4e DIMANCHE DE CARÊME (B) 2024

10 mars 2024

  • Frère Philippe-Marie VAGANAY Frère Philippe-Marie VAGANAY

INTRODUCTION : PÈRE PHILIPPE-MARIE

Nous sommes heureux d’accueillir ce groupe de Maîtres de Chœur qui vont animer notre liturgie et merci déjà de ravir nos oreilles et notre cœur. Nous accueillons aussi le groupe des danses des lettres d’Israël, et puis quelques personnes venues s’initier à l’enluminure, cet art délicat. Et nous accueillons aussi la famille de frère Etienne pour une messe du souvenir. Soyez les bienvenus.

Nous sommes à la moitié de notre chemin de Carême. Déjà la lumière de Pâques se laisse entrevoir et la joie, justement, déjà brille dans nos cœurs, et ce chant d’entrée exprimait bien cette joie de nos cœurs. Nous avons chanté :

  • « L’heure est venue de grandir dans la foi »

Voilà bien un objectif de notre Carême. Grandir dans la foi pour accéder, par la foi, au salut comme nous le dira Jésus dans l’Evangile. Donc, c’est la joie de la foi.

Hé bien, entrons dans cette célébration, dans cette joie de la foi, sûrs que justement, nous sommes déjà sauvés, sûrs que nous sommes déjà bénéficiaires de la Miséricorde du Seigneur, qui nous est offerte, justement, en chaque Eucharistie.

Alors, frères et sœurs, préparons-nous à célébrer le mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

 

HOMÉLIE : PÈRE PHILIPPE-MARIE

La première lecture que nous avons entendue, est une relecture de l’histoire d’Israël qui est l’histoire de l’infidélité d’Israël, à commencer par celle de ses chefs. En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, imitant toutes les abominations des nations païennes. Sans tarder et sans se lasser, le Seigneur n’a cessé de leur envoyer des messagers, ses prophètes, pour les appeler à la conversion, mais ils ont été tournés en dérision, méprisés, moqués. Les chefs des prêtres et du peuple ont abusé de la miséricorde et de la patience du Seigneur.

Quand il n’y eut plus de remède, avons-nous entendu, ce fut l’écroulement d’Israël d’abord et puis du royaume de Juda. Le temple de Jérusalem fut brûlé, le peuple déporté à Babylone et réduit en esclavage. Soixante dix ans seront nécessaires pour réparer, les péchés et les profanations qui se sont accumulés. Comment ne pas faire le parallèle entre, notre première lecture et l’actualité récente ? Les infidélités des chefs du peuple se sont multipliées.

Le 17 janvier 1975 était votée la loi dépénalisant l’avortement, puis, c’est devenu un droit, et ce 4 mars 2024 a été votée la liberté d’accès à l’avortement pour que cela reste gravé dans le marbre de la Constitution. Les votants se sont levés pour acclamer cette nouvelle, il faut l’appeler par son nom, une nouvelle structure de péché. La tour Eiffel a été illuminée et voici que déjà, Mathilde Pannot et Mélanie Vogel réclament l’abrogation de la double clause de conscience pour, les médecins et le personnel médical.

1975 – 2024, cela fait exactement 49 ans. Si nous regardons dans le Livre du Lévitique, après 49 ans, on entre dans la 50ème année qui était une année jubilaire, une année pour rendre grâce, et une année de repos pour la terre. Hé bien, ici, nous sommes en présence d’un jubilé inversé, le jubilé de la rébellion contre le dessein du Créateur, qui est un dessein de vie. Nous entrons donc dans le jubilé de la culture de mort, dans cette année de repos, mais qui est le repos de la mort.

