4e DIMANCHE DE PÂQUES (B)

25 avril 2021

  • Frère Jean François	CROIZÉ Frère Jean François CROIZÉ

Introduction : Nous sommes le quatrième dimanche de Pâques, appelé le Dimanche du Bon Pasteur. L’Église nous invite à faire nôtre les sentiments du Bon Pasteur, de Jésus, qui a justement pitié de ses brebis, qui veut sauver son peuple.
Eh bien, entrons dans cette Eucharistie en ayant à cœur justement de prier pour que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson. Prier pour les vocations.

Homélie : Chers Frères et Sœurs, nous sommes dans le Dimanche du Bon Pasteur. Aujourd’hui plus particulièrement nous prions le Bon Pasteur pour qu’il suscite des vocations à son service. Il est venu pour le salut de ses brebis. Il faut être clair, il s’agit bien de prier pour les vocations religieuses et sacerdotales. Pourquoi l’Église nous invite, nous demande, nous presse de prier, de supplier le Seigneur d’envoyer des ouvriers à sa moisson ? Peut-être faut-il comprendre non pas pour moissonner, mais pour semer. C’est le Seigneur, le Maître, qui moissonne, nous sommes des serviteurs appelés par le Seigneur pour être à son service.
L’appel à suivre le Seigneur est une question de survie non seulement pour les chrétiens, mais aussi de grande responsabilité envers ceux qui ne connaissent pas le Seigneur ou qui le connaissent mal. La volonté du Seigneur lui-même est que tous les hommes soient sauvés, et ça nous le savons bien. Le salut est dans l’invocation de son nom, le seul qui puisse sauver. Or le Seigneur veut que son salut passe par la confession de foi, par une annonce explicite qui se donne à voir, à entendre, par un engagement lisible et visible comme la profession de foi de Pierre devant le grand conseil : « Sachez-le, dit-il, c’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, crucifié par vous, ressuscité par Dieu, c’est grâce à lui que cet homme se trouve là, guéri devant vous. » Or ce même Pierre avait tremblé et renié le Christ devant une servante dans la cour des gardes pendant que les Grands Prêtres jugeaient et condamnaient Jésus. Ce même Pierre, après la Pentecôte, fait face aux Grands Prêtres, au Sanhédrin pour confesser le Nom du Seigneur Jésus. Voyez la puissance de l’appel et de la grâce de Dieu en l’apôtre Pierre.
Pourquoi l’appel du Seigneur est-il si important ?
L’appel personnel du Seigneur est permanent pour que des âmes s’engagent dans la vie consacrée, religieuse et sacerdotale. Il nous a été confié beaucoup, il nous sera demandé davantage. Il y a certes ceux qui répondent à l’appel du Seigneur, mais tous nous participons à la mission, nous ne manquons pas de moyens. Il en est un qui a été beaucoup décrié parce que incompris dans sa valeur rédemptrice, c’est l’union au Christ par notre participation à ses souffrances et à sa Passion pour le salut des âmes : réapprendre à offrir nos souffrances, nos joies par amour pour Jésus, pour le salut des hommes. Il faut réentendre l’exhortation de Saint Paul à Timothée : « Ne rougis pas du témoignage à rendre à notre Seigneur, mais souffre avec moi pour l’Évangile, soutenu par la force de Dieu qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel conformément à son dessein et à sa grâce. » (2 Timothée 1, 8-9)
Si vous me permettez une comparaison et une expression forte : face à la situation préoccupante de la mission, j’ose comparer l’appel du Seigneur à prier pour les vocations, à l’appel incessant du Pape devant l’anesthésie de la conscience du monde, face à l’inertie et au désintérêt des dirigeants du monde pour sauver des vies dès la conception jusqu’à la mort naturelle et secourir toute forme de détresse. Lorsque le monde se détourne de Dieu et de son salut, doit-on s’étonner des naufrages humains qui en sont la conséquence. Un monde sans Dieu est-il encore humain ? C’est un monde de mercenaires. La convoitise et le confort du paradis terrestre isole, endort, aveugle, rend sourd et ne supporte pas l’inconfort d’une mauvaise conscience. Bien sûr, nous ne pouvons pas dissocier la crise des vocations de celle de la famille, de la société et du monde, mais enfin, le relèvement doit se faire par le haut, par la partie spirituelle qui donne la colonne vertébrale et le sens à toute vie. Il est donc urgent de s’engager personnellement, en famille, en paroisse, à prier, à offrir, à intercéder pour une vraie conversion spirituelle en utilisant les moyens que le Seigneur nous donne. Sommes-nous fidèles à la prière quotidienne et familiale, à la lecture quotidienne de la Parole de Dieu, au sacrement de réconciliation mensuel, à l’Eucharistie dominicale, à la communion spirituelle quotidienne, au temps du jeûne prescrit et encouragé par l’Église ? En un mot, vivons-nous du Christ, aimons-nous le Seigneur et son Église, sommes-nous chrétiens ?
