4e Dimanche du Temps Ordinaire (B) 2024

28 janvier 2024

  • Frère Marie-Jean BONNET Frère Marie-Jean BONNET

INTRODUCTION : PERE Marie-Jean

Bienvenue aux Scouts d’Europe de Laval, que j’aperçois au premier rang. Bienvenue aussi aux membres du groupe « Amène-toi » de l’Anjou, je crois. Bienvenue à chacun, chacune d’entre vous pour fêter le Seigneur, pour prêter l’oreille de notre cœur à sa Parole.

La première lecture et l’Evangile effectivement nous montrent la puissance de cette Parole de Dieu lorsque nous la laissons pénétrer notre cœur. Hé bien, demandons cette disponibilité pour qu’elle nous éclaire et nous transforme.

Préparons-nous, frères et sœurs, à célébrer ce mystère de l’Eucharistie en reconnaissant que nous avons péché.

HOMELIE : PERE MARIE-JEAN

J’ai oublié de dire aussi tout à l’heure que c’est la journée mondiale pour les personnes atteintes de la lèpre. Prenons-les donc, frères et sœurs, ceux qui souffrent de cette terrible maladie, prenons-les dans notre prière, et la quête tout à l’heure sera faite à leur intention.

Je ferai comme les scribes, j’aimerais bien laisser la place à Jésus, donc je m’appuierai surtout sur l’autorité de personnes que j’ai consultées, et je pense quand même que le Seigneur est présent comme le dit le concile, Il est présent de mille manières dans la liturgie, et Il est présent aussi, en principe, dans le prédicateur, dans la parole du prédicateur, du moins s’il est assez docile à l’Esprit Saint, ce que j’essaie de faire.

La deuxième lecture de ce jour appelle quelques éclaircissements pour être bien comprise. A ne lire que ce passage, on pourrait penser que pour Saint Paul, pour être attaché au Seigneur sans partage, il faut, il suffit de ne pas se marier. Ce serait bien simple, ça se saurait aussi d’ailleurs. Les choses sont plus complexes évidemment. Dimanche dernier Paul rappelait aux Corinthiens que le temps est limité. C’est vrai que pour lui-même comme pour les premières communautés chrétiennes, ils pensaient que la parousie, le retour du Seigneur était proche, d’où son exhortation d’alors à ne pas s’endormir, à ne pas s’installer dans ce monde qui passe, mais à garder au contraire le cœur éveillé et libre de ces biens qui passent, tendu vers ce monde nouveau que le Christ a inauguré et que nous appelons en demandant souvent :

  • « Que ton règne vienne »

Ce qui ne veut pas dire, et c’était l’erreur de certains Corinthiens effectivement, se polariser tellement sur l’attente du retour du Seigneur qu’on en délaisse les tâches temporelles, comme si notre vie actuelle avait peu de valeur, ce qui mène finalement à l’oisiveté, Saint Paul évoque je ne sais plus si c’est dans cette même lettre, ceux qui sont affairés sans rien faire. L’oisiveté est mère de tous les vices et conduit à la débauche souvent, ce que dénonçait Saint Paul effectivement dans les lectures de ces dimanches précédents.

D’autres Corinthiens à l’inverse, s’appuyant sur l’imminence présumée du retour du Seigneur, prêchaient la continence absolue dans le mariage, ou plus radicalement le célibat. Il faut et il suffit de ne pas se marier. Sur ce sujet, Saint Paul marche sur des œufs je dirais, car la question du célibat était très controversée dans le judaïsme. Pendant des siècles, les paroles de la genèse que nous connaissons bien : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul », et « soyez féconds et prolifiques », avaient conduit à considérer que le seul état de vie normal pour le croyant était le mariage.

Après l’exil, ce mépris pour les célibataires avait disparu des textes bibliques. On trouvait même l’éloge du célibat, mais l’opinion populaire est restée longtemps réticente au choix volontaire du célibat. Paul, lui, lutte justement contre ce mépris et n’a d’ailleurs de mépris ni pour les gens mariés, ni pour les célibataires.

Paul ne vise pas dans cette lettre un enseignement théologique, théorique, sur le mariage et le célibat, encore moins une directive contraignante :

  • « Je ne veux pas vous prendre au piège, dit-il, mais vous proposer ce qui est bien. C’est votre intérêt à vous que je cherche ».

Sans doute, Saint Paul avait sous les yeux l’exemple de disciples et collaborateurs célibataires, tout donnés à Dieu et aux autres comme lui, et aussi des couples chrétiens accaparés par les soucis du monde, mangés par ces soucis. Il avait rencontré également des couples mariés pour lesquels la conversion et le Baptême de l’un des conjoints avaient engendré de grandes difficultés conjugales. Devine !

Nous savons bien évidemment que le mariage a vocation aussi à être chemin de croissance dans l’amour de Dieu et du prochain, et Saint Paul le savait lui aussi, lui qui s’est attaché Priscille et Aquila en particulier, et d’autres disciples mariés.

Nous savons bien aussi que le célibat, même consacré hélas, n’est pas la garantie d’une vie qui persévère dans le don de soi à Dieu et aux autres, hélas. Rien n’est joué d’avance quand il s’agit de se donner, pas plus dans le célibat que dans le mariage :

  • « Je vous propose ce qui est bien, déclare Saint Paul, pour que vous soyez attachés au Seigneur sans partage ».

Voilà la chose la plus importante pour lui, le but, être attaché au Seigneur sans partage. Fort de son expérience personnelle aussi, Paul encourage la réelle liberté que donne le célibat consacré, mais il ne perd pas de vue l’essentiel, non le célibat comme tel, mais l’attachement au Seigneur. Le célibat consacré à Dieu garde aujourd’hui comme hier sa mission de signe que, quel que soit notre état de vie, notre cœur est fait d’abord pour Dieu. Tu nous as fait pour Toi Seigneur.

  • « Dieu premier servi », s’écriait Jeanne d’Arc.

Et cela est valable pour tous, « Dieu premier servi », en toute vie qui se veut chrétienne. Et à l’intérieur de cet amour, de ce premier amour, et fondamental amour, on peut vivre magnifiquement tout le reste.

AMEN