4e DIMANCHE DE PÂQUES 2022 (C)

8 mai 2022

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

INTRODUCTION à la Célébration : Bienvenue aux membres de l’Emmanuel qui nous aident à chanter. Merci à vous et bienvenue aussi aux guides, aux chefs et cheftaines des Scouts de France qui ont campé et qui sont là depuis hier aussi ; Et puis bienvenue aux animateurs et animatrices qui sont là pour nous aider à préparer les sessions d’été. Bien sûr bienvenue à vous. Et à André, (diacre permanent du diocèse qui officie à côté du Père Prieur.)
Aujourd’hui, c’est le dimanche du Bon Pasteur, c’est le 4ème dimanche de Pâques. Le Bon Pasteur, bien sûr, c’est Jésus. La Bonté de Jésus c’est son Cœur, c’est un cœur ouvert. Cette Bonté, elle se manifeste justement dans le don de Lui-même où il veut le meilleur pour chacun, et le meilleur c’est sa Joie, c’est le Don de l’Eucharistie aussi, c’est son Pardon, sa Miséricorde.
Et c’est aussi le jour de prière particulièrement pour les vocations. Demander au Seigneur des pasteurs selon son Cœur, c’est une nécessité, c’est un besoin. Et remercions le Seigneur pour tous les pasteurs qu’Il nous a donnés jusqu’à présent, pour nos pasteurs, ils ont besoin aussi de notre soutien, de notre prière, et remercions le Seigneur de nous appeler chacun à Le suivre, là où nous sommes, avec ce que nous sommes.
Ayons le cœur ouvert pour entendre sa Voix, et au début de cette Eucharistie, nous allons procéder à la bénédiction, avec l’eau bénite, ce rite pascal : « Chers frères et sœurs bien-aimés, demandons au Seigneur de bénir cette eau qu’Il a créée. Nous allons en être aspergés en mémoire de notre Baptême. Que Dieu nous vienne en aide afin que nous demeurions fidèles à l’Esprit que nous avons reçu. »

HOMÉLIE : Chers frères et sœurs, Jésus, le Bon Pasteur. La bonté c’est une qualité du cœur, qui dilate le cœur, qui crée de la confiance, de l’amitié. Le contraire, c’est la dureté, l’inimitié, tout ce qui fait fuir. La dureté, vous savez, c’est un peu comme le cornichon quand on le sort du bocal, il pisse le vinaigre partout où il passe. Il ne faut pas durcir, se durcir. Il ne faut pas pourrir, il faut mûrir. Et Jésus est ce Cœur ouvert qui se donne, et nous avons entendu : « Mes brebis écoutent ma Voix ».
La bonté ouvre le cœur, dispose à l’écoute. « Je les connais et elles me suivent. Je leur donnerai la vie éternelle, elles ne périront jamais, et personne ne pourra les arracher de ma main. Le Père et Moi nous sommes un ». Voilà la Bonté de ce Bon Berger, de ce Bon Pasteur.
Et la Bonté du Cœur de Jésus, comment se manifeste-t-elle ? Eh bien, la (1ère) lecture nous donne un exemple caractéristique en Saint Paul ; j’ajouterais en Moïse, deux personnages assez caractéristiques : l’un sauvé des eaux, Moïse, et l’autre Saul qui deviendra Paul, persécuteur. Il en fera des agneaux et des pasteurs. La bonté convertit, la bonté touche. Ils ont écouté la Voix de Dieu et ils l’ont suivie se révéler à eux.
Souvenez-vous, Moïse avait fui l’Egypte, banni par pharaon, rejeté par les siens. Son cœur était blessé, meurtri, plein de révolte contre ce qu’il percevait comme une injustice. Il était semblable à un buisson d’épines, son cœur, on ne peut pas y mettre la main sans que ça vous déchire. Dans son exil, il est devenu berger, et un jour, en emmenant paître son troupeau près d’une haute montagne, il a été stupéfait. Il a vu un buisson d’épines embrasé par un feu sans se consumer, et du buisson embrasé, il s’entendit appeler Moïse. Celui qui interpelait Moïse se présente dans sa Paternité tel un feu qui descend dans son cœur, et Il lui dit : « Je suis le Père d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Je suis ton Père »
Dieu venait visiter le cœur meurtri de Moïse tel un feu dans un buisson d’épines, et ça l’a transformé, ça l’a purifié. Il veut dire à Moïse : « J’ai vu, j’ai entendu, Je connais ta souffrance et la souffrance de mon peuple, de mes enfants. Je descends, c’est Moi qui fais la démarche. Je te rejoins. Je vais les délivrer » Et le Bon Pasteur se mouille, Il connait ses brebis : « Et Je vais t’envoyer, puisque tu as fait cette expérience de ma Présence comme un feu, je vais t’envoyer comme pasteur pour délivrer ce peuple ».