Le Seigneur bénit la générosité des familles et particulièrement lorsqu’une vocation religieuse et sacerdotale se révèle et s’engage à la suite de Jésus, ce doit-être une fierté et un honneur pour la famille, pour la paroisse, pour l’Église. De même lorsque des jeunes gens s’engagent avec foi et fidélité dans le sacrement de mariage, le Seigneur ne se laisse pas vaincre en générosité, il en est la source, l’aboutissement et la fécondité.
Le Seigneur se définit comme le « Bon Berger », et que dit-il de lui-même ?
« Le Père m’aime parce que je donne ma vie ». Cette révélation de Jésus et de son cœur lève le voile du mystère de la profondeur de la communion du Père et du Fils. La vérité de l’amour est dans la relation et le don de la vie. La déclaration de Jésus est sans ambiguïté, l’amour demande la radicalité de l’engagement, c’est-à-dire jusqu’à la racine du cœur. Jésus est le Bon Pasteur parce qu’il est le plus aimant. Le Fils donne son amour, donc sa vie pour le Père et c’est en raison de cet amour qu’il donne sa vie pour ses brebis. L’amour du prochain trouve sa raison d’être, sa profondeur, son intensité dans l’amour de Dieu. Dieu seul est amour, en Jésus c’est un amour de connaissance et du Père et de ses brebis ! « Je connais mes brebis… comme le Père me connaît, dit-il. » La connaissance telle que Jésus la possède est l’antidote du sentiment d’abandon et de solitude tellement répandu de nos jours. La connaissance de Jésus pour chacun est une présence, une affection, une attention qui pénètre et enveloppe toute l’âme et qui n’a rien à voir avec des mécanismes humains, des sciences humaines, scientifiques. La connaissance que les parents ont de leurs enfants n’a rien à voir avec la connaissance qu’ils ont de leur voiture.
Or Jésus dit connaître l’homme d’une connaissance comparable à celle dont le Père connaît le Fils. Jésus connaît l’homme jusqu’au bout. Jésus fait que nous ne sommes plus seuls, la connaissance de Jésus se résume dans son amour sauveur. Nous sommes les enfants de Dieu. Saint Jean nous dit : Réalisez donc que si vous êtes des enfants de Dieu c’est par grâce, cela vient du grand amour de Dieu et cet amour va jusqu’à nous configurer au Fils de Dieu, nous serons semblables à lui lorsque nous le verrons face à face.
Et je conclus par cette exhortation de Mère Marie de la Croix, notre fondatrice, elle qui a beaucoup prié et offert pour la vie consacrée dans l’union à la Passion du Seigneur :
« Nous devons sans cesse répondre à l’appel du Seigneur. A nous d’entendre son appel et d’écouter sa volonté avec amour pour aider l’Église. Pensons simplement de travailler à la gloire du Seigneur et de sauver le plus d’âmes possible. Prenons les âmes en charge selon notre grâce.
Donnez-vous sans compter. Nous devons continuer à consacrer toutes nos forces qui sont mesurées à notre faiblesse. Le Seigneur veut de nous le don total qui nous assure sa fécondité. C’est l’amour pour le Seigneur qui compte et pour les autres qui sera consacré. Nous devons développer en nous, l’Esprit du Seigneur, l’esprit de l’Évangile pour le porter autour de nous en prenant réellement souci de l’Église, de ses prêtres, pour que l’Esprit-Saint les éclaire d’une merveilleuse splendeur qui nous découvre l’unité profonde en Dieu. »
Eh bien, que la Vierge Marie, Mère de l’Église, éveille en nous la grâce d’aimer sans compter, de nous donner sans calculer, d’offrir sans mesurer et de servir dans la douceur et l’humilité du cœur de Jésus. Demandons au Seigneur, par le Cœur de Marie, des familles et des prêtres selon le Cœur de Dieu. Amen.