Comme pour Israël et Juda, le Seigneur n’a pas manqué d’envoyer ses messagers, les papes, les évêques, les professeurs de médecine, les citoyens qui ont manifesté à bien des reprises lors des projets sociétaux, mais ils n’ont pas été pris en compte. L’Eglise est moquée, ringardisée, disqualifiée ; finalement, il n’y eut plus de remède, dit le second Livre des Chroniques. Il fallut ces 70 ans de réparation en exil, de repos compensatoire. Cette nouvelle structure de péché mise en place, qui ne peut être que funeste pour le pays et pour la 5ème république elle-même, demande donc réparation par le sacrifice, la prière et le jeûne, par la conversion personnelle, et le retour à Dieu. C’est bien le chemin du Carême cela ! Cet acte grave, doit être pour nous un appel à la miséricorde et à la conversion des cœurs.

La conversion nécessite de remettre toutes choses dans la lumière de la vérité, appeler bien ce qui est bien, et mal ce qui est mal, et la vérité ultime nous a été révélée par Jésus, et cette vérité la voici : « Dieu nous aime, et Dieu est fidèle ». Et cette vérité nous est exposée dans le signe du serpent dressé dans le désert. Jésus élevé sur la croix dans le désert de nos vies et de nos institutions, nous manifeste silencieusement cette vérité : « Dieu nous aime et Dieu est fidèle ». C’est pour cela que :

  • « Tout homme qui se laisse toucher par cette vérité, tout homme qui croit obtient la vie éternelle », nous a dit Jésus.
  • « Car Dieu est la vie de l’homme », comme l’a bien formulé St Irénée.

Si l’homme, si les institutions humaines rejettent Dieu, et c’est le drame de notre laïcité devenue une religion, cela ne peut produire que de la mort. Nous sommes donc là, au cœur d’un combat entre la vie et la mort. Mais ce que nous n’avons peut-être pas su voir c’est, que ce combat n’est pas d’abord un combat sociétal, c’est avant tout un combat spirituel, invisible aux yeux de chair, qui ne fait pas de bruit dans les médias. Derrière ce combat, concernant l’avortement ou l’euthanasie, se livre un combat pour ou contre Dieu, pour ou contre la vie éternelle, et ce combat ne peut se remporter par des pétitions et des manifestations, mais uniquement par les armes spirituelles, la prière, le jeûne, l’adoration, le chapelet, les sacrifices offerts, unis à la Passion de Jésus.

Sur le chemin de Damas, Saul de Tarse a fait l’expérience de la rencontre avec la vérité de l’amour et de la vie. Sa vie a été totalement transformée. Il a fait l’expérience de la Miséricorde divine, révélée en Jésus ressuscité :

  • « Nous qui étions des morts par suite de nos fautes, dit-il, Il nous a donné la vie avec le Christ ».

Voilà son témoignage, voilà ce qu’il a vécu. St Paul emploie d’ailleurs un mot intraduisible, mais tellement expressif et suggestif en grec, on peut essayer de le traduire en disant ceci : « Il nous a créé la vie, Il nous a façonné la vie avec le Christ ». Dans cette expression, dans ce mot, on voit en filigrane, Dieu qui tire la femme du côté d’Adam, une unité. Hé bien là, justement, c’est une nouvelle création, mais dans le Christ. Nous sommes façonnés avec la vie même du Christ, avec la vie éternelle. Et c’est ce que disait encore St Paul à la fin de cette lecture :

  • « Dieu nous a faits, nous a créés dans le Christ »

Le salut, la vie éternelle, est une nouvelle création sortie des mains du Créateur. Et St Paul d’ajouter par deux fois :

  • « C’est bien par grâce que vous êtes sauvés. C’est gratuit ».

Et il poursuit :

  • « Et par le moyen de la foi »

Oui, le salut est totalement gratuit, mais Dieu ne peut rien faire si notre cœur demeure fermé. C’est la foi, c’est la confiance qui ouvre le cœur, comme elle a ouvert le cœur du bon larron crucifié avec Jésus.

Alors, travaillons frères et sœurs à ouvrir nos cœurs à la foi, à la vie de foi, et supplions le Seigneur de toucher les cœurs, afin que les institutions s’ouvrent à la lumière de la vérité, et que notre pays soit recréé et connaisse une nouvelle naissance. AMEN.