de Rennes qui nous fait la joie d’animer notre célébration. Bienvenue à tous ceux qui nous rejoignent par les réseaux sociaux.
Nous allons méditer la Parole de Dieu qui est source de lumière et de force dans nos vies. Nous allons nous laisser assimiler par le Corps et le Sang de Jésus, voilà l’enjeu de chacune de nos Eucharisties. Et la première démarche c’est de nous laisser purifier par cette Parole.

 

Homélie : Mes bien-aimés, à la procession solennelle d’entrée, où nous avons porté le lectionnaire de la Parole de Dieu, vous aurez deviné que nous célébrons aujourd’hui, à l’invitation de notre Pape François, le Dimanche de la Parole de Dieu, afin qu’elle puisse être toujours plus notre nourriture et que nous puissions en discerner l’actualité, l’efficacité et surtout la fécondité.
Pour illustrer le propos de Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens, où il vient de nous dire, «  Il passe ce monde tel que nous le voyons », j’aimerais vous poser cette question : quelle est la différence entre l’édition du Ouest-France d’aujourd’hui et les textes que nous avons entendus à l’instant ? » Tout simplement ce quotidien sera périmé demain matin à 0 h 30 lorsque l’édition suivante sera sous presse, nous redisant la caducité de ce qu’elle nous transmet. Il en est tout autrement de la Parole de Dieu qui n’est d’ailleurs pas un texte, mais une Parole, une Personne, une Personne qui n’a ni commencement, ni fin et qui donc nous assure cette stabilité dont nous avons tant besoin en ce monde qui passe. Voilà pour l’actualité de cette Parole de Dieu qui nous apporte jour après jour, année après année, la lumière sur nos chemins de vie… C’était aussi le refrain de notre psaume qui nous a fait chanter : « Seigneur, enseigne-moi tes chemins, fais-moi connaître ta route, rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours ».
Si lorsque nous lisons ou écoutons la Parole de Dieu dans son « aujourd’hui », nous pouvons également, grâce au livre de Jonas, y découvrir son efficacité. Si le prophète a quelque peu résisté à l’invitation de Dieu à proclamer ce message ardent dont il en a fait son « haut-parleur », il n’a pas hésité cependant à exprimer ce message plutôt tranchant, qu’il aurait pu diluer ou atténuer ! Il n’en est rien, il sait que la Parole dont il est le héraut a son efficacité propre car il en a déjà fait l’expérience très personnellement. Quelle consolation d’être sûr que la Parole de Dieu lue, méditée, entendue est vraiment efficace, comme le disait si bien le prophète Isaïe : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germée, ainsi ma Parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Isaïe 55, 10-11).
Nous faisons bien de croire à l’efficacité de la Parole de Dieu, dans sa sacramentalité, je cite le Pape Benoît XVI dans son exhortation apostolique sur la Parole de Dieu de 2010 (« Verbum Domini ») au paragraphe 56 : « La Parole de Dieu se rend perceptible à la foi par le signe des paroles et des gestes humains… La sacramentalité de la Parole se comprend alors par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés. » Et le Pape de citer Saint Jérôme, ça nous intéresse : « Je pense que l’Évangile est le Corps du Christ ; je pense que les Saintes Écritures sont son enseignement… Quand nous nous référons au Mystère [eucharistique] et qu’une miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est la Parole de Dieu et -le Corps- et le Sang du Christ qui tombent dans nos oreilles, et nous pensons à autre chose ».
Ces paroles vont nous introduire à notre dernier point, celui de la fécondité de la Parole de Dieu que nous pouvons vérifier dans notre page d’Évangile. Nous sommes devant le mystère d’une personne divine qui appelle librement des personnes humaines. La Parole de Dieu faite chair qui indique par des paroles humaines un chemin, un avenir : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Aussitôt -nous dit l’Évangile-, laissant leurs filets, ils le suivirent », et même pour Jacques et Jean, « ils partirent à sa suite » ! Parole d’amour qui suscite une réponse d’amour, voilà notre vocation profonde à tous, qu’il s’agisse d’être appelé au sacerdoce ou à la vie consacrée, au mariage et à la famille ou dans un célibat consenti. Seul, Celui qui est l’Évangile de Dieu peut nous rendre féconds et nous donner de nous convertir et de croire à la joie de l’Évangile.
Comment ne pas vous laisser cet ultime conseil en conclusion, en vous partageant cet apophtegme, cette sagesse des premiers moines, nous livrant cette belle image de ce moine qui au cœur de son désert avait une source qui se manifestait seulement dans un goutte-à-goutte. Progressivement, la grosse pierre pleine d’arêtes qui recueillait l’eau fut progressivement polie, puis creusée, puis enfin finit par éclater ! C’est l’image de ces quelques versets de l’Écriture qui viennent habiter et toucher chaque jour notre cœur, et qui finissent par le polir, le creuser et finalement à le faire s’ouvrir à la réalité de la Volonté de Dieu sur nous. Invitation à partager personnellement et/ou en famille une Parole par jour, plutôt que de jeter un grand seau d’eau le dimanche !
Croyons à cette actualité de la Parole de Dieu dans notre vie, dans notre histoire d’aujourd’hui ; croyons à son efficacité si nous voulons bien la laisser agir par l’action de l’Esprit-Saint, et enfin, croyons à sa fécondité, nous faisant réaliser ce que Dieu désire de meilleur pour chacun et pour tous.
Que Marie attentive à la Parole dispose notre cœur.