Et c’est ainsi que Moïse va retrouver son peuple, envoyé par le Seigneur pour Le représenter, pour délivrer son peuple de l’esclavage, afin que ce peuple rencontre le Seigneur. Et le Seigneur fait alliance avec son peuple pour qu’ils Le connaissent comme leur Père.
Et cela nous rappelle aussi cet autre appel celui de Saul, comme nous avons entendu. Saul, lui, il avait le cœur habité par la haine, la haine des chrétiens, la haine du Christ. Et il deviendra Saint Paul. C’est une brebis égarée, comme Moïse perdu dans le désert, mais Saul, lui, est persécuteur de Jésus, des chrétiens et des frères de Jésus : « Saul, Saul, pourquoi Me persécutes-tu ? »
C’est l’appel du Bon Pasteur qui s’identifie à ceux qui sont persécutés, broyés, haïs. C’est l’appel du Bon Pasteur à celui qui se conduisait comme un prédateur. Retourné par cette Bonté de Dieu, ce Feu de Dieu qui va le projeter à terre, converti. Il va recevoir la mission de témoigner de cette Miséricorde du Bon Pasteur auprès des siens, comme Moïse. Il fera l’expérience de la souffrance du Cœur de Dieu. Il sera rejeté par les siens. Le Seigneur lui avait annoncé : « Je ferai de toi la Lumière des nations, -ce Feu, ce Phare-. Et grâce à toi mon Salut parviendra jusqu’aux extrémités de la terre ».
Et c’est ainsi qu’il se tournera vers les païens, c’est-à-dire ceux qui ne connaissent pas Dieu, qui Le recherchent, ceux qui sont égarés comme des brebis, pour être rassemblés sous un seul Pasteur. Et les brebis savent discerner au fond de leur cœur l’appel du Bon Berger. Ce sera l’œuvre de Saint Paul envoyé aux nations païennes pour révéler le vrai Visage du Bon Pasteur.
Dans la 2ème lecture, l’Apocalypse de Saint Jean, Il nous déchire le voile du Ciel, et nous révèle ce que sera la fin des temps, une multitude de peuples, de nations, de langues, rassemblés par le Bon Berger, l’Agneau vainqueur, qui les mènera aux Sources d’Eau Vive. Voilà ce vers quoi nous tendons.
Et comment ne pas penser au Pape François, pasteur de l’Eglise au nom du Christ, le Bon Pasteur. La Croix qu’il porte sur la poitrine est tout un programme, cette Croix qu’il a choisie le jour de son ordination épiscopale. Sur la partie verticale de cette Croix figure le Bon Pasteur qui porte, qui tient sur ses épaules une brebis. Il ne tient pas cette brebis ou cet agneau n’importe comment ; il croise ses bras sur sa poitrine, c’est-à-dire qu’Il presse sur son Cœur cet agneau, et son Cœur est à la jonction de la partie verticale et horizontale de la Croix. Juste au-dessus, il y a une Colombe, présence de l’Esprit Saint. Et sur la partie transversale de la Croix, un immense troupeau de brebis, d’agneaux, à la hauteur des épaules du Bon Pasteur. C’est bien cela le Bon Pasteur. Il conduit vers des bons pâturages. Le bon pâturage passe par son Cœur, et cela nous rappelle une phrase du Pape François un Jeudi Saint à Rome devant des prêtres, des évêques, des archevêques et des cardinaux, il leur disait ceci : « Le pasteur doit être imprégné de l’odeur de ses brebis, et doit dispenser l’Onction aux brebis, l’Onction du Christ ».
Qu’est-ce que c’est que cette odeur, cette Onction. Permettez-moi de l’appeler plutôt parfum qu’odeur. On comprendra mieux. Le parfum nous renvoie au Cantique des Cantiques. Vous savez c’est un texte de l’Ancien Testament. C’est le chant du bien-aimé à la bien-aimée et de la bien-aimée au bien-aimé. C’est très réaliste.
Le parfum, Saint Jean de la Croix y voit trois choses. Premièrement, il décèle ce qu’on retrouve dans les Evangiles où il est question justement du Berger-Roi qui conduit son troupeau d’agneaux, et ce Berger-Roi est un bien-aimé. Ce bien-aimé possède un parfum spécial pour la bien-aimée qui est à la recherche de son bien-aimé. Elle-même possède trois parfums différents. Que sont donc ces parfums ? Ces parfums de la bien-aimée, il y en a un qui est fait pour être répandu sur les pieds du Bon Berger, un autre sur la tête, un 3ème sur le corps :
Le 1er parfum est celui de la Contrition. Vous savez, un jour, au milieu d’un repas chez Simon le Pharisien, une femme arrive, se met aux pieds de Jésus et déverse toutes les larmes de son corps sur les pieds de Jésus. Elle les essuie avec ses cheveux. Touché par ce parfum de la Contrition, le Seigneur va répandre le baume de la Miséricorde sur cette âme et elle sera pardonnée.
Le 2ème parfum est répandu sur la tête de Jésus, le parfum de la Vénération, celui de l’Adoration. Jésus s’était arrêté chez Marthe, Marie et Lazare. Marie va s’asseoir aux pieds de Jésus, et pendant le repas, elle va prendre un parfum d’un nard très pur dans un vase d’albâtre. Elle va briser ce vase, c’est-à-dire, elle brise son cœur, c’est-à-dire qu’elle va de son cœur, ce trop plein de son cœur, qui va s’épancher, répandre le parfum de ce vase sur la tête de Jésus. C’est un parfum de Vénération, d’Adoration. Et Jésus va répondre en répandant le parfum, le baume de la Miséricorde en prenant la défense de cette femme contre les accusations de Judas, en montrant son grand Amour. Elle a beaucoup aimé. Et Jésus va retenir l’accusation de Judas.
Ce sera l’occasion d’un 3ème parfum, celui de la Charité envers le Corps du Christ, car Jésus a dit à Judas : « Oui, des pauvres vous en aurez toujours, vous pourrez leur faire du bien. Celui de la Charité envers le Corps du Christ présent dans les pauvres ».
Lorsque le Corps de Jésus avait été déposé dans le sépulcre, Nicodème avait acheté cinquante livres de parfum, vingt-cinq kilos, pas n’importe quel parfum, mais il n’a pas eu le temps d’embaumer le corps de Jésus à cause du Sabbat, et quand ils sont revenus pour embaumer le corps, les femmes aussi sont revenues avec des aromates en plus, mais le Corps de Jésus n’était plus là. Et Jésus fait comprendre que ce parfum, eh bien, il est destiné à son Corps dorénavant. Le parfum de la Miséricorde devra être répandu sur les membres, et les membres ce sont les pauvres et les petits. La Charité est un parfum. Nous avons à répandre ce parfum de Charité sur les membres du Corps du Christ : « Tout ce que vous ferez au plus petit des miens, c’est à Moi que vous le ferez ou que vous le faites ».
Et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus affirme que le baume, le parfum, c’est l’élévation de l’âme. Une âme qui embaume est une âme qui a la vie en elle-même, et Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait médité ces paroles d’Elisabeth Leseur : « Toute âme qui s’élève élève le monde ».
Dans le Cantique des Cantiques, elle avait été attirée par cette affirmation : « A l’odeur de ton parfum attires-moi et nous courrons ». Il suffit qu’il y en ait un qui attire et les autres suivent. Sainte Thérèse s’est laissé attirer par le Seigneur, par la Grâce de son Parfum, par celui de sa Miséricorde, et elle a offert sa vie comme un parfum de bonne odeur, et le Seigneur lui a donné d’attirer toutes ces âmes à Jésus, et elle est devenue la Patronne des Missions.
Ce qui veut dire que notre propre parfum de Sainteté, la Sainteté c’est être ajusté à la Bonté de Dieu ; que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou non, fait grandir et ramène les âmes à Dieu. Ayons ce parfum de l’Amour dans le cœur et sur le visage, visage de ressuscité, vie de Charité, c’est cela le parfum.
Remercions le Seigneur d’avoir déversé dans nos cœurs le baume de sa Miséricorde jusqu’au jour où le Bon Pasteur essuiera toutes larmes des yeux. Que le Bon Pasteur répande sa Bénédiction sur tous ses enfants pour qu’ils puissent répondre généreusement à la vocation à laquelle ils sont appelés, et parviennent ainsi au bonheur de la Vie Eternelle avec Marie, la Mère de Dieu, la Mère du Bon Pasteur, la Communion des Saints et des Anges. AMEN.